Un char Leclerc, sur un terrain d’entraînement, à Smardan, dans l’est de la Roumanie, le 25 janvier 2023.

La question a très vite surgi après l’annonce, mercredi 25 janvier, de l’envoi en Ukraine de chars Leopard allemands et Abrams américains : la France va-t-elle suivre le mouvement et livrer à son tour des chars lourds modernes aux forces de Kiev ? L’armée de terre va-t-elle accepter de se séparer de quelques-uns des 226 Leclerc chenillés dont elle dispose ? Ou va-t-elle se contenter d’envoyer des AMX-10 RC, un char léger monté sur roues progressivement retiré du service, comme Emmanuel Macron l’a annoncé le 4 janvier ?

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Officiellement, des « discussions » ont lieu depuis plusieurs semaines entre Paris et Kiev sur l’opportunité de fournir des Leclerc aux forces ukrainiennes, et aucune décision définitive n’a été prise. Selon l’Elysée, le sujet a encore été abordé par le président de la République lors d’un échange téléphonique, mardi 24 janvier, avec son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky. « Les échanges entre les experts français et ukrainiens se poursuivent, notamment pour estimer le rapport coût-bénéfice d’une telle fourniture », explique une source officielle, écartant l’hypothèse d’une livraison rapide.

Un char de combat n’est, il est vrai, pas un matériel comme les autres. Fer de lance des armées, c’est le seul engin terrestre qui combine mobilité (avec ses chenilles), protection (avec son blindage) et puissance de feu (avec son canon de 120 mm). « Un Leclerc peut rouler jusqu’à 80 km/h, détruire en se déplaçant une cible située à 4 000 mètres de distance, tout en protégeant son équipage des tirs ennemis », précise le colonel Alexandre de Féligonde, chef de corps du 1er régiment de chasseurs (1er RCh) de Verdun, qui commande le bataillon blindé envoyé par la France en Roumanie après l’invasion de l’Ukraine, dans lequel se trouvent notamment treize chars Leclerc, afin d’assurer la défense du flanc oriental de l’Europe.

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Seul hic, ces monstres d’acier de plus de 50 tonnes sont « aussi robustes que fragiles », reconnaît une source militaire. Un char moderne demande un soutien logistique très important lorsqu’il est déployé. Pour le ravitailler en carburant et en munitions, mais surtout pour assurer sa maintenance. Quand un char roule, deux sont immobilisés, ont l’habitude de dire les spécialistes de la cavalerie mécanisée. En Roumanie, quelque 200 hommes du 1er RCh, accompagnés de deux chars de dépannage, ont été déployés pour s’occuper de la poignée de Leclerc envoyés. Pour l’avoir oublié, Moscou a perdu des dizaines d’unités au début de son offensive en Ukraine : partis à l’assaut de Kiev sans soutien, une partie des T-72 et des T-80 russes ont dû être abandonnés par leur équipage, à court de carburant ou simplement incapable de les dépanner.

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