lundi 12 décembre 2022

OU IL APPARAÎT QU'A EELV TOUT COMME A LFI, LES PROBLEMES D'ORGANISATION INTERNE DOIVENT ÊTRE D'ABORD FINALISES, AVANT DE REPARTIR SUR LES SUJETS EXTERNES, COMMUNS A TOUTE LA NUPES

Marine Tondelier, à la tête d’EELV pour trouver un cap

Marine Tondelier a succédé à Julien Bayou à la tête d’EELV avec 90,8 % des votes des adhérents. La nouvelle patronne des Verts souhaite apaiser son parti, et rééquilibrer son rapport de force au sein de la Nupes.

Les Verts ont un nouveau visage. À 36 ans, Marine Tondelier a succédé le 10 décembre à Julien Bayou à la tête d’Europe Écologie-Les Verts (EELV). La conseillère d’opposition d’Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) a emporté le congrès d’EELV avec l’approbation de 90,8 % des votants. Confortablement installée au premier tour avec près de 47 % des voix, Marine Tondelier a su trouver le point d’équilibre pour rallier au second tours les quatre autres motions qui la concurrençaient. Dont celles de Sophie Bussière et Mélissa Camara, respectivement soutenues par Yannick Jadot et Sandrine Rousseau.

La patronne d’EELV souhaite désormais résorber les dissensions qui animent le parti depuis la primaire de l’élection présidentielle. « La question de l’unité des écologistes est la clé de voûte de toutes les cathédrales que nous prétendons construire. Nous comporter ensemble avec davantage de sororité et de fraternité, voilà la ligne que je défends », a-t-elle appuyé devant les militants réunis à Rungis.

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Unis à l’intérieur, mais pas nécessairement à l’extérieur. La nouvelle secrétaire nationale a cranté une ligne autonome en annonçant une liste écologiste aux élections européennes. « Les rapports de force de la Nupes se sont faits sur les équilibres de l’élection présidentielle, et sont défavorables aux Verts par rapport à La France insoumise, analyse Simon Persico, chercheur au laboratoire Pacte et spécialiste des partis écologistes. Il y a une volonté d’EELV de réorienter ce rapport de force, et l’espoir de devenir l’une des forces motrices de la Nupes. Ces élections en sont l’occasion. »

Soutien de la motion de Mélissa Camara et d’une liste unique aux européennes, Alain Coulombel note que cette position n’empêche pas les discussions d’union, et reflète le jeu d’équilibre que Marine Tondelier maintient : « Dans le texte on affirme la nécessité de l’autonomie de l’écologie politique, et en même temps on a dit que l’on continuera à travailler aux rassemblements avec les gauches. » Le cap est, lui, clair, résumé par l’ultime motion : « Nous affirmons notre ambition de faire de l’écologie politique le moteur d’une politique de rassemblement dans la perspective de 2027. »

Mobiliser 1 million de nouveaux militants

Pour y parvenir, Marine Tondelier s’est donnée pour objectif de mobiliser 1 million de nouveaux sympathisants au cours de son mandat. La tâche est immense, selon Simon Persico : « Il y a aujourd’hui une difficulté à faire adhérer à un parti. Elle est commune à l’ensemble des partis, mais elle est plus marquée chez les Verts où les règles internes promeuvent la démocratie, mais n’en facilitent pas la tâche. » Le chercheur en veut pour preuve le faible taux de participation au premier tour du congrès, qui n’a atteint que 44,24 %.

La faute à l’organisation décentralisée du scrutin physique, avec un lieu de vote par région : « C’était matériellement compliqué de voter : il fallait parfois se déplacer loin de chez soi. Alors que chez Les Républicains, tout adhérent pouvait voter par internet, précise Simon Persico. Il y a un enjeu de rendre plus facile la vie politique interne. Et surtout, de faire que les membres du parti s’investissent vers l’externe plus que l’interne. » Alain Coulombel attribue lui cette maigre participation au manque d’intérêt des militants pour ces motions : « Une partie des adhérents ne s’intéresse pas aux débats des congrès. Ils sont plus orientés vers l’action locale, leur engagement contre des projets locaux, et moins par le fonctionnement en sensibilités, pas toujours faciles à discerner. »

Les missions de Marine Tondelier sont grandes. Malgré des succès aux municipales, les écologistes n’ont pas su répéter cette dynamique aux élections nationales. « Pour le moment, les Verts ne réussissent pas à trouver des formats de candidature, de mobilisation et de rassemblement qui leur permettent d’être crédibles et audibles lors de l’élection présidentielle, celle qui compte », souligne Simon Persico. Marine Tondelier espère y remédier en organisant dès janvier 2023 des États généraux de l’écologie pour réorganiser les stratégies du parti. Charge à son équipe d’y mettre en musique les promesses de sa motion : massification du mouvement, école de formation militante et militantisme de terrain orienté vers les milieux populaires et les zones rurales.

 

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