vendredi 23 octobre 2020

RECONFINEMENT : UN COUP DE COLERE.

La vie sous l'occupation sanitaire

Petit pastiche inspiré par un article du Matin, fameux journal de 1943...

En ces temps de guerre (1), une dure discipline s’impose à tous. Et surtout aux grandes métropoles qui souffrent d’une reprise de l’épidémie, favorisée par les déplacements touristiques de l’été, par l’inconscience de la jeunesse et par ce sot besoin humain de vivre en société.

Croyait-elle, cette génération, pouvoir comme les précédentes s’amuser innocemment et profiter de la vie ? Et bien non ! La guerre a été déclarée et quand la guerre est déclarée les soldats montent au front, masqués, disciplinés, obéissants. Partout l’ennemi rôde, tapi dans la salive, les postillons, la toux, la sueur… Fini le bon temps, fini la rigolade abêtissante ! La musique assourdissante ! La joie de vivre !

Nous avons dû, contraints par de dures nécessités, réduire les libertés publiques, obliger pour leur bien et leur santé, nos citoyens à réduire voire supprimer leur vie sociale, grâce au couvre-feu pour les bars et les restaurants, grâce aux restrictions de rassemblements, grâce à la vigilance constante et soutenue des forces de l’ordre, de la santé publique, de la morale !

Et encore plus dans les grandes villes. Punies ! Punies de croire que boire un café en terrasse n’est pas plus dangereux que de prendre le train ou d’aller au supermarché… Punies de ne pas vouloir se coucher avec les poules qui n’auront jamais de dents pour mordre la main qui leur tend les aides sociales. Au lit à 21h et bonne nuit les petits ! Le marchand de covid est passé !

Au plus fort de l’épidémie, nous avions compris qu’exposer le peuple au plein air, à la mer, à la montagne, ne pouvait que faire croître son désir d’évasion et nous y avions mis le hola. Oui, le grand air est bon pour l’immunité, mais non on n’ira pas danser en gilet jaune dans les vagues !

Instruits par l’expérience du printemps et le relâchement du déconfinement, il a été décidé de « resserrer la vis ». La grande vis de la santé qui enfonce avec tristesse les clous de nos cercueils face à une épidémie que, faute de savoir soigner et faute de moyens humains et médicaux, on essaye de contenir par la force.

Certains esprits chagrins insinuent que personne n’est coupable d’être malade et que les mesures restrictives pourraient être annoncées avec compassion et regrets plutôt qu’avec la brutalité de l’autoritarisme bien pensant.

Ils ont tort ! On ne peut pas montrer de faiblesse face à un virus aussi insolent et sournois que la population rétive.

C’est ainsi que décidé à faire respecter par tous les règles de la discipline, le gouvernement espère avec l’aide inestimable des puissants laboratoires amis pouvoir avant l’hiver améliorer notre sort.

Nous n’étions pas habitués à de telles disciplines. Même pendant la dernière guerre, quand les bombes pleuvaient et que les bottes ennemies nous piétinaient, nous n’avons jamais cessé d’aller au cinéma, au théâtre, aux concerts, aux matches, nous n’avons jamais connu une France fermée, sans joie et sans rassemblements. La nécessité nous impose ces privations. Le gouvernement doit les faire respecter !

Grâce à la politique instaurée en plein accord avec les autorités sanitaires, nous allons bientôt recueillir le fruit de nos efforts.

Nous avons parlé de discipline. Elle est nécessaire, elle est indispensable partout, elle s’impose à tous et à tous les degrés !

Tous les Français doivent, comme cas contacts, respecter la semaine d’isolement ! Ils doivent, comme travailleurs, comprendre les sacrifices exigés et les réductions de salaire. Ils doivent comme fonctionnaires être les agents actifs et fidèles de l’état, et trimer de bon cœur dans les hôpitaux pour des rémunérations ridicules. Ils doivent sans délai faire leur choix : servir ou se démettre, sans oublier de se faire vacciner contre la grippe.

Aux jeunes, le silence, l’obéissance, la solitude des réseaux, aux adultes le dévouement à la collectivité, l’enthousiasme du devoir accompli inutilement, aux vieux, la solitude et la mort.

Certains fâcheux objecteront qu’obliger les gens à vivre assis, supprimer la possibilité de sortir le soir, condamner les discothèques quelle que soit leur taille, la diffusion de musique ou la danse, évoquent des dictatures eugénistes. Mauvais esprits !

D’autres pays, soucieux du bien-être physique et mental de leur population, tels que l’Arabie Saoudite, l’Iran ou la Corée du Nord ont depuis longtemps adopté de telles mesures.

Certains protesteront qu’interdire quand on ne sait pas soigner n’est qu’une preuve de faiblesse et d’incurie et que les 150 000 citoyens-ne.s qui meurent du cancer chaque année pourraient s’étonner de l’effervescence stalinienne provoquée par le nouveau virus. Et bien ceux là ne sont pas de bons citoyens. Un bon citoyen comprend que l’Etat veille à son bien-être malgré lui, comme un parent veille sur son enfant et le réprimande avec justesse. Quand le destin de la nation est en jeu, l’indulgence doit faire place à la sévérité.

L’interdiction de mouvoir ses membres en musique en est un exemple !

Nous réfléchissons d’ailleurs à obliger la population à se déplacer au pas de l’oie, excellent pour la condition physique.

Travail, Santé, Patrie !

 

(1)  "La guerre"... le mot est 'tendance' : la grande conscience, la philosophe Elisabeth Badinter, vient de nous le rappeler, 'nous sommes en guerre' - face au djihadisme. Alors, étendre le mot d'ordre de défense nationale à la santé publique (sic) macronienne, rien de plus logique. Et puis, en plus, n'ayons pas peur des mots : "couvre feu" sonne bien mieux pour un 'tous aux abris' qu'un neutre 'confinement nocturne', par exemple.


 

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