dimanche 8 mai 2022

UN ARTICLE PEU AIMABLE POUR LES FOSSILES DU PS : UNE CHANCE QUE DE PLUS JEUNES ET DYNAMIQUES AIENT PRIS LEUR AVENIR EN MAINS ! (1)

Valls, Cazeneuve, Cambadélis... le Parti socialiste expliqué par ceux qui l'ont coulé
Bernard Cazeneuve, Manuel Valls, Emmanuel Macron.
AFP

Valls, Cazeneuve, Cambadélis... le Parti socialiste expliqué par ceux qui l'ont coulé

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Ils préfèrent un PS qui rougisse à un PS rouge : un à un, les principaux cadres du quinquennat de François Hollande s’élèvent contre l’accord électoral avec La France insoumise pour les élections législatives. Toute honte bue, les fossoyeurs du Parti socialiste donnent des leçons de pureté idéologique.

Les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures. Au début, on souriait en entendant les éléphants du PS barrir contre l’accord électoral entre le parti à la rose et La France insoumise. Et puis plus du tout, à mesure que le grotesque cédait sa place à l'indécence. Ceux-là qui ont si bien conduit la barque de la gauche entre 2012 et 2017 que François Hollande a été contraint de renoncer à briguer un second mandat ; ceux-là qui ont mis le pied à l’étrier d’un président de la République ayant fait du mépris social sa marque de fabrique ; ceux-là qui ont tant œuvré pour le PS qu’il ne réunit plus qu’1,7 % des voix au premier tour de la présidentielle ; ceux-là se permettent aujourd’hui de donner des leçons de pureté idéologique.

L’actuelle direction du PS mettrait en danger l’essence même du vrai de vrai socialisme : la sacro-sainte Union européenne et son orientation libérale, qu’il ne faudrait surtout pas essayer de changer – François Hollande a essayé, il a eu des problèmes –, et la République, transformée en cache-misère, ultime et inattaquable incantation de ceux qui n’ont plus rien d’autre à trahir. Tout cela est asséné avec morgue et sans une once de contrition, en invoquant Jaurès et Mitterrand.

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Tant pis si le premier a écrit que « le socialisme, c’est la République menée jusqu’au bout avec le maximum de démocratie ». On se demande encore où est le socialisme dans la loi El Khomri, où est la République dans la déchéance de nationalité et où se trouve la démocratie dans l’emploi du 49.3. Et tant pis si Mitterrand affirmait, avant d’avoir tourné casaque : « Celui qui ne consent pas à la rupture avec l'ordre établi (...), avec la société capitaliste, celui-là, je le dis, ne peut pas être adhérent du Parti socialiste. » Bonne chance pour convaincre un électeur de gauche que le CICE est en rupture avec le capitalisme.

L’ordre établi, Bernard Cazeneuve n’a pas l’air très pressé de le changer. « L’économie sociale et écologique de marché - seule capable de conjuguer production, bien être et travail, répartition des richesses et préservation de la planète - n’est pas soluble dans une contestation de tout, qui rend l’action impossible en la confondant avec l’outrance, la rage et la colère surjouées, en permanence suscitées et entretenues », écrivait-il sur Facebook le 3 mai, avant de quitter pour de bon la vieille maison.

L’éphémère Premier ministre parle de « retrouver la boussole et déposer l’anémomètre ». Son « camarade » Jean-Christophe Cambadélis pourrait en prendre de la graine. Tout en accusant Olivier Faure d’offrir à Jean-Luc Mélenchon la « reddition » du PS, l’ancien premier secrétaire affirme tranquillement sur Europe 1 ce mercredi : « On ne peut pas aller à l'ultra gauche quand le pays va à droite. » Que c’est beau, un homme de conviction. « Camba » a beau hurler au vote utile : rappelons tout de même que celui-ci s’est porté sur la gauche « qui va plus à gauche », et non sur la candidate sociale-démocrate.

« Régression économique, sociale, régalienne et européenne »

Le sens de l’orientation de Jean-Christophe Cambadélis nous permet au moins de comprendre comment Manuel Valls peut écrire, dans une tribune publiée par L’Express joliment intitulée « Républicains de gauche, votre place est aux côtés d'Emmanuel Macron », que l’union de la gauche acte « la régression économique, sociale, régalienne et européenne ». « Il s'agit de sauver des personnes, des circonscriptions, des finances. Voici que l'on se vassalise pour ne pas s'appauvrir, que l'on vend son âme pour ne pas perdre la face », tance celui qui franchit les Pyrénées au gré de ses échecs électoraux.

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Grâce soit rendue à l’ancien Premier ministre, qui nous épargne un laborieux travail de recensement, grâce à ce tweet daté du 2 mai : « Des traîtres : Le Drian, Delanoë, Collomb, Parly, Castaner, Dussopt, Bourguignon… et Touraine, Guigou, Rebsamen, Meadel… et des millions d’électeurs. Tous des traitres. Vieille rengaine des partis qui disparaissent et des dirigeants qui abandonnent les valeurs, l’honneur, le courage. » Autant de vertus dont sont incontestablement parés les membres de cette liste, parmi lesquels le ci-devant socialiste Olivier Dussopt fait figure de modèle : en 2017, ce dernier avait voté contre le budget du gouvernement à l’Assemblée nationale, avant de le défendre six jours plus tard au Sénat, une fois devenu secrétaire d’État en charge de la Fonction publique. Quelle rectitude !

Mais revenons, pour conclure, à la tribune de Manuel Valls. La mise en garde qui suit mérite d’être citée in extenso, tant elle résume ce qu’est la gauche de droite : «  Chaque Français de gauche, y compris s'il a choisi, par dépit, le bulletin Mélenchon au premier tour, doit bien comprendre ce qu'une victoire de la future ‘union populaire’ signifierait concrètement : retour à la retraite à 60 ans avec son lot d'incertitude financière et la mise en danger de notre système de retraites ; hausse unilatérale du SMIC, quitte à sacrifier les emplois des plus modestes ; abrogation de la loi El Khomri, des ordonnances travail, de la réforme de l'assurance-chômage, de la flat tax ou encore rétablissement de l'ISF, faisant fi de l'amélioration du climat entrepreneurial que tout ceci a permis et donc des emplois créés ; abrogation des lois sécurité globale et contre le séparatisme, sacrifiant la sécurité des Français et la lutte contre le terrorisme et l'islamisme sur l'autel d'un communautarisme de complaisance ; passage à la VIeme République au risque de l'instabilité et de l'affaiblissement de l'autorité de l'Etat... » Pas sûr que les électeurs de gauche prennent peur...

 

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