jeudi 26 janvier 2023

QUAND LE POISON GAULLISTE DU PRESIDENTIALISME ATTEINT LE CREUX DU CREUX DE LA VAGUE... SANS SURPRISE, C'EST EN PACA QUE LE SAUVEUR APPARAÎT A SES DISCIPLES DE LA PRESSE REAC (1)

 

 Lisnard 2027 : la presse libérale s'enflamme pour le maire de Cannes

Et que ça brille !

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« Le Figaro », Atlantico, « Valeurs Actuelles » : tous prédisent au président de l’Association des maires de France un destin présidentiel, attendant de David Lisnard qu'il renouvelle le fameux « logiciel de la droite ». L'espoir fait vivre.

« Sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur. » Dans le portrait qu'il consacre à David Lisnard ce 20 janvier, c'est aux derniers mots de sa devise que Le Figaro s'attache à rester fidèle. La nouvelle coqueluche de la droite libérale se retrouve en effet paré de toutes les vertus, au point que nos confrères imaginent au maire de Cannes, récemment élu président de l’Association des maires de France, un destin présidentiel. Sans blague !

Signe du déclassement des Républicains : alors que Le Figaro réservait naguère ses pâmoisons aux figures de proues qu'étaient Nicolas Sarkozy et François Fillon, il roucoule désormais pour un édile arrivé derrière Xavier Bertrand, Valérie Pécresse, François Baroin, Laurent Wauquiez, Michel Barnier, Éric Zemmour et Bruno Retailleau lors de la dernière enquête d’opinion prenant en compte « l’hypothèse Lisnard » pour l’Élysée, en date de… juillet 2021. Autant dire que l’auteur du panégyrique flirte avec l’euphémisme en titrant son portrait « l’outsider de la droite ».

Mais ces choses-là se sentent plus qu’elles ne se mesurent. Le récit d'un échange enthousiaste avec un couple d’électeurs « au milieu des étals du marché de Forville » donne la mesure de cet engouement naissant : « 'Bonjour Monsieur le maire. Quand est-ce qu'on dit Monsieur le président ?’ L'interpellation de ce Cannois ne surprend pas David Lisnard, mais le maire, même s'il est flatté, ne peut réprimer une petite gêne. ‘Ne dites pas ça devant le journaliste’, lance-t-il en rigolant, au milieu des étals du marché de Forville. ‘Ah non, il reste là, reprend l'épouse de l'homme qui verrait bien David Lisnard à l'Élysée. La ville n'a jamais été aussi bien tenue depuis qu'il est là. Il est parfait, c'est un homme de parole, de droiture. » C’est beau, la rencontre d’un homme et d’un peuple.

« Gérer les impatiences sera sans doute le plus difficile »

Que lui vaut ces louanges ? Une tribune dans Le Figaro de novembre 2020 sur « les méfaits de la bureaucratisation », ayant rencontré « un écho auprès de nombreux électeurs de droite », dixit Le Figaro. Le voici, le sésame pour l’Élysée ! « Depuis cette date, David Lisnard est devenu l'une des personnalités de droite à pouvoir prétendre à la fonction suprême, explique très sérieusement l’auteur de l’article. Depuis cette date, journalistes comme électeurs le pressent de dévoiler ses intentions, de se préparer, de se fixer cet objectif. ». On peine tout de même à retenir un grand éclat de rire en lisant que « gérer les impatiences sera sans doute le plus difficile ».

« Il lui faut acquérir de la notoriété », reconnaît tout de même Le Figaro. Las, le bonhomme souffre d’une grave tare politique : la retenue des sages. Ainsi apprend-on que David Lisnard « se refuse à multiplier les apparitions sur les plateaux » car il « ne veut pas devenir un commentateur ». Alors que la foule se cramponne à ses basques en le suppliant de descendre dans l’arène, le César cannois « répond poliment, masque son agacement et tente d'argumenter ». « Non, ce n'est pas de l'hésitation s'il ne répond pas directement à la question de son envie élyséenne. (…) ‘C'est de la lucidité. (…) Le devoir, c'est d'essayer de se rapprocher de l'exigence de la fonction pour laquelle on est mandaté.’ » Alors, il est pas beau notre homme d’État ? Et loyal avec ça. Car « dans la ville des acteurs, David Lisnard ne joue pas » : « Par-dessus tout, il redoute que les Cannois l'accusent de les abandonner. »

