vendredi 6 janvier 2023

PS : LE JEUNE AMBITIEUX "NMR" - FILLEUL... D'HIDALGO (!) - TENTE SA CHANCE CONTRE FAURE...

 
Au nom de la rose

Congrès PS : à Paris, Nicolas Mayer-Rossignol défend sa troisième voie

Devant plusieurs centaines de militants parisiens, le chef de file de la «troisième voie» a multiplié les critiques contre le bilan d’Olivier Faure et a appelé à une nouvelle union de la gauche. Selon lui, la Nupes a inféodé le PS à LFI.
par Sacha Nelken
publié aujourd'hui à 7h28
 

En bon Normand qu’il est, Nicolas Mayer-Rossignol dit avoir hésité. Aurait-il dû, ce jeudi soir, défendre son projet pour le Parti socialiste chez lui, en Seine-Maritime ? Ou plutôt devant les militants de l’influente fédération de Paris ? Dans le XXe arrondissement de la capitale, le maire de Rouen se confie aux quelques centaines de roses présents. Un certain «Laurent» (pour Laurent Fabius) lui aurait recommandé de choisir la deuxième solution. Conseil que le premier signataire du texte Refondations a donc suivi. Assis sur des chaises pliantes face à lui, de nombreux encartés PS lâchent un rire sans savoir que l’anecdote n’est qu’une pure fiction. Un bon moyen d’entamer trois longues heures de discussions par une note légère.

Voilà des semaines que Nicolas Mayer-Rossignol, qui rêve de devenir patron du Parti socialiste, est en campagne. Après Colomiers lundi, Montpellier et Carcassonne mardi, et Rennes mercredi, c’est donc à Paris que l’ancien président de la région Haute-Normandie a posé ses valises ce jeudi. Comme ses concurrents Hélène Geoffroy et Olivier Faure [qui sera finalement remplacé par la présidente des Jeunes socialistes Emma Rafowicz pour la soirée] le maire de Rouen était invité à défendre son texte d’orientation pour le prochain congrès du PS prévu les 27, 28 et 29 janvier à Marseille lors de l’assemblée générale de la fédération de la capitale. Pour l’occasion, les roses parisiens ont choisi d’organiser tout ça à la Bellevilloise, un célèbre centre culturel du nord-est de Paris qui mêle bar-restaurant, expositions et concerts en tout genre. Avant le début de la soirée, plusieurs groupes se font avoir et s’approchent de l’entrée pour simplement boire un verre. Avant de rebrousser chemin quand le portier les informe qu’ils s’apprêtent à assister à un évènement politique.

Un PS «en marge» de la gauche

Dans la salle, le débat commence. Tour à tour, les trois candidats ou leurs représentants esquissent en quelques minutes ce qu’ils entendent faire pour le PS dans les prochaines années. Mayer-Rossignol est le dernier à passer. Après avoir attentivement écouté ses concurrents depuis le premier rang, le Normand décide d’entamer son propos par une critique du bilan d’Olivier Faure. «Ces cinq dernières années, on a gagné ou on a perdu des militants ? Nous étions 200 000, nous sommes aujourd’hui 20 000», lance-t-il depuis la scène. Selon lui, le Parti socialiste est aujourd’hui «en marge de la gauche». «Il est même marginalisé», surenchérit-il. De quoi lui inspirer une métaphore footballistique : «Imaginons que le PSG perde 5 matchs d’affilée, on remettrait alors en question le coach, l’équipe ou la stratégie. Et bien là c’est pareil, enlevez-le -G vous avez le PS», s’épanche-t-il.

Face à ce constat «peu brillant», Mayer-Rossignol et les signataires du texte d’orientation «Refondations» proposent un «renouveau pour porter un socialisme du XXIe siècle». Critiques de la Nupes qui a, selon eux, eu comme principal effet d’inféoder le PS à LFI, les défenseurs de «la troisième voie» plaident pour une autre union de la gauche. «Est-ce que l’accord électoral de la Nupes comprend toutes les composantes de la gauche ? Non», affirme l’ancien proche de Fabius pensant certainement au Parti radical de gauche (PRG). Si la gauche veut l’emporter lors de la prochaine présidentielle en 2027, il faudra que le PS soit sa force motrice, estime la bande à Mayer-Rossignol. Surtout chez Refondations, on n’est pas vraiment fans de la France insoumise dont on qualifie la ligne de «sociale-populiste». «L’objectif c’est d’ensemble remettre le PS au cœur de la gauche et la gauche au cœur de la France», résume le Rouennais sous les applaudissements nourris de la salle et d’Anne Hidalgo venue en soutien du Normand. A Paris, «NMR» est en terrain conquis. De nombreux élus de la capitale soutiennent le texte qu’il porte.

Binôme homme-femme à la tête du parti

A la Bellevilloise, l’heure tourne. Au tour des militants de prendre la parole, soit pour apostropher un candidat soit pour développer une idée sur un point précis. L’élue du XXe Lamia El Aaraje, très investie dans la campagne de Refondations choisit d’utiliser ses deux minutes pour marteler le leitmotiv de son camp. «L’enjeu des prochaines années, c’est d’aboutir à une union de la gauche gagnante. Et Pour cela, il faut qu’elle soit claire, lisible et crédible et donc qu’elle change», scande-t-elle. En cas de victoire de la troisième voie, l’adjointe d’Anne Hidalgo au handicap pourrait devenir co-Première secrétaire du PS. Dans son texte, Mayer-Rossignol propose la mise en place d’un binôme homme-femme à la tête du parti.

Problème, du point de vue de ses concurrents, le Rouennais ne semble pas être le mieux armé pour remporter le scrutin interne dont le premier tour est prévu le 12 janvier et le second le 17. Chez l’anti-Nupes Hélène Geoffroy, on voit plutôt le Normand comme un potentiel allié pour vaincre Olivier Faure. La preuve avec la question d’une militante : «Si tu arrives en troisième position est-ce que tu viens avec nous», lui demande-t-elle. Sur scène Nicolas Mayer-Rossignol ironise sur «la pression amicale» de ses adversaires et se lance dans une pirouette. «Quand je serai Premier secrétaire je travaillerai avec tout le monde», promet-il en conclusion de sa prise de parole. Une fois encore, le public est particulièrement réceptif et l’applaudit chaleureusement. Mais rien n’est joué pour autant. Comme le dit un célèbre adage : «Paris n’est pas la France».

 

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