samedi 26 février 2022

POINT DE VUE SUISSE, PERTINENT : POUTINE, ENNEMI JURE DE L'OTAN, "A OFFERT UNE SECONDE JEUNESSE" A CELLE-CI.

Où passera le nouveau Rideau de fer?

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éditorial

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EDITORIAL. Vladimir Poutine a fini de s’expulser lui-même loin des valeurs communes sur lesquelles se sont accordés les Européens

Deux hommes fuient l'Ukraine en direction de la Pologne, le 25 février 2022. — © BRYAN WOOLSTON / REUTERS

Une plaie immense a été ouverte dans le cœur de l’Europe. Et elle saigne abondamment. Quarante millions d’Ukrainiens, qui la veille encore vaquaient à leurs occupations, allaient au cinéma ou accompagnaient leurs enfants à l’école, sont aujourd’hui les victimes d’une guerre brutale, écho d’un autre siècle, qui menace de devenir bien plus abominable encore.

La guerre est en Europe, mais l’Europe n’est pas en guerre. Ce conflit, qu’il se termine bientôt ou non, va pourtant redessiner pour longtemps la réalité du continent, dit-on avec raison. Surtout, cette attaque a le triste mérite de clarifier une réalité que l’on avait jusqu’ici tendance à minimiser. Huit ans après l’annexion de la Crimée et le début de la guerre dans le Donbass, le Kremlin de Vladimir Poutine a fini de s’expulser lui-même loin, très loin, des valeurs communes sur lesquelles se sont accordés les Européens. Isolé de son propre pays, vieillissant, de plus en plus ouvertement dictatorial, il a construit autour de lui un mur que seuls les Russes pourront, un jour, démolir.

L’Ukraine laissée au milieu du gué

L’Ukraine, elle, avait été laissée jusqu’ici au milieu du gué par les Occidentaux. Avec plus ou moins de conviction, ils lui avaient promis le meilleur des mondes, sans lui garantir toutefois l’essentiel: sa pleine sécurité. Elle en tire aujourd’hui la leçon sous les bombes, de la plus amère des façons possibles. L’OTAN est de tout cœur avec elle, lui dit-on, mais ses obligations d’assistance mutuelle, qui font l’essence de l’alliance militaire, s’arrêtent exactement à ses frontières. Les militaires occidentaux ne franchiront pas ces limites. D’autant que le chef du Kremlin brandit désormais la menace nucléaire.

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L’Alliance atlantique – cet ennemi juré de Vladimir Poutine mais à qui le président russe a offert une seconde jeunesse – s’est pourtant déjà en partie ressaisie, rassurant ses membres les plus proches de la Russie sur sa volonté de les défendre quoi qu’il en coûte. Voilà longtemps, en réalité, que la Pologne ou les pays baltes réclament à cor et à cri de telles garanties supplémentaires. Même intégrés à l’OTAN, ces pays ne veulent pas être laissés, à leur tour, au milieu du gué.

La crainte? Que Vladimir Poutine, pour qui l’Europe occidentale est un continent «en décadence», ait choisi d’ériger un nouveau Rideau de fer, dont il aurait commencé à dessiner le tracé dans le sang. Soutien continu à l’Ukraine, sanctions contre les dirigeants russes et isolement diplomatique: les Occidentaux se devront de rester unis pour démontrer au président russe que son objectif est inatteignable, quels que soient les prétextes, les pseudo-justifications historiques ou les jérémiades du Kremlin. Il ne peut y avoir qu’un nouveau Rideau de fer, celui qui sépare désormais Vladimir Poutine et ses acolytes d’une Europe qui a choisi une fois pour toutes de régler ses différends autrement que par de bombes.

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