dimanche 27 novembre 2022

SCANDALE DES CABINETS DE CONSEILS : QUAND MACRON AFFIRME QUE "LE COEUR DE L'ENQUÊTE N'EST PAS VOTRE SERVITEUR", UN AUTRE, LE MAIRE, ASSURE QU'IL Y A EU ABUS (1).

Enquêtes sur les cabinets de conseil et l’État

La justice s’intéresse aux nombreux contrats passés entre l’État et des cabinets de conseil. Et quel a été leur rôle pendant les deux dernières campagnes présidentielles ?

Jean-François Bohnert est à la tête du parquet national financier.
 

S’il y a des preuves de manipulation, que ça aille au pénal​, avait lancé Emmanuel Macron, durant la campagne présidentielle, à propos du recours croissant aux cabinets de conseil par le gouvernement. Et bien, c’est chose faite. Le parquet national financier a fait savoir jeudi qu’il avait ouvert deux informations judiciaires pour tenue non conforme des comptes de campagne et favoritisme et recel de favoritisme sur les deux campagnes présidentielles de 2017 et 2022.

Autrement dit, la justice cherche à savoir si des cabinets de conseil n’auraient pas indûment participé au financement des campagnes du candidat Macron, avant de bénéficier en retour de juteux contrats publics. Selon Mediapart, certains membres du cabinet McKinsey auraient pu œuvrer bénévolement pour le candidat Emmanuel Macron en 2017. Et selon un rapport sénatorial, l’État a ensuite payé une somme record – plus d’un milliard d’euros de prestations – à plusieurs cabinets de conseil, en 2021 (essentiellement à McKinsey, Citwell et Accenture). Une estimation minimale, précisait le rapport.

« Une affaire tentaculaire »

Ces sociétés ont ainsi travaillé sur la réforme des APL, la gestion de la crise sanitaire (livraison de masques, campagnes de vaccination…) ou encore sur les états généraux de la Justice. Et ce, au tarif moyen de 1 528 € par journée de consultant.

Ces deux informations judiciaires ont été confiées à trois juges d’instruction dont le juge Serge Tournaire, selon Le Parisien, qui avait notamment travaillé sur les emplois fictifs de Penelope Fillon, l’épouse de l’ex-Premier ministre.

Il s’agit d’une affaire tentaculaire et à plusieurs tiroirs​, observe Elise Van Beneden, la présidente d’Anticor. L’association de lutte contre la corruption s’interroge en effet sur la légalité des contrats passés entre l’État et ces cabinets de conseil : des accords-cadres à bons de commande. L’administration a choisi le système dit du tourniquet, qui consiste à donner les missions aux cabinets à tour de rôle, sans aucun contrôle ni aucune réelle concurrence, en affectant la mission à celui qui a été, jusque-là, le moins bien servi.

« Je ne crains rien »

Autre interrogation, la porosité pouvant exister entre les collaborateurs de ces sociétés et les ministères ou administrations : Les cabinets recrutent d’anciens responsables publics […] dont un ancien conseiller économique à l’Elysée, notait le rapport sénatorial.

Par ailleurs, l’enquête préliminaire ouverte le 31 mars dernier, pour blanchiment aggravé de fraude fiscale, et visant des sociétés du groupe McKinsey, est toujours en cours. Selon le rapport sénatorial, McKinsey n’aurait payé aucun impôt sur les sociétés entre 2011 et 2020.

« Je ne crains rien et […] je crois que le cœur de l’enquête n’est pas votre serviteur », a réagi Emmanuel Macron, ce vendredi, en marge d’un déplacement à Dijon. Contactée, la société McKinsey n’a également pas réagi.

 

(1)   "L'affaire McKinsey est révélatrice de liens étroits entre la majorité macroniste et les milieux d'affaires. C'est une grande histoire d'amour ; et les cocus, ce sont les français" (Déclarations de Clémentine Autain, aujoud'hui, à RTL, LCI, Le Figaro).

J.P. C. 

 

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