samedi 5 mars 2022

LA PESTE ZEMMOURIENNE SANCTIONNEE PAR LA JUSTICE

Deux sympathisants de Zemmour condamnés pour des vidéos dans un stand de tir

Deux soutiens d’Éric Zemmour s’étaient filmés pendant qu’ils tiraient à l’arme à feu, en prétendant viser des élus de La France insoumise, le président de la République, les « antifas » et « du jeune bougnoule mental ».

Sébastien Bourdon

4 mars 2022 à 17h56 

 

Deux sympathisants d’Éric Zemmour ont été condamnés à des peines de prison avec sursis, vendredi à Paris, après avoir diffusé des vidéos dans lesquelles ils s’entraînaient au tir en visant des cibles imaginaires, parmi lesquelles les Insoumis Alexis Corbière et Raquel Garrido, ainsi qu’Emmanuel Macron. 

Benjamin S., un militaire âgé de 21 ans, et Alain R., un cuisinier intérimaire de 30 ans, ont été condamnés respectivement à quatre et trois mois de prison avec sursis et interdiction de port d’arme pendant cinq et trois ans. Le premier a été reconnu coupable de provocation à commettre des infractions non suivies d’effet, le second de complicité.

Leur condamnation sera inscrite dans leur casier judiciaire. Ils devront également verser 3 000 euros de dommages-intérêts au député LFI Alexis Corbières et 5 000 euros à Raquel Garrido, sa compagne et ex-porte-parole du parti. Emmanuel Macron ne s’était pas constitué partie civile.

Lors du procès, début février, les deux prévenus qui s’étaient rencontrés à un meeting d’Éric Zemmour avaient plaidé « l’humour noir et gras ». Les vidéos litigieuses « ont dépassé les bornes admissibles de la liberté d’expression », avait estimé la procureure, requérant quatre mois de prison avec sursis.

 

Mediapart republie ci-dessous l’article « Des soutiens de Zemmour menacent dans une vidéo des membres de LFI, Macron et les “bougnoules” », mis en ligne le 20 décembre 2021.

*

C’est une vidéo d’environ une minute et trente secondes révélée sur les réseaux sociaux par le groupe antifasciste Jeune Garde. On y voit un homme, fusil de précision à la main, sur un stand de tir. Face caméra, il explique qu’il va « s’entraîner à chasser du Garrido sauvage », en référence à Raquel Garrido, ex-porte-parole de La France Insoumise (LFI).

La comparant à une « truie », l’homme montre fièrement le calibre des cartouches qu’il s’apprête à utiliser avant de mettre en joue son arme et de faire feu. Il tire une seconde fois en mentionnant Alexis Corbière, compagnon de Raquel Garrido et député LFI. « Deux balles, trois morts, ça a ricoché sur un antifa derrière », ajoute-t-il.

Dans une seconde séquence, le même homme indique tirer sur des « antifas et des gauchistes », et développe sur ses cibles imaginaires : « Il y a des drapeaux algériens et marocains, donc on va s’empresser de tirer. »

Vidéo extraite du compte Twitter de Raphaël Arnault, porte-parole de la Jeune garde © Mediapart

D’après les informations de Mediapart, l’homme sur ces images qui utilise le pseudonyme « Miles Christi » sur les réseaux sociaux, « Chevalier du Christ » en latin, est un militaire ou ex-militaire. Sur une photo publiée il y a quelques mois sur Instagram, il apparaît en treillis, visiblement à l’exercice, en train de manipuler un mortier. De dos, il est néanmoins reconnaissable au tatouage caractéristique qu’il porte à l’arrière du crâne, également visible sur les images au stand de tir.

D’autres vidéos obtenues par Mediapart montrent un second homme au même stand de tir.

Casquette sur la tête marquée du gimmick d’Éric Zemmour « ben voyons », devenu un véritable slogan de campagne, il s’adresse également à la caméra. « Ben voyons, les amis, on va éclater qui là ? Du jeune gaucho, du jeune communiste, du jeune bougnoule mental ? », interroge-t-il avant de mettre son arme en joue. Sur une autre séquence, il feint la surprise et s’exclame : « Ah, Emmanuel Macron ! », avant de faire feu.

Nouvelles menaces de soutiens de Zemmour contre LFI, Macron et " les bougnoules " © Mediapart

Sur ses réseaux sociaux, ce jeune homme affiche ouvertement son soutien à Éric Zemmour.

En bannière sur son profil Twitter apparaît par exemple une photo du candidat à la présidentielle au salon de l’armement Milipol, fusil en joue, qui n’est pas sans rappeler son geste à l’égard des journalistes ce jour-là. Sur Internet, le jeune homme documente également sa présence au meeting du 5 décembre dernier à Villepinte : « Rassemblement patriotique pour le Z !!! » ou « Enfin le vrai homme providentiel que tous français [sic] », écrit-il en partageant des images de l’événement.

Entré en contact avec Mediapart après la publication de cet article, il assure à propos des images filmées au stand de tir qu’il ne s’agit pas d’une « vidéo sérieuse » et explique qu’il faut « arrêter de dramatiser cette affaire : on s’est un peu lâchés avec humour et sinon y a rien de méchant ». Interrogé sur sa présence au meeting d’Éric Zemmour, il affirme ne pas soutenir le candidat mais « aimer beaucoup ses idées ».

En novembre dernier, StreetPress révélait d’autres images de militants d’extrême droite s’entraînant au tir sur des caricatures racistes de juifs, de musulmans et de Noirs. Les mêmes collaient également des affiches pour celui qui n’était alors pas encore candidat : Éric Zemmour.

Sébastien Bourdon


Si vous avez des informations à nous communiquer, vous pouvez nous contacter à l’adresse enquete@mediapart.fr. Si vous souhaitez adresser des documents en passant par une plateforme hautement sécurisée, vous pouvez passer par SecureDrop de Mediapart, la marche à suivre est explicitée dans cette page.

 

Aucun commentaire: