La dissolution, selon Macron : un piège à cons (et à députés LR)
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On glose à l’infini sur la possibilité d’une dissolution imminente. Pourtant, Emmanuel Macron n’a aucune raison d’appuyer sur le bouton nucléaire à court terme. Voici pourquoi.
La dissolution n’aura pas lieu. Du moins, pas tout de suite. On pourrait penser le contraire, à écouter politiques et médias se donner des frissons à bon compte en glosant sur cette possibilité. Il faut dire qu’Emmanuel Macron ne se prive pas d’agiter cette arme que lui offre l’article 12 de la Constitution. Il l’a fait dans les réunions avec ses proches, mais aussi sur France 2, fin octobre. « Il y a des instruments qui sont dans la main du président de la République, s’est-il plu à souligner. C’en est un, et heureusement. »
Comme l’a révélé le Journal du dimanche, le parti macroniste Renaissance a préparé cette éventualité dans un document de travail (ce qui est bien le moins, s’agissant du mouvement présidentiel). Mais, à moins de perdre la raison, Emmanuel Macron ne prononcera pas de dissolution de l'Assemblée nationale à court terme.
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Selon un sondage Ifop/le JDD, en cas de retour aux urnes, le seul gagnant de l’opération serait le Rassemblement national (RN), tandis que la Macronie n’engrangerait pas plus de voix. C’est logique : pourquoi les Français donneraient-ils une majorité absolue à un président qui leur expliquerait qu’ils ont mal voté et qu’il faut recommencer ?
Poker menteur
On assiste en réalité à un jeu très classique de poker menteur politicien. En agitant cette menace, Emmanuel Macron rappelle régulièrement aux 62 députés Les Républicains (LR) qu’il a droit de vie ou de mort sur leurs mandats. C’est un moyen comme un autre de faire tenir sa majorité de fait.
Oui, parce qu’il existe une majorité à l’Assemblée, celle composée des partis macronistes et des députés LR. Et il n’y a pas de raison que cela ne fonctionne pas dans les mois à venir. Les LR vont-ils dire non au projet de loi sur la sécurité intérieure, qui prévoit la création de 8 500 postes de policiers sur le quinquennat ? Vont-ils refuser le texte sur l’immigration préparé par Gérald Darmanin, qui prévoit un tour de vis sur les expulsions ? Et surtout, oseront-ils vraiment se prononcer contre la hausse de l’âge de départ à la retraite, qu’ils appellent de leurs vœux depuis des années ?
Macron obligé d'être de droite, LR obligé de coopérer
Bref, tant que son agenda penche à droite, Emmanuel Macron n’a aucune raison de dissoudre, parce qu’il a une majorité (certes fragile) pour sa politique. Et les députés LR n’ont, eux, aucune raison de déposer une motion de censure qui pourrait faire tomber le gouvernement avec l’appui du RN et de la Nupes.
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En résumé, Macron est obligé d’être de droite et les LR sont obligés de coopérer. Un équilibre de la terreur d’un genre inédit depuis l’instauration du quinquennat. Au fond, la véritable question, c’est celle que posait récemment Marianne en couverture : combien de temps ça va tenir ?
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