mercredi 2 décembre 2020

A.S.I., CE MEDIA AUX JOURNALISTES REBELLES


#24 02-12-2020

L'Hebdo #24. Que fait la police des polices ?



C'était vendredi dernier, juste après la conférence de rédaction quotidienne d'Arrêt sur images, il devait être quelque chose comme 10H45. Notre Loris Guémart avait sous les yeux un mini-rapport de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) sur l'évacuation violente, par la police, des migrants de la place de la République à Paris, le 24 novembre. À propos des coups portés à cette occasion au reporter de Brut Rémy Buisine, l'IGPN y écrivait que les éléments du récit du journaliste n'étaient "ni corroborés ni infirmés par un témoin directement présent sur la scène". Loris s'est alors mis en quête de "témoins de la scène", à l'aide de son seul téléphone et d'une recherche TwitterRésultat : en quatre heures, il a pu récolter pas moins de "cinq témoignages de journalistes situés à moins de trois mètres de l'agression". Son enquête est ici (en accès libre), et confirme les dires de Buisine. L'IGPN devrait peut-être s'inspirer des méthodes de Loris, efficaces et peu gourmandes en matériel. 

Lundi était révélée une enquête-vidéo du média Disclose et du groupe de chercheurs londoniens Forensic Architecture sur la mort de Zineb Redouane à Marseille, il y a deux ans, en marge d'une manifestation des Gilets jaunes. La police avait conclu à un accident, ce que conteste avec précision le travail de Disclose. A l'époque, l'IGPN n'avait pas réussi à saisir le lance-grenades ayant tué Mme Redouane, et déclaré que la caméra de surveillance la plus utile à l'enquête ne fonctionnait pas ce jour-là ; nous vous le racontions dans cette analyse passionnante (en accès libre) du rôle de l'IGPN pendant le mouvement des Gilets jaunes, où sont aussi passées en revue la mort de Steve à Nantes, les violences du commandant Andrieux à Toulon, les blessures de la manifestante Geneviève Legay à Nice, et l'affaire des 151 collégiens et lycéens mis à genoux pendant plusieurs heures à Mantes-la-Jolie. A lire absolument. 

Lundi également, Gérald Darmanin admettait du bout des lèvres que le patron de l'IGPN pourrait être recruté hors des rangs de la police, histoire de restaurer la crédibilité de l'institution. Nous vous décrivons ici comment fonctionne la police des polices aux États-Unis, en Belgique, au Danemark, au Royaume-Uni... Cela ne vous surprendra pas :  les IGPN de ces pays, bien qu'imparfaites, sont plus indépendantes et plus transparentes qu'en France. Après les méthodes de Loris, voici une autre source d'inspiration. 

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Emmanuelle Walter, rédactrice en chef

 

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