jeudi 8 décembre 2022

LE MENSONGE DU POUVOIR SUR LES RETRAITES DONT LE REGIME EST SAIN. CE SONT LES FINANCES PUBLIQUES, AUX OPTIONS NEFASTES QUI, ELLES, NE SONT PAS SAINES !

Retraites : "sauver le système", l’argument qui ne prend pas

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Le gouvernement tente de justifier le report de l’âge de départ par la nécessité de préserver le système de retraites par répartition. Mais cet argument est unanimement contesté par les syndicats.

Les syndicats menacent unanimement le gouvernement d’une journée de grève et de manifestations en janvier si le projet de réforme des retraites était maintenu. Une réponse frontale à l’argument martelé par la Macronie sur l’air d'« il n’y a pas d’alternative ». « Je suis déterminée à sauver notre système par répartition », affirmait Élisabeth Borne au Parisien la semaine dernière. Et pour cela, « on doit progressivement travailler plus longtemps ».

L’argumentation se veut mathématique et rationnelle. Le gouvernement s’appuie sur le dernier rapport annuel du Conseil d’orientation des retraites (COR), cette structure qui établit régulièrement des projections sur l’équilibre du système. Ce document publié en septembre spécifie : « Après avoir enregistré des excédents en 2021 et 2022, le système de retraite serait déficitaire en moyenne sur les 25 prochaines années. » À première vue, c’est implacable. Et cela permettait à Emmanuel Macron de marteler le 3 décembre, sur TF1 : « Oui, nous devons faire cette réforme. Si on ne la fait pas, on laisse le système par répartition en danger. »

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Sauf qu’il y a à boire et à manger dans ce rapport du COR. Les syndicats, eux, ont retenu une autre phrase importante, qui figure en page 9 : « Les résultats de ce rapport ne valident pas le bien-fondé des discours qui mettent en avant l’idée d’une dynamique non contrôlée des dépenses de retraite ». De quoi sérieusement fragiliser l’argumentation du gouvernement. Et les syndicats d’avancer qu’une réforme n’est en rien urgente, surtout durant cet hiver qui s’annonce difficile pour les Français, entre inflation et possibles coupures électriques. Pour eux, la priorité devrait être à un partage plus juste de la valeur, à des mesures sur la pénibilité ou à une amélioration du taux d’emploi des seniors.

L'ambiguïté du gouvernement

À vrai dire, la musique d’une urgence à « sauver » le système de retraites n’a pas pris dans l’opinion. Sondage après sondage, les Français se montrent opposés à un recul de l’âge de départ… sauf les retraités ! Le gouvernement aligne donc un autre argument, déjà esquissé par Emmanuel Macron au cours de sa dernière campagne présidentielle : s’il faut une réforme des retraites, c’est aussi pour investir dans les services publics, à commencer par l’hôpital et l’école. Comme le résumait Bruno Le Maire sur France Inter, le 5 décembre : « faire en sorte que, tous, nous puissions travailler un peu plus pour financer notre modèle social.l

Avec cet argument, le gouvernement introduit une ambiguïté : est-ce qu’il demande aux Français de travailler plus pour simplement équilibrer le système des retraites, ou parce qu’il a cruellement besoin de recettes fiscales, alors que la dette publique culmine à 113 % du PIB ? Et si besoin d’argent il y a, n’existe-t-il pas d’autres moyens de le trouver ? Peut-être faudrait-il aller au bout de ce qui est le vrai débat, avant de se lancer dans des discussions de marchands de tapis sur le futur âge de départ (64 ou 65 ans ?), seul véritable paramètre que le gouvernement laisse ouvert à la négociation.

 

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