mercredi 19 août 2020

PROMOTION DES BAYROU, BUZYN ET UNE BROCHETTE DE HAUTS FONCTIONNAIRES ET AFFIDES : EST-CE ASSEZ CLAIR ?

Toujours moins exemplaire, Emmanuel Macron récompense amis et alliés

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Au cœur de l'été, le président de la République a officialisé une salve de nominations afin de recaser ses fidèles, conseillers ou personnalités politiques en difficulté. Dans la plus pure tradition de ses prédécesseurs.

 

Gros coup de balai dans les postes clés de la République au cœur de l’été : Emmanuel Macron veut imprimer sa marque à tous les niveaux de l’État. Fin juillet, le dernier conseil des ministres a officialisé une vague de nominations de préfets, de préfètes ainsi que de directeurs et directrices d’administration ou de service. Ce jour-là, ce ne sont pas moins de 62 nominations qui sont rendues publiques.

Emmanuel Macron, chantre de « la politique autrement » ne déroge pas à cette tradition qui consiste à marquer un mandat par une salve de distributions de postes. Dans les pas de ses illustres prédécesseurs, il en profite pour récompenser les fidèles ou pour gratifier les alliés.

Emmanuel Macron et François Bayrou en janvier 2020. © AFP Emmanuel Macron et François Bayrou en janvier 2020. © AFP

Le préfet Stéphane Bouillon, directeur de cabinet de Christophe Castaner, est largement promu en étant nommé secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale. Un poste de grande responsabilité pour ce préfet hors classe, qui a secondé le ministre de l’intérieur durant la répression du mouvement des gilets jaunes et le vote de la loi « anticasseurs ». Comme ancien préfet de Corse, il a été condamné en avril 2017 pour faute, par le tribunal administratif de Bastia, pour l'autorisation de permis de construire illégaux à Coti-Chiavari.

Lui aussi passé Place Beauvau au temps de Gérard Collomb, Jean-Marie Girier a droit a sa promotion. Actuel directeur de cabinet du président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, il fut surtout la tête pensante de la campagne électorale d’Emmanuel Macron. En attendant 2022, il occupera la préfecture du Territoire de Belfort.

Il y a évidemment d’autres membres de cabinets qu’il convient de recaser pour services rendus. Xavier Brunetière, ancien conseiller pour l’outre-mer d’Édouard Philippe, est parachuté préfet du Gers, tandis que Pierre Regnault de la Mothe, ex-conseiller pour les affaires intérieures, hérite d’un poste de préfet « chargé d’une mission de service public relevant du gouvernement ».

Anne Clerc, qui fut la cheffe de cabinet du précédent premier ministre, est quant à elle nommée préfète déléguée pour l’égalité des chances dans les Hauts-de-Seine. Elle travaillera, dans ce territoire historiquement de droite, avec le nouveau préfet Laurent Hottiaux, qui n’est autre que l’ancien conseiller sécurité d’Emmanuel Macron et qui fut camarade de banc à l’ENA avec Alexis Kohler, l’actuel et tout-puissant secrétaire général de l’Élysée.

Autre départ récompensé à la présidence de la République : celui de l’ancien chef de cabinet adjoint d’Emmanuel Macron, Rodrigue Furcy, qui va investir la préfecture des Hautes-Pyrénées.

Son ex-collègue, chargée des questions de santé auprès d’Emmanuel Macron, elle aussi a droit à sa récompense. Marie Fontanel devient représentante permanente de la France auprès du Conseil de l’Europe à Strasbourg. Pourtant, cette inspectrice des affaires sociales avait quitté le navire élyséen le 31 janvier, alors que l’OMS venait de déclarer « l’urgence de santé publique de portée internationale », pour revenir à Strasbourg justement auprès de sa famille et de son mari candidat finalement vaincu lors des municipales.

Abandonner une mission de premier plan quand l’urgence sanitaire commanderait une implication totale n’est donc pas un handicap pour obtenir un poste prestigieux. Agnès Buzyn en est l’éclatant exemple qui, après avoir démissionné du ministère de la santé le 16 février pour se présenter à Paris, est pressentie pour prendre la tête d’Universcience, établissement public regroupant le Palais de la découverte et la Cité des sciences et de l’industrie.

Agnès Buzyn n’est donc pas maire de Paris, mais le pouvoir lui offre une mission au cœur de la capitale. Frédérique Calandra, ancienne maire du XXe arrondissement, ex-PS ralliée à LREM, n’a même pas passé le premier tour lors des municipales. Elle devient pourtant déléguée interministérielle à l’aide aux victimes. Karim Amellal, tête de liste LREM dans le Xe et lui aussi largement défait, voit son échec cuisant récompensé par un poste de délégué interministériel à la Méditerranée.

Quant à François Bayrou, son cas est en tout point significatif des renoncements successifs d’Emmanuel Macron en matière d’exemplarité. Le président du MoDem, sous le coup d’une mise en examen pour de présumés emplois fictifs, est annoncé comme le futur Haut Commissaire au plan. Il avait pourtant dû démissionner en juin 2017 de son poste de ministre de la justice alors qu’avait été ouverte une enquête préliminaire.

Mais le président de la République ne peut se passer de cet allié, même en délicatesse avec la justice, alors que le groupe LREM à l’Assemblée a perdu la majorité absolue au fil des départs de certains élus, et que le MoDem se pose désormais en position d’arbitre sur la politique gouvernementale. Quant à l’abandon de l’éthique en politique – dont le cas de Gérald Darmanin est le plus criant exemple –, il est lui aussi de plus en plus promu.

 

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