Emmanuel Macron adresse un message au Parlement sur la guerre en Ukraine, après avoir consulté François Hollande et Nicolas Sarkozy
Le président de la République a reçu ses deux prédécesseurs à l’Elysée, vendredi matin, avant de faire lire un texte devant l’Assemblée nationale et le Sénat.
Le président de la République a usé de la possibilité ouverte par l’article 18 de la Constitution, vendredi 25 janvier, en adressant à l’Assemblée nationale et au Sénat un message sur la guerre en Ukraine. Les présidents des deux chambres, Richard Ferrand et Gérard Larcher, ont lu le texte d’environ quatre minutes aux parlementaires, en début d’après-midi.
« Je sais qu’au-delà des divergences qui vous opposent légitimement et qui garantissent la vitalité de notre démocratie, le Parlement saura répondre dans l’unité autour des principes fondamentaux inscrits dans notre Constitution : la souveraineté, la liberté et le respect du droit international », y déclare notamment Emmanuel Macron.
« La guerre à l’Ukraine marque un tournant géopolitique et historique majeur du XXIe siècle et fait courir le risque d’un retour des empires et des conflits de frontières. Cette crise majeure aura des conséquences sur nos vies, notre économie et notre sécurité », estime aussi le chef de l’Etat. « Les sanctions ont un impact dans la durée. Elles ne sont jamais sans conséquences, y compris pour nous mais nous l’assumons, car c’est de la défense de nos valeurs dont il s’agit », expose-t-il également. Le message a été applaudi par les députés.
Une démarche de « tradition républicaine »
Le premier ministre, Jean Castex, était également présent pour entendre les annonces d’Emmanuel Macron, dont la possibilité ouverte par la France d’un envoi de matériel défensif et la décision de sanctionner « les plus hauts dirigeants russes », prise lors d’un Conseil européen, jeudi soir. Des sources européennes ont dit à l’Agence France-Presse que le président russe, Vladimir Poutine, et le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, verront leurs avoirs gelés.
L’ancien président de la République, François Hollande, avait tenu un discours allant dans le même sens, vendredi matin, à l’Elysée, après avoir échangé pendant une heure avec Emmanuel Macron. L’Europe doit « relever le niveau des sanctions » contre la Russie, qui « sont insuffisantes », lui a-t-il recommandé en suggérant notamment l’arrêt des importations de gaz. « Il n’y a pas de diplomatie sans rapport de force », a insisté l’ancien président, qui a souligné que « l’Europe doit se faire respecter ».
« Je considère qu’il faut encore renforcer les sanctions, et notamment les sanctions financières, [sur] le système de transactions monétaires, de manière à ce que la Russie, son économie et ses dirigeants puissent être lourdement frappés », a-t-il également déclaré à l’issue de son entrevue avec le chef de l’Etat. Une orientation adoptée quelques heures plus tard par le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, qui s’est dit en faveur de l’expulsion de la Russie des Etats membres du réseau interbancaire Swift.
Il
a enfin critiqué à mots couverts les candidats à la présidentielle qui
ont remis en cause l’alliance atlantique, ainsi que ceux qui « promettent beaucoup »
alors que la crise en Ukraine risque de pénaliser l’économie française.
Cet entretien est le troisième tête-à-tête entre Emmanuel Macron et
François Hollande depuis 2017 – le premier a eu lieu au moment du
premier confinement, le deuxième au moment du déconfinement;
Après François Hollande, Emmanuel Macron a reçu dans la foulée Nicolas Sarkozy, pour compléter cette recherche de l’unité politique dans une démarche de « tradition républicaine dans un moment de crise aiguë », explique l’Elysée. Face à l’invasion russe en Ukraine, « la seule voie possible est la diplomatie, car l’alternative à la diplomatie c’est la guerre totale », a déclaré Nicolas Sarkozy, en soutenant la stratégie de dialogue d’Emmanuel Macron.
« La voie du dialogue, de la diplomatie est difficile, souvent décevante, mais il n’y a pas d’alternative. Il faut donc continuer dans cette voie. Et si la France ne le fait pas, personne ne le fera », a ajouté l’ancien président. « C’est la raison pour laquelle j’ai approuvé la démarche du président Macron quand il est allé à Moscou », a-t-il expliqué, lui qui avait également privilégié la négociation avec Moscou lors de la crise en Géorgie en 2008.
Nicolas Sarkozy a aussi souhaité que la France propose la création de « nouvelles institutions multilatérales ». « Aujourd’hui, plus rien ne marche. L’OTAN, ça fonctionne pas. Le G7, ça fonctionne pas. Le G20, dont j’ai voulu la création, ça ne fonctionne pas. Et même l’ONU, qui oscille entre apathie et immobilisme », a-t-il lancé.
« Nous sommes en 2022, il est temps d’inventer les institutions qui permettront le multilatéralisme du XXIe siècle. Or nous vivons avec les institutions qui sont celles du XXe siècle. C’est à la France (…) de proposer de grandes initiatives. De toute crise peut sortir le pire, mais parfois le meilleur », a-t-il conclu.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire