Lors d’une manifestation pour la Journée internationale des droits des femmes, à Paris, le 8 mars 2021.

Trente-trois pour cent des femmes françaises affirment avoir eu un rapport sexuel alors qu’elles n’en ressentaient pas l’envie, évoquant l’insistance de leur partenaire. Et plus d’un tiers d’entre elles (37 %) témoignent avoir déjà vécu une situation de non-consentement au plan sexuel. En face, seuls 12 % des hommes reconnaissent avoir insisté pour une relation sexuelle alors qu’ils savaient que leur partenaire n’en avait pas envie. Ce sont quelques-uns des chiffres marquants du deuxième baromètre annuel sur le sexisme rendu public, lundi 23 janvier, par le Haut Conseil à l’égalité (HCE) entre les femmes et les hommes.

L’organisation consultative indépendante, chargée d’orienter la politique du gouvernement en matière d’égalité, s’appuie à la fois sur ce sondage représentatif (réalisé en ligne auprès de 2 500 personnes par l’institut Viavoice) et sur son expertise pour présenter son cinquième état des lieux du sexisme en France. L’objectif est double : comprendre la perception et la réaction de notre société face aux inégalités de genre, et documenter le vécu « terrible » des femmes.

« Comportements de sexisme très ancrés »

De nombreux cas de figure, allant du sexisme ordinaire aux violences sexuelles, sont passés en revue. Au-delà du non-consentement, nouveauté de cette édition, les réponses portant sur les violences sexuelles s’inscrivent dans la lignée d’enquêtes précédentes, et confirment leur ampleur : 14 % des femmes disent avoir subi un « acte sexuel imposé », viol ou agression sexuelle, un pourcentage qui grimpe à 22 % chez celles âgées de 18 à 24 ans.

Comme il le faisait déjà l’an dernier, le HCE pointe une ambivalence. « Ce baromètre montre à la fois une opinion globalement acquise à l’égalité des droits, sensibilisée à la lutte contre le sexisme et les violences envers les femmes, et dans le même temps il révèle des comportements de sexisme très ancrés, en particulier chez les jeunes hommes », analyse Sylvie Pierre-Brossolette, sa présidente.

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L’écart de perception selon le genre des répondants est récurrent tout au long du baromètre. Il s’exprime de façon presque caricaturale sur certaines questions ; quand 77 % des femmes estiment sexiste qu’un homme commente la tenue vestimentaire d’une femme, le taux de réponses positives chute de 20 points dans la gent masculine. Autre exemple : est-ce problématique qu’une femme cuisine tous les jours pour sa famille ? Oui, répondent 49 % des femmes et… 37 % des hommes.

Selon Maïder Beffa, directrice associée de l’institut Viavoice, « les réponses révèlent une forme d’indifférence masculine par rapport à des situations de sexisme ordinaire ainsi qu’une difficulté pour les hommes d’accepter une responsabilité collective ».

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