Edito |
Retraites: l’écologie doit se remettre au travail |
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| 1.2.2023 Par Jade Lindgaard / Médiapart |
| Parmi les slogans brandis dans les manifestations massives contre la
réforme des retraites, mardi 31 janvier, cette affiche dessinée à la
main et insérée dans un panneau publicitaire : « Grève recombustible ». Le feu, symbole de la colère sociale. Les flammes, annonciatrices, aussi, de la chaleur qui va dévorer des pans de plus en plus larges du monde avec l’aggravation des dérèglements climatiques. Plus grand nombre de manifestant·es depuis 30 ans, des défilés fournis dans beaucoup de villes moyennes et de petites communes : quelle qu’en soit l’issue, cette mobilisation marque d’ores et déjà un regain historique de mobilisation sociale. Elle affirme le rejet frontal de l’âge légal de départ à 64 ans. Mais dans les cortèges s’expriment aussi mille autres protestations et aspirations : le refus de perdre sa vie à la gagner par des boulots pénibles, le ras-le-bol du travail subi et dépourvu de sens, la volonté de profiter de la vie et de ses amours, l’injustice qui fait qu’un héritier fortuné sera toujours plus riche qu’un travailleur dévoué. Face à cette explosion de paroles, impossible de ne pas s’interroger sur le décalage avec ce que portent aujourd'hui les mouvements écologistes. Obnubilés par la réduction des émissions de gaz à effet de serre, ils ont produit une extraordinaire quantité de connaissances scientifiques et de contre-expertises citoyennes sur la sortie du pétrole, les villes en transition, l’éco-citoyenneté, les transports propres, la construction zéro carbone, la sortie des pesticides, les circuits courts, etc. Mais très peu d’analyses, de revendications et même d’implication dans les luttes du travail. À de rares exceptions, comme la mobilisation de la raffinerie Total à Grandpuits, en Seine-et-Marne, à partir de 2021 contre sa délocalisation partielle et le greenwashing. Pourtant, le travail est au cœur des questions sociales, et devrait donc se trouver aussi au cœur des discours et actions de celles et ceux qui réclament de l’action pour le climat. Le droit à travailler sans s’intoxiquer. La demande de moyens de transports socialement et écologiquement corrects. L’adaptation des lieux de travail à la catastrophe climatique en codécision avec leurs employé·es. La création massive d’emplois de la transition écologique dans les services publics et le secteur associatif. La liste est longue des sujets à remettre sur l’établi. Pendant la journée de Total de Mediapart, le 28 janvier, le responsable CGT de Total GrandPuits, Adrien Cornet, a directement interpellé le mouvement climat : « N’oubliez pas les travailleurs quand vous parlez de transition écologique. » |
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