mercredi 4 janvier 2023

FACE A L'ENTÊTEMENT DU POUVOIR, LA RENTREE SOCIALE RISQUE DE FRANCHIR LE CAP DES TEMPÊTES, DU "POTENTIELLEMENT" EXPLOSIF...

L'édito
Retraites et assurance-chômage : les faux reculs du gouvernement



Par Cécile Hautefeuille /   Médiapart

En 2023, double rabais sur les droits ! Si l’exécutif, en cette rentrée, feint la souplesse et l’écoute, il ne parviendra pas longtemps à camoufler le réel. Dans les prochains mois, et en pleine crise inflationniste, deux réformes réduiront bel et bien les droits des salarié·es et des chômeuses et chômeurs.

La première, sur l’assurance-chômage, est déjà bouclée. Dès le 1er février, les personnes qui s’inscriront à Pôle emploi se verront retirer 25 % de leur capital de droits, au motif que le taux de chômage est à moins de 9 %. La seconde, la réforme des retraites, pourrait s’appliquer « dès la fin de l’été », comme l’a répété le président lors de ses vœux aux Français·es, confirmant sa volonté de les voir « travailler davantage ».

Quelques heures avant d’ultimes concertations avec les partenaires sociaux sur ce dossier bouillant, la première ministre a assuré que le report de l’âge légal de départ, de 62 à 65 ans, n’était « pas un totem ». « Nous n'irons pas au-delà des 43 années de cotisations pour avoir une retraite à taux plein », a également annoncé Élisabeth Borne, sur France Info. Une tentative de se montrer conciliante face à la bronca, y compris dans les rangs de la très réformiste CFDT, prête à appeler ses troupes à descendre dans la rue dès ce mois de janvier contre la réforme.

Concernant l’assurance-chômage, la cheffe du gouvernement a habilement manœuvré, en annonçant le retrait du point le plus contesté du décret : la réduction de 40 % des droits en cas de taux de chômage inférieur à 6 %. Cette mesure avait été introduite, à la surprise générale, dans un texte transmis aux partenaires sociaux la veille du réveillon de Noël. Une tactique bien ficelée, visant à indigner syndicats et opposition, tant sur le fond que sur la forme.

En mettant fin à la séquence, Élisabeth Borne gagne sur tous les tableaux. Elle joue les indulgentes et fait passer la pilule que les chômeuses et chômeurs vont devoir avaler dans moins d’un mois. Les opposant·es à la baisse de 40 % crient victoire et tout le monde oublie, du moins pour l’instant, que les droits seront réduits d’un quart le 1er février.

En feignant de reculer, le gouvernement a en réalité avancé ses pions. Car l’idée de réduire, encore plus, la durée d’indemnisation a désormais bien infusé dans l’opinion publique. La mesure reviendra d’ailleurs lors de la prochaine concertation (ou ce qu’il en reste) des règles de l’assurance-chômage.

En ce début d’année 2023, et à l’heure d’une rentrée sociale annoncée comme potentiellement explosive, l’exécutif soigne ses promesses d’avenir radieux et son image diplomate. Mais évite soigneusement les sujets qui fâchent, comme les salaires et les mouvements sociaux qui jaillissent dans nombre de secteurs, pour réclamer de meilleures conditions salariales et de travail.

 

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