Lettre ouverte d’un citoyen ordinaire au Président de la République
- 4 mai 2020
- Par patrick.champagnac
- Blog : Le blog de patrick.champagnac
Monsieur le Président de la République ,
Il y a dans
l’histoire de France et du monde, des hommes et des femmes qui sont
comme des boussoles pour tous ceux qui restent épris de liberté , de
justice et d’égalité.
A moins d’une volte-face de votre part et d’un
mea culpa de dernière minute après moulte palinodies dans la gestion
désastreuse de notre pays, que retiendront de vous les français ? Sinon
un homme qui a abandonné son peuple . Sans protection aucune dans les
griffes de cette terrible pandémie. Vous nous avez abandonnés en chemin ,
nous et nos familles et nos enfants , alors que vous aviez la
possibilité et le pouvoir de nous protéger. C’était votre devoir de le
faire. Vous en aviez l’obligation morale et intellectuelle. Il suffisait
dès vos premiers jours de présidence, en mai 2017, de prendre la
décision de reconstituer nos stocks stratégiques de masques sanitaires,
de gels hydroalcooliques, de tests virologiques et de respirateurs
artificiels , de rouvrir ou de relocaliser dans le même temps nos usines
de fabrication de ces produits que vos prédécesseurs avaient vendues à
l’étranger par appât du gain. Dès vos premiers jours de présidence ,
vous auriez pu prendre cette décision en proclamant comme le firent nos
anciens « Salus populi suprêma lex est ! » . Que le bien-être du peuple
soit la loi suprême !
Alors oui les français auraient pu disposer
depuis plus de trois mois maintenant de vrais masques sanitaires FPP2,
FPP3 ou N95 pour ce protéger du coronavirus . Ils n’auront à la place
que des masques artisanaux fabriqués avec des bouts de tissus dont
l’efficacité est réduite de 30 à 40 % .
Que retiendront de vous les
français sinon un homme dogmatique qui est resté sourd non seulement à
la détresse de son peuple qui depuis plusieurs mois s’exprime dans la
rue mais sourd aussi aux nombreuses alertes de pandémie lancées chaque
année depuis 2003 par les experts , les organisations internationales
comme l’OMS, par plusieurs rapports parlementaires, par nos services de
renseignements .
Aujourd’hui il nous est devenu presque plus facile
d’imaginer la fin du monde que d’imaginer un autre monde capable de nous
garantir un avenir . Nous vivons désormais avec ce douloureux sentiment
, loin de l’ivresse joyeuse des temps passés. Me croisant sur un quai
de gare peut-être Monsieur le Président m’auriez vous catalogué d’une de
vos expressions favorites comme faisant partie des « gens de rien « .
Sachez que je suis un citoyen ordinaire d’un certain âge qui a cru en
l’avenir en fondant une grande famille , un père aimant , avec des
enfants éparpillés aujourd’hui sur plusieurs continents . Je pourrais
vous parler du monde d’avant où la vie avait les lèvres douces comme les
prairies du ciel, où nous l’embrassions et la croquions même à pleines
dents . Aujourd’hui les français ont la peur au ventre. Peur d’être
contaminés par ce virus , peur qu’il vienne broyer nos vies , nos
familles , nos enfants . Confinés , interdit de circuler , de voyager ,
de rendre visite à leurs parents à leurs enfants et petits- enfants ,
ils n’ont plus goût à rien . « Il meurt lentement celui qui ne voyage
pas, celui qui ne lit pas , celui qui n’écoute pas de musique « disait
Pablo Neruda.
Aux fins fonds de nos sombres nuits où nous avançons
aveugle cherchant une lumière d’espoir à nos vies , ressurgissent à
présent ces vieux rêves primitifs d’abandon. Souffrance infantile dont
nous nous protégions tous .
« Les nuits sont enceintes et nul ne connaît le jour qui naîtra « dit un proverbe turc.
Que
sera le jour d’après Monsieur le Président ? Vous avez rendez-vous avec
l’Histoire . Vous avez l’opportunité de replacer l’humain au centre de
tout. Allez-vous corriger notre système économique qui a été subverti et
détourné au profit d’intérêts privés d’une petite classe d’oligarques
qui partout sur la planète saccagent nos écosystèmes et plongent des
centaines de millions d’êtres humains dans la précarité , le chômage et
la misère. Car ce sont eux les nouveaux tyrans des temps modernes . «
Ils n’ont pas de visage... » avait lancé François Hollande . Et ils
feront tout pour que le monde d’après soit le monde d’avant. Ces
nouveaux tyrans ne veulent rien changer. Comme après la grande crise
financière et sociale de 2008. Ils reviendront plus fort, plus
prédateurs que jamais .
En ces temps incertains , ce sont les vers de Heinrich Heine qui me reviennent à la mémoire :
Lächelnd scheidet der Tyran,
Dem er weiss, nach seinem Tode,
Weckselt willkür nar die Hände,
Une die Knechtschaft hate keine
Ronde. « .
Le
Tyran meurt en souriant, car il sait qu’après sa mort , la tyrannie
changera seulement de mains et que l’esclavage est sans fin.
Avec tout le respect que je vous dois Monsieur le Président et en espérant un jour vous rencontrer.
Pourquoi pas?
Patrick Champagnac
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