samedi 7 janvier 2023

LA DEBANDADE MEDICALE !

5 janv. 2023

Médecins libéraux en grève : le rien à cirer des urgences de ville

La grève de médecins libéraux pour 50€ la consultation en est à sa deuxième semaine. Rien à cirer des urgences ? les malades peuvent attendre. Un témoignage qui dit la faillite de cette médecine libérale d'aujourd'hui qui en veut plus et rejoint Knock. À chacun d'en dire le constat dans sa localité.

Georges-André
Psychologue en retraite - Photographe et Journaliste-citoyen - Militant associatif - Animateur atelier d'écriture ....
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Anecdotique, je n'en aurai rien dit mais significatif, faut pas laisser passer pour illustrer et témoigner sur le terrain de cette faillite de la médecine de ville que je vais vous conter. Vous pourriez aussi en témoigner en commentaire ou en billet. Bien sûr d'autres cas plus dramatiques sont nombreux comme ces morts anonymes sur des charriots aux urgences. Ne faudrait-il n'en parler que de ceux-ci, sans dire au niveau des localités ce qui fout le camp comme peau de chagrin dans une irresponsabilité partagée ?

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J'habite une petite ville en périphérie de Clermont-Ferrand, dans ma soixante-douzième année. L'âge est donc venu comme il se dit. Depuis le 30 septembre, le dernier médecin homme de ce bourg a cessé son activité et fermé son cabinet faute de médecin repreneur de patientèle. Aujourd'hui, six femmes médecins sont en fonction contre sept (quatre hommes et trois femmes) en 2014.

Fallait donc trouver un nouveau médecin parmi les six ! J'ai tenté la consultation dans un cabinet à trois que j'ai obtenue assez vite en septembre auprès d'une remplaçante. Pas possible de faire les papiers pour nouveau médecin traitant. Puis en décembre j'obtins après un plus long délai une nouvelle consultation pour bien des choses mais toutes non urgentes quoique nécessaires (ALD, ordonnances....). Encore une remplaçante mais le premier jour de la première semaine de grève de médecins libéraux, elle était bien là et tant mieux. Avec une affection ORL brutale et forte contractée quelques jours avant, ce rendez-vous tombait juste et passer de non-urgent à urgent. Traitement de choc pour cinq jours mais toujours pas possible de remplir les papiers. Faudra voir la titulaire du cabinet en grève quand elle sera de retour. Çà je le comprends fort bien.

Une nuit durant la semaine de traitement, une douleur dans l'oreille, pulsations et audition perdue se surajoute - Pas de pot  ! - quand à la fin de la semaine, le traitement ne met pas au tapis l'affection mais son hôte. Faudrait donc pour raison double reprendre un rendez-vous de consultation au plus vite. Las, au bout de plusieurs jours j'obtiens enfin un rendez-vous avec la titulaire pour remplir ce papier médecin traitant mais pas tout de suite, le 27 février soit à peine un mois après une intervention chirurgicale fin janvier pas top qui me laissera une convalescence d'un mois à un mois et demi mais j'obtiens aussi en urgence le 11 janvier une consultation avec une troisième remplaçante à laquelle je pourrai demander une lettre pour ORL aux fins de consultation dans plusieurs semaines soit pas avant l'intervention au CHU et envisager éventuellement une suite au traitement initial selon l'état du bonhomme.

Fouchtra, deux consults quand une seule en urgence serait suffisante mais en urgence, c'est plus possible et y'a la grève des médecins libéraux qui fait bouchon.

Lire : Révolution en salle d'attente 

Bref, la médecine de ville ici est disqualifiée pour assurer des urgences ne relevant pas des urgences à l'hôpital sauf à les encombrer et les saturer encore davantage quand elles ne sont pas refoulées.

Les ORL libéraux ont deux mois d'attente, histoire de refuser les urgences. Les urgences ORL du CHU sont injoignables : vingt minutes avant coupure à se farcir la serinette enregistrée « Nous mettons tout en œuvre pour répondre à vos attentes, merci de patienter quelques instants ». Le CHU réclame une lettre du médecin traitant et ceux qui n'en ont pas peuvent attendre pour d'abord trouver un médecin traitant.

Fin 2021, la caisse national d'assurance maladie donnait le chiffre de près de six millions de patients sans médecins traitants, dont 620 000 en affection longue durée (ALD), chiffre en constante augmentation, sans parler des déserts médicaux qui s'étendent...C'est pas la queue d'une cerise !

Foutoir et foutaise quand tu nous tiens ! La médecine libérale de ville est désorganisée, je l'ai dit disqualifiée, pour assumer les consultations en urgence assumées par les anciens médecins dont le moule, à l'évidence, est cassé. Les responsabilités sont multiples et pas toutes du même côté mais le résultat est là, palpable. Reste donc à assurer en ville, les consultations prévues bien à l'avance pour des renouvellement d'ordonnance, visites régulières à peu près pépères bref de patients pas vraiment malades qui eux, vainement cherchent médecins disponibles ou surchargent les urgences hospitalières.

Lire : Lettre d'un médecin généraliste à la retraite sur la grève des généralistes 

Knock a encore frappé

A 50 euros, la consultation pépère serait un bon coup pour dire qu'on soigne dans de meilleures conditions (financières). Suggérons que ce serait plutôt de la prévention au long cours mais dès lors que le patient devient malade, ne relèverait plus de la médecine de ville... peut-être d'un kiosque à consultation par internet pour un traitement standard ? A quoi servirait encore un médecin ? L'I.A. pourrait prendre le relais  dans un petit délai ? Le progrès en somme ! Mais dans quel pays sommes-nous pour en arriver là ?

Allez bonne année ! Les retraites, voilà un sujet majeur quand tout fout le camp, urgentissime quand la pauvreté gagne et la facture énergétique des ménages croît. Façon de regarder ailleurs et racler fonds de tiroirs et fonds de poche.

 

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