À la COP27, les lobbyistes fossiles ont table ouverte
Lors de la COP27 en Égypte, le nombre de lobbyistes des industries pétrolières et gazières a augmenté de 25 % par rapport à l’année dernière. « Le rapport de force est complètement déséquilibré », alerte notre chroniqueuse.
Aurore Mathieu est responsable politiques internationales au sein du Réseau Action Climat (RAC), qui fédère les associations impliquées dans la lutte contre le dérèglement climatique. Elle nous fait vivre « sa » COP27, en direct de Charm el-Cheikh, en Égypte.
À Charm el-Cheikh, la fatigue commence à se faire bien ressentir. Nous sommes de dix à douze heures par jour dans le centre de conférence. Et nous peinons à être audibles, car c’est vraiment la COP des lobbys fossiles. Shell, Chevron, BP… Ils sont 636 cette année, contre 503 l’an dernier à Glasgow, selon les ONG Corporate Accountability, Global Witness et Corporate Europe Observatory. Et encore, ce chiffre est une estimation basse. Certains pays comprennent également des lobbyistes au sein même de leur délégation. Il est impossible de les distinguer des autres délégués, car ils ont le même badge rose, celui des États. Ils s’assoient tranquillement à la table des négociations.
Vendredi 11 novembre, c’était leur jour à la COP27, celui de la « décarbonation ». En clair, c’est le jour consacré au greenwashing des compagnies pétrolières et gazières. La présidence égyptienne leur a déroulé le tapis vert, et elles ont saisi l’occasion pour faire croire qu’elles étaient à la hauteur dans la lutte contre le changement climatique. Une nouvelle étude montre pourtant que les émissions de CO2 liées au pétrole et au gaz sont trois fois plus élevées que ce que prétendent les producteurs…
Le rapport de force est complètement déséquilibré
Lors des tables rondes, il y avait notamment plein de lobbyiste de la capture et du stockage du carbone, une technique qui consiste à éviter les émissions de CO2 dans l’air en les captant directement à la source, c’est-à-dire en sortie de cheminée d’usine, puis en les acheminant dans les sols. Mais c’est une fausse solution. Elle est très coûteuse et n’en est qu’à ses balbutiements. Et, surtout, elle permet aux industriels de conserver le statu quo et de se détourner de la vraie question : la réduction drastique de leurs émissions.
Dans ces conditions, comment peut-on attendre des avancées positives et sérieuses d’un sommet sur le climat ? Le rapport de force est complètement déséquilibré. Il y a plus de lobbyistes du secteur des combustibles fossiles que de représentants des dix pays les plus touchés par le changement climatique. Il est vraiment temps de les écarter des négociations.
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