Bérangère Couillard, la secrétaire d’Etat chargée de l’écologie, à l’élysée, le 19 octobre 2022.

Il n’y aura pas de jour sans chasse. Dans le plan pour la sécurité de la chasse présenté, lundi 9 janvier, à Dry (Loiret), par la secrétaire d’Etat chargée de l’écologie, Bérangère Couillard, cette mesure attendue par de nombreuses associations ne figure pas dans la liste des quatorze propositions avancées par le gouvernement. Le président de la Fédération nationale des chasseurs (FNC), Willy Schraen, n’aura pas à vérifier son pronostic, lui qui annonçait, sur Franceinfo, le 6 janvier, que, en cas d’instauration d’un jour sans chasse par semaine, la ruralité serait « à feu et à sang » dans les cinq ans.

Une déclaration qui fait bondir Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), qui dénonce l’absence de cette mesure dans les propositions gouvernementales. « Cette réaction de l’extrême chasse est scandaleuse. Ce ne sont pas seulement les “bobos parisiens” qui sont favorables au dimanche non chassé puisque, dans les communes rurales, 75 % des gens soutiennent cette proposition [78 % de la totalité des personnes interrogées d’après un sondage réalisé par Ipsos pour le compte de sept associations, dont la LPO, du 13 au 14 décembre 2022 auprès de mille personnes]. Le président Macron croit que ruralité et chasse vont ensemble, mais c’est faux, les agriculteurs représentent 4 % des chasseurs, explique Allain Bougrain-Dubourg. Le président commet une faute politique énorme : il demande à ses ministres d’être au plus près des citoyens, mais n’entend pas l’opinion de près de 80 % d’entre eux. »

La réaction est aussi vive de la part des autres associations mobilisées contre la chasse. Pour One Voice, qui s’appuie sur un autre sondage (Ipsos, septembre 2022, auprès de mille personnes), 81 % des Français sont pour l’interdiction de chasser durant deux jours par semaine et l’intégralité des vacances scolaires. « Il y a un décalage énorme entre ces mesurettes, qui ne vont pas régler le problème de la sécurité, et les attentes des Français, estime Muriel Arnal, présidente de l’association. Et une non-compréhension de la réalité de la chasse, un loisir qui met en danger la vie de personnes qui ne le pratiquent pas. »

« Un problème démocratique »

Face aux critiques, Bérangère Couillard défend la position. « Nous avons décidé de ne pas retenir cette option d’une journée sans chasse. Elle ne répondrait pas à l’objectif de sécurité qui doit se décliner tous les jours. Et les statistiques de l’OFB [Office français de la biodiversité] ne montrent pas que le dimanche soit plus accidentogène », explique-t-elle au Monde, ajoutant que d’autres associations de pratiquants de la nature, comme les vététistes ou les cavaliers, lui ont dit « être contre une mesure d’interdiction, craignant d’être, après les chasseurs, victimes aussi de futures restrictions ».

Il vous reste 55.65% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés...