mercredi 8 février 2023

LA CHRONIQUE DES GRANDS FAUVES QUI FINISSENT PAR SE BOUFFER ENTRE EUX...



Transport maritime : « Saadé et Bolloré sont dans un bateau… »

Le patron de l’armateur CMA CGM poursuit sa quête de croissance et vise l’activité transport et logistique de l’empire Bolloré. Une acquisition à même de faire du géant marseillais un acteur dominant des solutions maritimes, observe dans sa chronique Jean-Michel Bezat, journaliste économique au « Monde ».

Publié aujourdhui à 12.24

Entre grandes familles du capitalisme français présentes dans le même secteur, on s’évite ou on se parle. Rodolphe Saadé, PDG de l’armateur CMA CGM, et Cyrille Bolloré, patron du groupe du même nom, se parlent. Le premier n’a pas caché au second l’intérêt qu’il porte à son activité transport et logistique (BTL), pilier historique de l’empire Bolloré, selon une information de Bloomberg confirmée au Monde. Après deux années 2021-2022 mirifiques, où il a dégagé plus de 40 milliards d’euros de bénéfices, le troisième armateur mondial affiche toujours un appétit insatiable.

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Présent dans une centaine de pays et sur des produits porteurs (luxe, parfums et cosmétiques, médicaments, alimentation, énergie, aéronautique…), BTL renforcerait l’ancrage mondial du géant marseillais. Ce dernier ne cesse de tisser sa toile : achat de terminaux dans les ports de Los Angeles, New York-New Jersey et Beyrouth ; investissements dans la logistique avec l’américain Ingram Micro, Gefco (absorbé par Ceva Logistics) et Colis privé ; entrée au capital d’Air France-KLM (9 %) pour renforcer sa propre flotte d’avions-cargos, et de l’opérateur de satellites Eutelsat (10 %) pour améliorer le routage des porte-conteneurs.

« Rassurer les inquiets »

Reste à convaincre le groupe Bolloré, qui n’aurait plus d’assise forte que dans les médias et les télécoms, notamment à travers Vivendi, dont il détient 29,7 % et qui finira par tomber dans son escarcelle. Cyrille Bolloré n’est apparemment pas vendeur, malgré la cession de sa branche africaine à l’armateur italo-suisse MSC pour 5,7 milliards d’euros. A l’occasion de ses vœux de fin d’année, Cyrille Bolloré a écrit aux salariés pour se féliciter de cette opération et tenter de « rassurer les inquiets ». « La logistique demeure un secteur d’activité-clé dans la composition du groupe Bolloré, leur assure-t-il. Nous allons continuer à nous développer et faire des acquisitions significatives dans les prochains mois. »

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Une acquisition de BTL confirmerait en tout cas la stratégie de Rodolphe Saadé : renforcer CMA CGM, sauvé de la faillite par les banques et l’Etat en 2009, mais à la peine jusqu’en 2019. Il lui faut pour cela être un acteur dominant sur toute la chaîne logistique et diversifier ses activités. « Quelqu’un m’a demandé : au bout de la cinquantième acquisition, tu vas faire quoi ? Eh bien, j’ai répondu : la cinquante et unième ! », confiait-il récemment au magazine Le Point, mi-ironique mi-fanfaron. L’armateur n’est pas près de mettre fin à sa politique de croissance externe, avec ou sans les actifs de Bolloré. (suite dans Le Monde)

 

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