jeudi 31 décembre 2020

LE RUBICON EST FRANCHI !

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Elise Lucet, la présentatrice et rédactrice en chef des magazines de France 2 « Envoyé spécial » et « Cash investigation ». CHARLOTTE SCHOUSBOE / SCHOUSBOE Charlotte - FTV
C’est la goutte d’eau qui a fait déborder un vase qui se remplissait silencieusement. « D’habitude, on travaille chacun de notre côté, raconte Elise Lucet, la présentatrice et rédactrice en chef des magazines de France 2 « Envoyé spécial » et « Cash investigation ». Mais quand on a reçu cette convention de tournage, on a commencé à s’appeler les uns et les autres. C’est rarissime. En quelques heures, tout le monde a répondu présent. »
Samedi 28 novembre, les directeurs de l’information des chaînes de télévision, les présentateurs, producteurs, rédacteurs en chef de magazines d’information, les sociétés de journalistes et diverses instances représentatives ont collectivement dit « stop ». Dans une tribune publiée sur le site de Franceinfo, ils s’alarment : « Les tentatives de contrôle de nos tournages par les pouvoirs publics (police, justice, administration pénitentiaire, gendarmerie notamment) n’ont jamais été aussi pressantes (…). En exigeant une validation de nos reportages, les pouvoirs publics veulent s’octroyer un droit à la censure. »
A l’origine, les conventions de tournage sont destinées à protéger « la sécurité des personnes ou d’institutions dans des cas très spécifiques », rappelle le texte. Etablies entre les équipes de tournage et les institutions qui les accueillent, elles visent, par exemple, à préciser qui ou quoi flouter. « Respecter l’anonymat d’agents du ministère de la défense, dissimuler les caméras de surveillance dans les établissements pénitentiaires, évidemment, tout cela est déontologiquement acceptable, reconnaît Elise Lucet. Mais il y a clairement une dérive. Ces dernières années, on a progressivement vu apparaître de nouveaux alinéas, des demandes de plus en plus intrusives, qui constituent des entraves à notre métier. »
Une velléité de contrôle éditorial quasi total
Les récentes conditions réclamées par le service de la communication de la police nationale, à l’occasion d’un reportage à venir pour « Envoyé spécial », ont constitué une sorte de Rubicon. Cette fois, il était exigé de « visionner l’émission dans sa version définitive avant première diffusion...


 

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