vendredi 9 septembre 2022

Reine Elizabeth II (1926 - 2022)

Qu’est-ce que le Commonwealth, dont le roi Charles III prend la tête ?

L’organisation, qui rassemble à l’origine d’anciens territoires britanniques, s’est étendue jusqu’à représenter désormais cinquante-six pays et un tiers de l’humanité. 

 

Par   /  Le Monde

Publié le 20 avril 2018 à 14h02, republié à 11h46, mis à jour à 18h33


En succédant à sa mère, la reine Elizabeth II, le roi Charles III ne prend pas seulement la tête du Royaume-Uni, mais aussi celle du Commonwealth. Cette organisation composée principalement d’anciennes colonies britanniques, qui organise une réunion des chefs de gouvernement tous les deux ans — la dernière ayant eu lieu en juin 2022 —, et des Jeux sportifs tous les quatre ans…, reste relativement discrète.

Lire aussi : En direct : Des hommages à Elizabeth II dans tout le Royaume-Uni au premier discours du roi Charles III, retour sur une journée historique

Les cinquante-six pays membres du « Commonwealth of Nations » , rassemblés formellement en 1949, n’ont aucune obligation les uns envers les autres, mais ils adhèrent tous à la charte du Commonwealth, qui énonce une série de « valeurs fondatrices », telles que la démocratie, les droits humains, la non-discrimination, la liberté d’expression, la séparation des pouvoirs, etc. La charte reconnaît noir sur blanc les spécificités des « petits Etats » et des « Etats vulnérables », qu’il convient d’aider, d’assister dans leur développement et de soutenir en cas de danger.

Cinquante-six pays du Commonwealth
Cette carte représente la majeure partie des pays du Commonwealth, certaines nations insulaires sont trop petites pour être représentées.
Quel régime politique ?
République
Monarchie (Charles III est roi)
Monarchie (souverain local)
Projection cartographique de Buckminster Fuller, Antarctique exclue

Quel est le poids démographique des pays de l’organisation ?

Avec près de 2,5 milliards d’habitants, le Commonwealth représente le tiers de l’humanité. La plupart d’entre eux vivent dans le sous-continent indien : l’Inde (1,35 milliard d’habitants), le Bangladesh (165 millions d’habitants) et le Pakistan (229 millions).

2,47 milliards d'habitants sur cinq continents

L’Afrique, avec vingt et un membres, forme le plus gros contingent de pays, mais se trouve en deuxième position s’agissant de la population : les dix-neuf républiques et deux monarchies rassemblent 516 millions d’habitants.

Enfin, en Europe, outre le Royaume-Uni, seuls deux pays — tous deux membres de l’Union européenne — sont membres du Commonwealth : Malte et Chypre.

Comment y adhérer ?

Les critères pour rejoindre le Commonwealth sont clairement établis, il faut :

  • accepter les principes énoncés dans la charte ;
  • être un Etat souverain ;
  • reconnaître le roi Charles III comme chef du Commonwealth ;
  • accepter l’anglais comme langue du Commonwealth ;
  • respecter les vœux de la population d’adhésion ou non ;
  • avoir eu un lien historique avec un Etat déjà membre.

Certains pays pourraient proposer leur adhésion, car ils ont été des « protectorats » ou des colonies de la Couronne : l’Egypte, l’Irak, l’Irlande, la Jordanie, Israël, le Yémen et même les Etats-Unis, entre autres.

Il est aussi possible de quitter l’organisation, et de manière plus aisée que pour un Brexit. C’est ce que firent, par exemple, l’Irlande et Terre-Neuve en 1949 ou les Maldives en 2016 — avant de revenir en février 2020. Le Zimbabwe a été suspendu des réunions ministérielles en 2002 à cause de l’élection de Robert Mugabe en mars de la même année dans des conditions contestées. En 2003, le pays a définitivement quitté l’organisation.

En juin 2022, le Togo et le Gabon, deux pays francophones, ont rejoint le Commonwealth, afin de se rapprocher du monde anglophone et de resserrer les liens avec le Royaume-Uni.

Qui dirige le Commonwealth ?

A la tête de cette organisation d’Etats partenaires « libres et égaux » — pour la plupart d’anciens territoires coloniaux —, le chef désigné est le souverain britannique, en l’occurrence Charles III, depuis la mort d’Elizabeth II. Il est, par ailleurs, chef d’Etat de seize monarchies parlementaires, le Royaume-Uni tout d’abord, mais aussi le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et des « petites » nations, comme les monarchies insulaires de Sainte-Lucie, la Jamaïque, Grenade, les Bahamas, etc. Cela ne lui donne aucun pouvoir effectif.

Cinq pays membres sont des monarchies dont le souverain est « local » : le royaume de Tonga, le sultanat de Brunei, Eswatini, le Lesotho, la Malaisie. Enfin, trente-cinq sont des républiques, pour la plupart situées sur le continent africain.

Quels avantages à l’international ?

Puisque les citoyens de ces cinquante-six pays ne se considèrent pas comme étrangers les uns aux autres sur le plan diplomatique, les Etats membres ne s’envoient pas d’ambassadeurs mais des « hauts-commissaires » — qui représentent le gouvernement, et non le chef d’Etat. Si un citoyen du Commonwealth se trouve dans un pays où il n’a pas de représentation diplomatique, il peut s’adresser à l’assistance consulaire britannique, s’il y en a une.

Par ailleurs, grâce au Commonwealth les citoyens australiens, néo-zélandais ou canadiens peuvent demander un « working holiday visa », qui — à l’image du visa travail-vacances entre la France et le Canada — permet aux personnes de 18 à 30 ans de travailler au Royaume-Uni. Seuls les ressortissants de ces pays y ont droit pour le moment, car cet accord nécessite la réciprocité.

 

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