samedi 11 février 2023

JEUNES : ... ET PENDANT CE TEMPS, LA MAJORITE MACRONISTE DE L'ASSEMBLEE VIENT DE REFUSER LE TICKET-REPAS A 1€ AUX ETUDIANTS...

Un jeune sur quatre vit sous le seuil de pauvreté

Une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Dress) publiée ce vendredi indique que 26 % des jeunes de 18-24 ans vivent sous le seuil de pauvreté. En mobilisant plusieurs outils de mesure, l’organisme démontre que le taux de pauvreté monétaire grimpe à 40 % pour ceux qui sont étudiants et habitent seuls. Un phénomène jugé « très largement structurel ».

Faïza Zerouala / Médiapart

10 février 2023 à 19h12 

 

26 % des 18-24 ans vivent sous le seuil de pauvreté. « Et il est probable que ce résultat soit très largement structurel », considère l’organisme statistique du ministère de l’économie, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Dress) qui publie ce vendredi une enquête consacrée à la pauvreté des jeunes.

Intitulée « Mesurer le niveau de vie et la pauvreté des jeunes adultes de 18 à 24 ans – Une population particulièrement confrontée à la vulnérabilité économique », cette étude tombe à pic, surtout lorsque des député·es débattent, avec une pertinence variable, de la précarité des étudiant·es comme ils l’ont fait lors de la proposition de loi des député·es socialistes (rejetée) proposant l’accès à des repas à 1 euro pour tous les étudiants, peu importe leur statut.

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Lors d’une épicerie gratuite solidaire de l’université Rennes 2 en février 2022. © Photo Martin Bertrand / Hans Lucas via AFP

Dans cette enquête, on apprend par exemple que ceux qui disposent d’un logement autonome (43 %) sont plus fragiles économiquement et, parmi eux, les sans-emploi sont les plus vulnérables, encore plus s’ils sont étudiants, « du fait de la faiblesse de leurs ressources propres et de leur dépendance aux aides familiales, s’ils n’ont pas d’emploi (au moment de l’enquête), compte tenu d’un faible accès aux aides sociales et à des revenus d’activité inconstants durant l’année ».

Calculer la précarité des jeunes reste un défi, indique la Drees qui a voulu produire une radiographie, plus fine et plus sensible. Pour ce faire, elle a compilé et interprété les données issues de l’« enquête nationale sur les ressources des jeunes » (ENRJ) réalisée en 2014.

Si les chiffres sont anciens, la Drees propose une nouvelle mesure du niveau de pauvreté des jeunes adultes en embrassant trois dimensions : monétaire, en conditions de vie et subjective. Cela permet de ne pas sous-estimer le nombre de jeunes adultes pauvres et de prendre en compte « l’hétérogénéité » de leurs ressources.

Cette enquête interroge des jeunes de 18 à 24 ans qui vivent en logement ordinaire et en logement collectif, en France métropolitaine et dans les départements et régions d’outre-mer (DROM), afin de décrire le plus finement possible la diversité des ressources financières et matérielles dont ils disposent.

Dans le détail, on apprend encore que les étudiants « décohabitants », c’est-à-dire qui ne vivent plus chez leurs parents et ne peuvent plus à ce titre bénéficier de la mutualisation des dépenses, sont davantage exposés à la pauvreté monétaire. 

Par exemple, le taux de pauvreté monétaire grimpe à 40 % pour ceux qui sont étudiants et à 55 % pour ceux qui sont sortis d’études et sans emploi au moment de l’enquête. « Les risques d’exposition à la pauvreté monétaire des décohabitants s’amplifient pour les jeunes qui ne vivent pas en couple ou qui sont issus d’un milieu social modeste », écrit encore la Drees. En effet, vivre en couple permet de partager certaines dépenses et d’en alléger le poids dans le budget.

Parmi les jeunes résidant toute l’année chez leurs parents (souvent faute de pouvoir assumer un loyer), ceux sans emploi et sortis d’études ont des taux de pauvreté bien plus élevés que les autres, d’environ 31 %. Ils sont davantage fragiles lorsqu’ils sont issus d’une famille de milieu modeste, nombreuse ou monoparentale.