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De plus hautes destinées semblent pourtant attendre notre héros. C’est que ça carbure sec sur la Croisette. « Le maire de Cannes assume d'autant plus son libéralisme et ses idées radicales qu'il ne les lance dans le débat public qu'après une longue maturation, faite de lectures et de rencontres », s’emballe encore Le Figaro. Analyse de l’intéressé : « Les gens interprètent mal le libéralisme. C'est la subsidiarité horizontale. C'est à l'individu de se débrouiller, et quand il y a carence, l'État, la puissance publique, intervient. » Boum ! Les idées disruptives de David Lisnard pour « rénover le logiciel de la droite » ? Le Figaro en propose un condensé en exclusivité, à partir de la biographie consacrée à David Lisnard par le journaliste de Valeurs actuelles Quentin Hoster, Le réveil de la droite : réduire les impôts, la dépense publique et le rôle de l’État dans l’économie, décentraliser, lutter contre l’immigration et l’insécurité, venir à bout de la bureaucratie et passer à un système de retraite par capitalisation. Du jamais vu chez Les Républicains !

Mais attention, le maire, uni à sa ville par un « lien presque charnel », n’est pas seulement une formidable machine intellectuelle. C’est également un homme du peuple ! « Peu friand de mondanités, il leur préfère les rencontres sur le terrain. Dans la même journée, il peut aisément passer d'un discours devant les médecins cancérologues, spécialistes du cancer du sein, réunis au Palais des festivals, à une discussion à bâtons rompus avec les vieux pêcheurs cannois, avant d'enchaîner avec les pompiers de la caserne Pastour puis les fonctionnaires de l'agglomération sur le développement des énergies renouvelables. » Surpuissant, on vous dit.

« Celui qui hypnotise sa famille politique »

Le journal du groupe Dassault n’est pas le seul média à en être convaincu : c’est toute la droite libérale qui regarde le maire de Cannes avec les yeux de Chimène. Le fan-club de David Lisnard compte également plusieurs membres chez Valeurs Actuelles. Ainsi salue-t-on, dans un article du 18 novembre, un « esprit vif à l’audace remarquée », « perfectionniste », adepte d’une méthode consistant en une « belle alliance de l’expérimentation locale et de la hauteur de vue ». Dans les colonnes de l’hebdo identitaire, on se félicite du « respect pour le passé » et de « l’attention portée à la civilisation » de David Lisnard, tout en s’amusant de son goût pour le rock. On loue la fidélité de David Lisnard à François Fillon en 2017, qu’il « soutiendra loyalement et jusqu’au bout ».

Mais c’est encore dans les écrits de Quentin Hoster, le biographe de David Lisnard, que s’exprime avec le plus de ferveur l’adoration pour le maire de Cannes. Transfiguré sous cette plume fiévreuse, celui-ci devient « le meilleur ennemi de Macron » (Valeurs Actuelles du 25 novembre), « incontournable sur la scène nationale ». Où l’on apprend que David Lisnard a « parfois du mal à canaliser son intelligence ». « Il fallait bien trouver des défauts, pour qui a l’habitude d’entendre ses discours exaltés, à celui qui hypnotise sa famille politique depuis l’engagement de sa démarche nationale, il y a quelques mois », commente l’auteur, décrivant sa marche triomphale vers la présidence de l’association des maires de France. « Karl Olive, Édouard Philippe, Christian Estrosi, Renaud Muselier… Tous ont tenté d’entraver, en vain, la route de la liste pluraliste, composée autant de maires de gauche que de droite, menée par David Lisnard », s’exclame-t-il. Une vraie campagne d’Italie!

La sarabande flagorneuse s’achève sur le site Atlantico, qui partage avec Le Figaro les « bonnes feuilles » de David Lisnard, Le Réveil de la droite. Quentin Hoster imagine l’envol de l’aigle, écartant un à un les obstacles sur la route du météore cannois : Jordan Bardella ? « Encore jeune mais économiquement trop à gauche. » Édouard Philippe et Bruno Le Maire ? « Des socialistes refoulés. » Laurent Wauquiez ? Il a « l’image d’un opportuniste antipathique et faussement lyrique ». Bruno Retailleau ? « De haut niveau mais pas taillé pour l’épopée. » François-Xavier Bellamy ? « Brillant mais transparent. » « Xavier Bertrand, François Baroin, Michel Barnier et les autres, à jamais balayés… Qui d’autre que David Lisnard ? » Qui d’autre ?

 

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