SONDAGE EXCLUSIF - Retraites : coup de froid sur la cote de confiance d'Elisabeth Borne et Emmanuel Macron
Le président de la République et surtout la Première ministre voient leur cote de confiance baisser en février dans le baromètre Elabe pour « Les Echos ». Ils paient leur incapacité à convaincre l'opinion du bien-fondé de la réforme des retraites.
Par Grégoire Poussielgue / Les Echos
Coup de froid pour Emmanuel Macron et Elisabeth Borne dans l'opinion, et la réforme des retraites n'y est pas pour rien. Dans le baromètre mensuel Elabe pour « Les Echos » et Radio Classique, la cote de confiance des deux têtes de l'exécutif s'inscrit en repli en février.
La baisse est spectaculaire pour Elisabeth Borne, qui perd 4 points, avec 23 % de personnes interrogées qui déclarent lui « faire confiance pour affronter efficacement les problèmes qui se posent au pays ». La Première ministre perd 6 points en deux mois et atteint son plus bas niveau depuis sa nomination à Matignon en mai 2022. « La cote de confiance d'Elisabeth Borne atteint une cote d'alerte. Elle cristallise le mécontentement contre la réforme des retraites », analyse Bernard Sananès, le président d'Elabe.
Borne perd partout
Elisabeth Borne perd du terrain chez les femmes, les retraités ou encore au sein des catégories populaires. Elle paie l'incapacité du gouvernement à convaincre une majorité de Français sur cette réforme emblématique. La Première ministre reste la personnalité la plus identifiée à la réforme des retraites : le ministre du Travail, Olivier Dussopt, reste méconnu des Français puisque 58 % se déclarent « sans opinion » sur lui. Pour l'opinion, la réforme des retraites est une « réforme Borne ». Cela met la Première ministre en première ligne.
Lire aussi :
SONDAGE EXCLUSIF - Le soutien des Français au mouvement contre les retraites reste élevé
Plus inquiétant pour elle, deux Français sur trois (66 %) déclarent « ne pas lui faire confiance », soit une hausse de 7 points en un mois. Parmi ceux-ci, 40 % estiment « ne pas lui faire confiance du tout » (+9 points).
Elle pâtit aussi de son style, qualifié d'intransigeant et de l'incapacité de son gouvernement à trouver un compromis avec les syndicats sur un texte aussi important. « Elisabeth Borne est vue comme une personnalité de gauche menant une politique de droite », constate Bernard Sananès. La dizaine de 49.3 utilisés pour faire passer le budget 2023 et celui de la Sécurité sociale ont aussi laissé des traces dans l'opinion.
Restant plus en surplomb sur le dossier chaud des retraites, Emmanuel Macron perd moins de terrain qu'elle dans l'opinion. Sa cote de confiance recule de 2 points ce mois-ci, à 30 %, Le repli atteint 5 points en deux mois . La cote de confiance du président de la République atteint son plus bas niveau depuis mars 2020, juste avant le déclenchement de la crise sanitaire qui lui avait permis d'afficher une progression spectaculaire (+10 points en un mois).
En février, la cote de confiance d'Emmanuel Macron remonte au sein de l'électorat de Jean-Luc Mélenchon (+4 points, mais à un niveau très bas de 21 %), mais diminue à droite (-13 points chez l'électorat de Valérie Pécresse au premier tour de la présidentielle de 2022) et chez les Français les plus âgés.
Décrochage des retraités
Pour Emmanuel Macron et sa Première ministre, le point le plus inquiétant est en effet le décrochage des retraités, soutien traditionnel du gouvernement. Au sein de cette population, la cote de confiance du premier perd 9 points à 30 %, celle de la seconde 7 points à 35 %. « S'ils ne sont pas directement concernés par la réforme des retraites, les retraités font preuve d'une solidarité intergénérationnelle. Ils estiment aussi que ce n'est pas le moment pour une telle réforme et restent préoccupés par le niveau de l'inflation et leur pouvoir d'achat », explique Bernard Sananès.
Pour l'exécutif, presque un mois après la présentation de son projet, la première bataille de l'opinion est perdue. La deuxième journée de mobilisation n'a pas donné de signe d'essoufflement et la réforme est jugée de moins en moins nécessaire par les Français.
Lire aussi :
ANALYSE - Retraites des femmes : l'angle mort de la réforme
DOSSIER - Retraites : la bataille au Parlement
DOSSIER - Retraites : le bras de fer des syndicats avec le gouvernement
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire