dimanche 4 décembre 2022

CE SOIR SUR FR-5 A 20 h 55, DOC / 70 min : "FEMMES, LES OUBLIEES DE LA SANTE" / PASSE JUSQU'ALORS SOUS LES RADARS DE #ME TOO ! / OR, SOMMES-NOUS SI LOIN DU FEMINICIDE ? (1)

 L'hebdo 'Télérama' (Raoul Mbog) souligne  notamment que :

- chaque jour, 200 femmes meurent d'une maladie cardio-vasculaire / chiffre de 14% sup. à celui des hommes / Raison : elles sont moins bien diagnostiquées et moins bien soignées ;

- "L'idée d'être les piliers de la famille est tellement intériorisée qu'elles sont les dernières à se faire soigner", souligne une médecin.  Peu aidées en cela par une vieille tradition machiste du milieu médical (1).

- ce doc assume son engagement féministe / plaide pour que les femmes soient désormais soignées en tant que telles, tout comme il dénonce la fâcheuse tendance à les encourager à ne s'occuper que des maladies liées à leur féminité. D'autant qu'il est établi qu'elles meurent aujourd'hui 7 fois plus d'un infarctus que d'un cancer du sein.

- Puissant plaidoyer /  "sur une réalité dont la plupart des femmes n'ont elles-mêmes pas souvent conscience. Surtout, il pousse à s'interroger sur ce que chacune et chacun peut faire pour que ça change".

 

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(1) Le patriarcat conserve, plus que jamais, sa place prédominante dans notre société. C'est pure coïncidence, mais il n'est pas nécessaire d'avoir pu revoir (sur OCS Géants hier soir) l'excellent film de Luis Bunuel, "El", pour s'en convaincre - au-delà de l'évidente "tradition machiste du milieu médical", soulignée par 'Télérama' - et pas seulement puisque Bunuel évoque la belle contribution de l'Eglise associée au capitalisme !

Alors, on ne résiste pas à la nécessité de rapporter de larges extraits de l'excellente critique du film, par Frédéric Strauss (dans 'Télérama' également) :

"Réalisé il y a 70 ans, ce film parle au présent, comme en direct. Mais son propos a évolué avec le temps. A l'origine, l'intérêt fut un peu limité pour cette chronique parfois presque mélodramatique d'un mariage infernal (...)  Le puissant Francisco "devient fou de jalousie, voyant partout les signes d'une infidélité qu'il faut punir (...)  Distribué sous le titre Tourments, El (Lui, en espagnol) passionna surtout J. Lacan (...) qui le montra dans un cours sur la paranoïa. "Un trouble dont Bunuel avait voulu livrer (...) une étude précise, presque clinique.

Aujourd'hui, une noirceur plus radiale  nous saute aux yeux. Dans El, la paranoïa semble, en vérité, une construction inconsciente destinée à justifier la pulsion" [de Francisco] : "l'envie de tuer sa femme (...) La dérive irrationnelle vers le féminicide est le vrai sujet de ce film hors du commun que Bunuel plaçait très haut dans son oeuvre. Il s'y approche de la part la plus obscure de l'homme, un mélange d'amour et de haine, de désir et de mort d'où surgit, dans une société civilisée, la barbarie. Un mal profond, prévenait-il déjà".

Et le critique de conclure : "Si Lacan voyait dans ce film une démonstration de paranoïa, aujourd'hui on y comprend ce qui conduit à un féminicide".

Y a-t-il plus actuel en effet ? - Et de plus inquiétant si l'on considère que - 70 ans plus tard - le problème essentiel pour notre société, cette relation femmes / hommes, n'est abordé que sous l'angle politique - au sens large du terme, mais aussi (et surtout ?) au sens péjoratif de querelles et ambitions de gens qui brouillent les réels enjeux, se dévoyant avec le concours de médias nuisibles... 

Alors, le moyen de combattre la "part la plus obscure de l'homme (...) dans une société civilisée (ou présumée telle -ndlr), la barbarie" ?   SOIXANTE-DIX ANS plus tard, en ces temps obscurs d'un fascisme de retour, atterrés mais lucides sur ce constat de régression générale, nous nous limitons ici au présent relais d'un documentaire en phase avec ce qu'il y a de plus crucial ces temps-ci dans notre "société civilisée"... par le capitalisme... Bon visionnage à celles/ceux que le sujet intéresse. 

Nicole / Jean-Pierre Carlin

 

 

 

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