jeudi 22 décembre 2022

ANALYSE D'UN CONFLIT EXEMPLAIRE A PLUSIEURS TITRES : "L'AUTOMNE SOCIAL DANS LE SECTEUR DE L'ENERGIE S'ACHEVE PAR UNE ENIEME VICTOIRE POUR LES SYNDICATS, EN PARTICULIER LA CGT".

Social

Salaires chez GRDF : la CGT remporte son bras de fer avec la direction

Alors que le mouvement de grève s’enlisait, les parties sont revenues à la table des négociations. Et sont parvenues ce mardi à s’entendre sur une augmentation de 200 euros par mois minimum pour tous les agents, réclamée par la CGT.
par Damien Dole  /  Libération
publié le 20 décembre 2022 à 19h59
 

C’était le dernier conflit d’ampleur dans la branche professionnelle des Industries électriques et gazières (IEG). Un conflit de six semaines qui touche à sa fin avec une victoire sociale pour les agents et la CGT. Cette dernière exigeait une hausse de deux NR (niveau de rémunération), qui additionnée à l’augmentation de toute la branche actée au début de l’automne, aurait permis aux gaziers d’obtenir 200 euros par mois minimum. Avec l’accord signé ce mardi soir, c’est la somme qu’obtiendront, a minima donc, tous les gaziers selon la CGT-GRDF. Un calcul que confirme la direction à Libération.

La résolution du conflit social était pourtant loin d’être gagnée, direction et CGT campant sur leurs positions. La filiale d’Engie s’appuyait sur l’accord signé le 18 novembre par trois syndicats (CFE-CGC, FO et CFDT), majoritaires face à la CGT (qui avait à elle seule recueillit 48 % des votes aux élections professionnelles). Mais le syndicat, affilié à la puissante FNME (Fédération nationale des mines et de l’énergie), a poursuivi le mouvement. Des dizaines de sites sont restés mobilisés, bien souvent avec des agents non syndiqués, des techniciens comme des salariés des bureaux.

Une direction contrainte de revenir à la table des négociations

Le conflit s’est enlisé, avec des grévistes qui ont tenu, notamment grâce à des méthodes leur permettant de bloquer efficacement à leurs yeux les agences (hormis les opérations d’urgence, assurait la CGT) sans que cela n’entame drastiquement leurs paies. Le temps passant, des agents grévistes ont décidé de mettre le gaz en mode gratuit pour 16 000 clients mais aussi de le couper dans plusieurs villes, notamment dans la très chic Neuilly-sur-Seine la semaine dernière. Une action que la direction a fustigée, la qualifiant de «véritable acte de sabotage qui impacte 1 200 familles alors qu’il fait 3 degrés dehors».

GRDF et la maison mère Engie semblent avoir dans la foulée pris la mesure de cet enlisement. Alors que cette dernière considérait le dossier clos, il y a quelques semaines la direction a décidé de se remettre à la table des discussions. Et après moins d’une semaine de négociations, un «protocole de fin de conflit» a été signé. Il comprend une DUE (décision unilatérale de l’employeur) qui va permettre à tous les agents d’obtenir minimum 200 euros par mois. La pérennisation de cette augmentation pourrait être actée lors des négociations salariales de 2024.

Une nouvelle victoire syndicale

«Ce protocole de fin de conflit permet d’assurer un retour progressif à la normale du fonctionnement de l’entreprise, au service de ses clients, réagit auprès de Libération la direction. Nos équipes se mobilisent pour rétablir dans les meilleurs délais les clients en attente d’une mise ou remise en gaz.» Les agents de GRDF vont donc obtenir sur le papier autant que la plupart des autres agents des IEG, comme EDF ou surtout Enedis, auxquels se sont souvent référés les agents de GRDF. L’automne social dans le secteur de l’énergie s’achève donc par une énième victoire pour les syndicats, en particulier la CGT.

Et si la direction semble soulagée de voir ce conflit dur se terminer, la CGT ressort de son côté renforcée avant les élections professionnelles de 2023 par rapport aux trois organisations qui avaient signé un accord moins favorable. «Tout le monde est content, sourit auprès de Libération Frédéric Probel, élu CGT chez GRDF et Enedis dans l’Ouest parisien. Dans l’agence de Clamart, on a créé un socle solidaire, qui va être ancré pendant longtemps.» Et il ajoute : «Cette lutte va rester dans les mémoires de tous pendant plusieurs années.»

 

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