mercredi 25 novembre 2020

CES JOURNALISTES DE TERRAIN QU'IL NE FAUT PAS CONFONDRE AVEC NOMBRE DE CONFRERES DE PLATEAUX TELE, RELAIS D'UN POLITIQUEMENT CORRECT (1).

Forces de l'ordre

Les journalistes, cibles de moins en moins collatérales de la police

Par Adrien Franque
Un policier lors de l’évacuation du campement de migrants à Saint-Denis, le 16 novembre. Photo Michael Bunel. Le Pictorium

Les reporters de manifs ont depuis peu remarqué un net accroissement de l’agressivité des forces de l’ordre à leur encontre, notamment depuis le débat sur la loi de «sécurité globale».

«Troisième fois de la soirée par le même policier. Pris à la gorge la première fois, violemment projeté la seconde fois… C’est vraiment dur ce soir…» Alors qu’il couvrait l’évacuation du camp de migrants place de la République par les forces de l’ordre, le journaliste du média en ligne Brut Rémy Buisine a été violemment pris à partie par des policiers. Dans une vidéo filmée par Nicolas Mayart, journaliste du Média, on voit Buisine coincé par un policier contre un mur du cinéma Luminor Hôtel de ville, celui-ci lui écrasant la jambe avec son pied. «Ça a dérapé totalement, a-t-il relaté mardi matin sur Europe 1. Nous, en tant que journalistes, on a été entravés à de nombreuses reprises, on a reçu des coups, on a été bousculés.» Son employeur a indiqué mardi avoir pris contact avec la préfecture de police et le ministère de l’Intérieur pour «demander des explications». Le parquet a annoncé l’ouverture d’une enquête pour des «violences par personne dépositaire de l’autorité publique», confiée à l’IGPN.

C’était place de la République, déjà, que Rémy Buisine s’était fait connaître en 2016, lors de la mobilisation Nuit debout, qu’il retransmettait soir après soir. Le live total ou presque sur les réseaux sociaux, une marque de fabrique reprise avec Brut, pour qui il a notamment couvert les manifestations des gilets jaunes. Son style journalistique affirme un désir de montrer l’événement le plus entièrement possible, sans filtre, en l’agrémentant d’éléments de contexte ou d’interviews. Le fait qu’il ait été pris pour cible par des policiers lundi soir étonne donc d’autant plus ses confrères qui couvrent des manifestations en direct, souvent des reporters de luttes plus radicaux dans leur dénonciation des violences policières. «Je n’ai jamais vu Rémy Buisine s’énerver contre un policier, raconte ainsi Nicolas Mayart. Il a un certain recul, une neutralité, qui l’oblige à se tenir vraiment carré.»

Ces journalistes de manifs, reporters en live sur les réseaux sociaux ou photojournalistes, sont les principaux producteurs d’images attestant de violences policières ces dernières années. Ils sont visés par Beauvau, qui leur reproche une approche militante et l’absence de carte de presse pour certains. Depuis mardi dernier et la première mobilisation contre la loi de «sécurité globale», ils observent une montée de l’agressivité des forces de l’ordre contre les médias, similaires aux atteintes à la liberté de la presse pendant les gilets jaunes. «Ces derniers temps, les incidents où des policiers s’en prenaient à des journalistes étaient plus ponctuels, raconte le journaliste indépendant Clément Lanot. Mais cette semaine, entre mardi à l’Assemblée et samedi au Trocadéro, jusqu’à hier soir, on a l’impression que ça devient systématique. On espère que ça va se calmer. On aimerait bien couvrir une actualité avec des tensions sans se prendre des coups.»

Adrien Franque / Libération
 
 
(1)  On pourra lire aussi, avec beaucoup d'intérêt, l'acharnement 'exemplaire', dont a été victime, le 17 novembre, le journaliste de France-3 Tangui Kermarrec, - exemplaire car il compromet aussi, et Darmanin, et le parquet de Paris ! Cela est relaté page 3 du 'Canard' de ce jour, sous le titre "Une chasse à la presse un peu empressée". 
Hallucinant ! Il y a du souci à se faire !
J.P. C. 

 

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