Réforme des retraites : Sans obstruction, comment LFI veut s’opposer au texte à l’Assemblée
Les députés insoumis ne déposeront pas 75 000 amendements contre la réforme des retraites. Mais ils entendent choisir leurs moments pour « montrer la nullité » du texte.
POLITIQUE - Y aura-t-il 75 000 amendements déposés contre la réforme des retraites le 6 février prochain ? Si c’est le cas, ce ne sera pas du fait des seuls députés LFI. Au lendemain de la présentation du texte en conseil des ministres, les Insoumis affinent leur stratégie pour s’opposer au projet du gouvernement.
« La dernière fois, nous étions 17 parlementaires insoumis, nous avions déposé 17 000 amendements. Aujourd’hui nous sommes 75. Voilà », avait déclaré Mathilde Panot sur LCI le 3 octobre dernier. Elle avait alors fait planer le doute d’une obstruction parlementaire venue des rangs LFI. À tort, à en croire les élus concernés.
« À aucun moment Mathilde Panot n’a dit que nous allions déposer 75 000 amendements, mais seulement qu’on était en capacité de le faire », nuance ce mardi 24 janvier auprès du HuffPost une source parlementaire LFI. « L’obstruction, elle sert à ça, (...) poser, reposer des questions, mettre une foule d’amendements », laissant le temps à la mobilisation de « monter en puissance », décrypte aussi Clémentine Autain sur France2. Mais cette technique a finalement été écartée, au vu du véhicule législatif choisi pour la réforme.
Pourtant, ce mardi soir Mathilde Panot est allée à rebours de ces dernières déclarations en annonçant que son groupe allait faire « obstruction » à la réforme des retraites avec « des milliers d’amendements », lors d’un débat organisé sur BFMTV avec Jordan Bardella, président du Rassemblement national, et Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement.
« Adapter » la stratégie parlementaire
Le gouvernement présentera la réforme des retraites par le biais du projet de loi de financement rectificatif de la Sécurité sociale. Ce qui lui permet d’avoir recours à l’article 47.1 de la Constitution, limitant à 50 jours les débats au Parlement (20 jours à l’Assemblée). Faute d’accord d’ici le 26 mars à minuit, les dispositions de la réforme pourront être prises par ordonnance.
Dans ce contexte, « on est obligé d’adapter nos plans. Le débat étant contraint par le temps, notre stratégie ne sera pas de le faire durer », résume notre source. « Nous ne déposerons pas 1 000 amendements par député » affirme aussi François Ruffin sur France inter ce mardi. Désormais, leurs efforts seront concentrés sur le fond « pour montrer la nullité sur tous les points » tacle le député de la Somme. Dans leur viseur notamment, la revalorisation à 1 200 euros brut et pas net du minimum de pension ou encore la question des femmes, plus pénalisées que les hommes par le recul de l’âge légal.
L’autre enjeu est d’« arriver jusqu’à l’article 7 pour pouvoir débattre de tout ce qu’il y a dans la loi », a expliqué Clémentine Autain sur France 2. L’article 7 étant celui sur le recul de l’âge légal qui cristallise toutes les colères. « En fonction de l’ordre d’examen, on débattra moins mais on se concentrera sur les points saillants », promet une source insoumise qui assure que le groupe entend utiliser tous les leviers parlementaires à sa disposition pour bloquer le texte.
« Ce n’est pas par l’Assemblée nationale qu’on gagnera »
Le premier d’entre eux, la motion référendaire, a été déposé ce mardi par 98 députés NUPES. Engrangera-t-elle suffisamment de voix dans l’hémicycle pour atteindre la deuxième étape au Sénat ? Le groupe de Marine Le Pen ne s’interdit pas de voter la motion déposée par la NUPES, a appris Le HuffPost auprès du groupe lepéniste, même si le Rassemblement national entend lui aussi en déposer une en son nom.
Autre option, celle de la motion de rejet préalable. Une source socialiste assure ce mardi au HuffPost que chaque groupe de la NUPES a déposé individuellement la sienne mais c’est celle de LFI qui sera examinée. Sans oublier la possibilité de la motion de censure, déjà utilisée à plusieurs reprises par les Insoumis depuis le début de la législature. « La guérilla parlementaire est un art », résumait le matin même François Ruffin.
Néanmoins, pour la majorité des députés insoumis, cette bataille parlementaire ne doit venir qu’en soutien de celle qui se joue dans la rue. « Ce n’est pas par l’Assemblée nationale qu’on gagnera sur ce sujet, ça me paraît une évidence », a déclaré Manuel Bompard, nouveau numéro 1 de LFI dimanche 22 janvier au micro de France Inter/Le Monde/France TV. Après le succès de la mobilisation du 19 janvier, le prochain rendez-vous a été fixé à la fin du mois. « Le 31 janvier, il y a un enjeu à ce que nous soyons beaucoup plus nombreux que la dernière fois parce que c’est le seul moyen de faire reculer le gouvernement », a souligné Clémentine Autain.
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