Réforme des retraites : une semaine cruciale au Parlement et dans la rue, à quoi faut-il s’attendre ?
Le ministre du Travail déstabilisé
Élisabeth Borne a par ailleurs assuré de sa « confiance » le ministre du Travail Olivier Dussopt, en première ligne sur la réforme, alors qu’il est fragilisé par des soupçons de « favoritisme » dans l’attribution d’un marché public lorsqu’il était maire d’Annonay.
« Amplifier la mobilisation » malgré les vacances
Du côté des syndicats, la détermination ne faiblit pas, malgré les annonces du gouvernement dimanche. L’extension du dispositif carrières longues est qualifiée de « rustine » par Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, le premier syndicat français. « Clairement, ce n’est pas la réponse à la mobilisation massive, diverse géographiquement et professionnellement, qui s’est opérée » les 19 et 31 janvier, a-t-il dit sur France Inter.
Après deux journées de grève et de manifestations, les 19 et 31 janvier, dont la dernière a dépassé le record de participation de 2010, l’intersyndicale a annoncé deux nouvelles journées d’action à un rythme plus rapproché, les mardi 7 et samedi 11 février. « Il faut venir massivement », a dit Laurent Berger dimanche.
Les syndicats restent toutefois prudents sur leurs chances d’égaler la mobilisation de mardi (1,27 million de manifestants selon la police, plus de 2,5 millions selon les organisateurs) : les vacances scolaires ont commencé samedi pour la zone A et les opposants à la réforme pourraient choisir l’une ou l’autre des deux dates.
De source sécuritaire, les autorités s’attendent mardi à une mobilisation oscillant entre 900 000 et 1,1 million de personnes dont 70 000 maximum à Paris, où le cortège défilera de la place de l’Opéra à celle de la Bastille. Une intersyndicale se tiendra à la bourse du travail à Paris dans la soirée.
Les grèves devraient une nouvelle fois concerner particulièrement les secteurs de l’énergie, des raffineries et des transports ferroviaires, qui ont prévu de cesser le travail les 7 et 8 février.
Le 49.3 pas « envisagé »
Mais l’heure n’est pas encore au blocage de l’économie, une stratégie décriée par les syndicats réformistes, qui entendent conserver l’opinion de leur côté en organisant des manifestations massives et « conviviales, respectueuses », pour mieux peser sur le débat parlementaire.
Laurent Berger a également indiqué avoir « des échanges très constructifs avec des députés de la majorité ». « Bien sûr, ce sera à eux de se décider. Il faut qu’ils regardent dans toutes les villes et circonscriptions où ils sont élus. Quand par exemple vous êtes député de l’Ain et qu’il y a 10 000 manifestants à Bourg-en-Bresse, cela doit-il vous laisser totalement indifférent ? », a-t-il questionné.
De son côté, Élisabeth Borne « n’envisage pas » l’hypothèse de dégainer comme à l’automne le 49.3. Gouvernement et majorité en sortiraient « politiquement affaiblis », admet la députée Stéphanie Rist (Renaissance), rapporteure du projet de loi.
20 000 amendements
La bataille qui s’engage lundi après-midi dans l’hémicycle du Palais Bourbon promet en tout cas d’être une course d’obstacles pour le gouvernement. Les députés LFI défendront d’emblée une demande de rejet de l’ensemble de la réforme qui inquiète le camp présidentiel. Puis le groupe RN portera sa demande de référendum sur la réforme, qui a peu de chances d’être votée par l’Assemblée.
Les députés s’attelleront ensuite aux quelque 20 000 amendements déposés sur le projet de loi, dont 13 000 par LFI. Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a critiqué dimanche « l’obstruction bête et méchante » de la Nupes. Si l’Assemblée ne vient pas à bout des amendements d’ici le 17 février minuit, le texte pourra tout de même passer au Sénat, du fait du choix de l’exécutif de recourir à un budget rectificatif de la Sécu.
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