mercredi 18 janvier 2023

LE SEUL FUTUR DESIRABLE : POUR "UNE SOCIETE PLUS SOLIDAIRE ET ATTENTIVE A L'AUTRE, DANS UN RAPPORT EQUILIBRE A LA PLANETE".

 

EDITO

Réforme des retraites : ce futur 

productiviste à l’heure du 

désastre climatique 

 


Par Amélie Poinssot  /  Médiapart

« Sans planète, pas de retraite », lisait-on, il y a trois ans, dans les cortèges contre la réforme des retraites tentée du premier quinquennat Macron. Et c’est d’ailleurs le message qu’a voulu faire passer la nouvelle secrétaire nationale d’Europe Écologie-Les Verts, Marine Tondelier, le 8 janvier, sur France Inter : « Dans un monde à + 4 degrés dans trente ans, on ne se posera plus la question répartition ou capitalisation, 62 ou 64 ans… Si on veut protéger nos droits sociaux, il faut aller dans la rue dès maintenant, mais il faut aussi avoir dans l’œil le moyen et le long terme sur le climat. » Associations et collectifs du combat climatique ont d’ailleurs appelé à manifester ce jeudi.

Ce n’est pas un sujet abstrait : dans les métiers à forte pénibilité, l’allongement de la durée de cotisation se fera ressentir beaucoup plus qu’ailleurs. Quand on a 60 ans et que l’on est employé dans le bâtiment ou en agriculture, avec la hausse des températures actuelle et la multiplication des sécheresses, on connaît déjà des conditions de travail extrêmes. Qu’en sera-t-il dans les années à venir ? Les inégalités, qui pèsent déjà sur ces métiers souvent précaires, ne feront que s’accroître vis-à-vis des métiers s’exerçant dans des bureaux climatisés. Aveugle sur ce point, la nouvelle réforme des retraites du gouvernement Macron s’assied sur les carrières professionnelles de celles et ceux directement touchés par le changement climatique sur leur lieu de travail.

Mais c’est aussi une réforme qui va pousser celles et ceux qui en ont les moyens à se tourner vers les dispositifs privés d’épargne retraite, encouragés depuis la loi « pacte » de 2019. Or ce sont principalement des produits financiers qui reposent sur des investissements dans les énergies fossiles. Et comme le montre une toute récente étude de l’ONG Reclaim Finance, les sociétés qui gèrent ces fonds (Generali, Crédit agricole, BNP Paribas...) n’ont pas l’intention, à ce stade, de retirer leurs fonds de ces placements climaticides juteux.

Enfin cette réforme des retraites – venant d’un gouvernement qui prétend placer l’écologie au cœur de ses priorités – repose sur un logiciel productiviste. Travailler plus pour cotiser plus, produire plus, consommer plus… alors que de nombreuses études montrent qu’une façon de réduire nos émissions de gaz à effet de serre serait de réduire le temps de travail. Une retraite tôt, tout comme la semaine de quatre jours, c’est plus de temps pour des mobilités lentes, une consommation moins compressée, de l’engagement associatif. C’est la possibilité d’une société plus solidaire et attentive à l’autre, dans un rapport plus équilibré à la planète. Un futur tellement plus désirable que ce que nous propose l’exécutif macroniste.
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