La précarité étudiante s’enracine et le gouvernement répond à côté

Certains jeunes adultes sont peu visibles dans les enquêtes habituelles, précise la Drees dans son étude. « Ainsi, le taux de pauvreté monétaire des jeunes (étudiants ou non) en logement collectif est de 56 %, tandis que le taux de pauvreté monétaire des jeunes en ménage ordinaire est d’environ 23 % en France métropolitaine. »

Par ailleurs, quatre jeunes sur dix se trouvent dans au moins une situation de pauvreté monétaire et/ou de pauvreté en conditions de vie. Un jeune sur dix cumule les deux formes de pauvreté. Alors que les étudiants sont nettement plus souvent en situation de pauvreté monétaire que les jeunes en emploi, ils sont quasiment autant confrontés à des privations matérielles ou sociales : 24 % des étudiants sont pauvres en conditions de vie contre 21 % des jeunes en emploi.

Le milieu social est déterminant mais pas le genre

La Drees souligne également que croiser les trois dimensions de la pauvreté permet de mettre en lumière « les vulnérabilités particulièrement importantes des jeunes sortis d’études et sans emploi », surtout chez les décohabitants.

Pour eux, les données en pauvreté monétaire et en conditions de vie se rejoignent, là où leur perception subjective se révèle plus positive, sans doute parce qu’ils considèrent leur sort comme transitoire. « Ce qui n’empêche que ces situations puissent être à risque : certains imprévus, notamment familiaux, peuvent occasionner des tournants biographiques dans la trajectoire de ces jeunes », avertit la Drees.

L’autre enseignement intéressant de cette étude concerne la dimension genrée de la pauvreté. Être une femme, pour les jeunes de 18 à 24 ans, n’entraîne pas de risques supérieurs d’être sous le seuil de pauvreté que les hommes du même âge. « L’entrée dans la vie adulte constitue une période d’instabilité économique qui touche les femmes comme les hommes : les écarts de niveau de vie selon le sexe sont encore faibles, une fois contrôlées les trajectoires éducatives, les situations professionnelle et résidentielle. »

En revanche, à situation professionnelle et autres caractéristiques données, le milieu social d’origine des jeunes joue également un rôle déterminant. Les enfants de père cadre bénéficient du niveau de vie de leurs parents et l’aide afférente. Les jeunes dont le père est ouvrier ou employé, ou les jeunes qui n’ont pas connu leur père (ou si celui-ci n’a jamais travaillé) risquent davantage de se situer sous le seuil de pauvreté. Idem pour le lieu de naissance.

Les jeunes qui ne sont pas nés en France (7 % sont dans ce cas) se retrouvent confrontés à des difficultés financières plus importantes que les natifs de France, notamment car ils sont moins éligibles aux aides sociales.

Autre originalité, l’étude s’attache à repérer les privations matérielles ou sociales des individus comme l’impossibilité pour eux d’acquérir ou de consommer certains biens, d’atteindre un certain niveau de confort ou enfin d’honorer certaines dépenses obligatoires. Lorsque le nombre de difficultés dépasse un certain seuil, la personne est considérée comme pauvre en conditions de vie. En France métropolitaine, en 2014, le taux de pauvreté en conditions de vie des jeunes adultes est de 26 %.  

Un jeune sur dix cumule les deux formes de pauvreté, monétaire et en conditions de vie

Au sein des jeunes décohabitants, les étudiants sont légèrement plus nombreux à être pauvres en conditions de vie (32 %) que ceux en emploi (28 %). De nouveau, ce sont les jeunes au chômage ou inactifs qui rencontrent le plus de difficultés (56 %).

Le taux de pauvreté en conditions de vie chez ceux qui vivent encore chez leurs parents culmine également pour les jeunes au chômage ou inactifs (33 %). Il est deux fois plus faible pour ceux qui poursuivent des études (17 %) ou qui sont en emploi (15 %).

Un jeune sur dix cumule les deux formes de pauvreté, monétaire et en conditions de vie.

La troisième approche de la pauvreté ici étudiée est l’approche dite subjective. Dans l’enquête, les jeunes adultes sont interrogés sur la perception qu’ils ont de leur situation financière.

Résultat, en 2014, en France métropolitaine, 22 % des jeunes adultes considèrent que, financièrement, ils y arrivent difficilement ou qu’ils ne peuvent pas y arriver sans contracter de dettes. Les plus fragiles étant les jeunes pauvres, au sens monétaire, au chômage, et les chômeurs ou inactifs pauvres en conditions de vie, conclut l’étude.

Faïza Zerouala

 

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