vendredi 30 décembre 2022

DEMOGRAPHIE : COMPLEMENT A L'ARTICLE SUR LA MANCHE (ci-dessus)

 

Démographie. La Normandie continue de perdre des habitants chaque année

Publié le
Écrit par Medhi Weber . / FR 3 Normandie
 

Dans un rapport de l'INSEE publié ce jeudi 29 décembre, la Normandie ressort comme la deuxième région métropolitaine avec le plus mauvais solde démographique. Entre 2014 et 2020, notre région a perdu 0,3% de sa population, soit environ 10 000 habitants. Un chiffre qui cache de très grandes disparités entre les différents départements normands. Décryptage.

Ces chiffres de décroissance démographique en Normandie sont d'autant plus inquiétants que dans le même temps (entre 2014 et 2020) la population française, elle, a progressé en moyenne de près de 2%. En termes démographiques, la Normandie est donc la deuxième région métropolitaine qui a perdu le plus d'habitants sur cette période, comme le montre cette carte :

Interrogé sur le sujet, Mathieu Léger, chef adjoint du service études et diffusion de l’INSEE explique : "La Normandie, plus que d'autres régions, ne parvient pas à attirer les jeunes. L'une des raisons est sa proximité avec la région parisienne plus attractive en termes d'études supérieures et d'emploi".



Cette catégorie d'âge n'est donc pas incitée à venir s'installer dans notre région que, de surcroît, les jeunes normands ont tendance à quitter. Résultat : notre solde migratoire, c'est à dire la différence entre les arrivées et les départs d'habitants, est déficitaire entre 2014 et 2020.

Une population vieillissante

Problème : avec ce déficit démographique chez les jeunes, la Normandie vieillit et par conséquent les décès augmentent alors que les naissances diminuent. Le solde naturel autrefois largement excédentaire s'est réduit et ne parvient plus à compenser ces Normands qui partent de la région.



C'est la raison pour laquelle notre démographie est en décroissance depuis le milieu des années 2010. "Il est clair que les régions avec les tissus économiques les plus industriels (comme la Normandie) sont celles qui souffrent le plus en termes d'emploi, et donc d'attractivité économique", ajoute Mathieu Léger.



Dans le détail, la Manche et l'Orne sont les deux départements de la région qui perdent le plus d'habitants. Mais l'étude ne porte que sur les chiffres des recensements officiels dont les données s'arrêtent en 2020.

Y aura-t-il un "exode urbain" ? 



Ces départements ruraux pourraient-ils alors bénéficier des prétendues migrations post-covid vers les campagnes ? Pour Mathieu Léger, il est pour l'heure "difficile de répondre. Les chiffres dont nous disposons pour les années 2021 et 2022 ne sont que provisoires. Mais pour le moment on ne constate aucun exode urbain". Selon lui, les institutions publiques situées dans les grandes villes (collectivités territoriales, préfectures etc...) ou encore les sièges des grandes entreprises donnent à ces aires urbaines une certaine solidité démographique grâce aux emplois et à l'attractivité globale qu'ils apportent. 



Par ailleurs, selon ce rapport de l'INSEE, des disparités existent dans ces pôles urbains. Alors que les villes de Rouen (+ 0,5% par an en moyenne sur 2014-2020) et Caen (+0,1% par an) gagnent des habitants chaque année, Cherbourg-en-Cotentin, Évreux et Le Havre voient, elles, leur population diminuer.

Le Havre vit une situation très particulière et très cruelle. C'est une ville qui a été largement rénovée. Mais elle continue d'avoir un déficit démographique.

Mathieu Léger, chef adjoint du service études et diffusion de l'INSEE

Pour Mathieu Léger, le cas du Havre est insoluble. À l'INSEE, personne n'a véritablement d'explication rationnelle. La ville souffre surtout d'une mauvaise image en grande partie injustifiée. "Mais on rentre là dans des considérations subjectives, qui sortent de notre champ d'étude", conclut le statisticien. 



Pourtant, à l'instar du Havre, les décideurs publics de Normandie ont tout intérêt à comprendre les facteurs de ces déséquilibres démographiques pour les enrayer. Sur le long terme, ces phénomènes (départ des jeunes, vieillissement de la population) pourraient bien avoir de graves conséquences en termes d'emploi, d'économie ou encore de qualité de l'offre de soin.  



Pour voir quelle a été l'évolution démographique dans votre commune, c'est par ici !

 

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