jeudi 5 janvier 2023

N'EN FONT-ILS PAS TROP, CES GENERALISTES LIBERAUX ?




Des médecins généralistes manifestent pour dénoncer « l’abandon de la médecine de ville par l’Etat »

En pleine grève, les praticiens libéraux sont également appelés par le collectif Médecins pour demain à manifester jeudi à Paris pour obtenir une revalorisation de la consultation.

Le Monde avec AFP

Publié aujourd’hui à 15h14, mis à jour à 18h50

 

Les médecins libéraux sont appelés à descendre dans la rue jeudi 5 janvier à Paris pour obtenir une revalorisation de la consultation, le gouvernement s’y disant prêt si elle est « raisonnable » et si « les besoins de santé des Français sont remplis ».

Le collectif Médecins pour demain, soutenu par plusieurs syndicats – Fédération des médecins de France, Union française pour une médecine libre, Syndicat des médecins libéraux, Jeunes médecins –, attendait plusieurs milliers de manifestants dans son cortège, qui devait partir du Panthéon vers 13 h 30 pour rallier le ministère de la santé, où une délégation doit être reçue.

Outre les médecins généralistes, qui devraient constituer l’essentiel des participants, les organisateurs espèrent que les rangs seront renforcés par des patients. « Ce sont eux qui sont concernés par l’abandon de la médecine de ville par l’État et qui en seront les victimes », souligne la fondatrice de Médecins pour demain, Christelle Audigier.

Cette mobilisation tombe à pic, à la veille des « vœux aux acteurs de la santé » que doit présenter le président Emmanuel Macron, vendredi dans l’Essonne, pour formuler les grands axes de « refondation » d’un système de soins à bout de souffle, à l’hôpital comme en ville.

Depuis dix ans, une érosion constante des généralistes libéraux


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Après une première grève retentissante début décembre, Médecins pour demain a appelé à la fermeture des cabinets médicaux après Noël, mouvement reconduit jusqu’au 8 janvier. Ce collectif affirme que 70 % des généralistes étaient en grève la semaine dernière, l’Assurance-maladie estimant de son côté la baisse d’activité à seulement 10 %. Le mouvement a été vertement critiqué par la première ministre Elisabeth Borne, qui l’a jugé « vraiment pas responsable » car il a accru « les tensions [à] l’hôpital » en période d’épidémies hivernales. La revendication centrale du collectif demeure le doublement du tarif de base de consultation (de 25 à 50 euros) pour créer un « choc d’attractivité » vers une médecine de ville en manque de bras, écrasée par les tâches administratives et qui ne séduit plus les jeunes.

« Soyons raisonnables », a répondu jeudi matin François Braun. Mais s’il a fermé la porte aux 50 euros, le ministre de la santé a redit que la consultation serait bien revalorisée dans le cadre de la négociation en cours de la convention liant les médecins libéraux à l’Assurance-maladie pour les cinq années à venir. « Je suis prêt à augmenter cette consultation dès lors que les besoins de santé des Français sont remplis », a-t-il souligné, reprenant un principe de « droits et devoirs » devenu son mantra. « On augmente la consultation, mais je veux que les 650 000 Français qui sont en maladie chronique aient un médecin traitant, parce qu’ils n’en ont pas actuellement, je veux qu’on puisse avoir un médecin la nuit, le week-end… », a-t-il développé.

« Extravagant »

Un montant de « 50 euros serait relativement extravagant », a abondé le directeur de l’Assurance-maladie, Thomas Fatôme, en notant que plusieurs des principaux syndicats de médecins, comme MG France, la Confédération des syndicats médicaux français et Avenir Spé, ne portaient pas cette revendication.

C’est aussi le cas des jeunes médecins généralistes du Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants (ReAGJIR). S’il « partage le ras-le-bol de la profession face au cruel manque de moyens (…) et à la dégradation de la situation », ce syndicat estime que le doublement du prix de la consultation ne serait « pas judicieux » au moment « où nombre de Français connaissent déjà de grandes difficultés financières et d’accès aux soins ».

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Les organisations de médecins font en revanche front commun contre les propositions de loi qui se multiplient pour restreindre la liberté d’installation des praticiens afin de repeupler les déserts médicaux. Le gouvernement défend plutôt un partage des tâches avec les autres soignants, notamment les infirmiers, dont certains pourraient être autorisés à prescrire. Une proposition de loi en ce sens, portée par la députée Renaissance Stéphanie Rist, arrive à l’Assemblée la semaine prochaine. Les syndicats de généralistes sont d’ores et déjà vent debout contre ce texte, à l’image du premier d’entre eux, MG France : « Si ce texte passait, le mouvement de colère s’accentuerait. »

Le Monde avec AFP

 

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