C'est en 1956 que le philosophe allemand Günther Anders écrivit cette réflexion prémonitoire :
"Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut surtout pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes archaïques comme celles d’Hitler sont nettement dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif en réduisant de manière drastique le niveau & la qualité de l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle.
« Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations matérielles, médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste... que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif.
Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements abrutissant, flattant toujours l’émotionnel, l’instinctif. »
« On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon avec un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de s'interroger, penser, réfléchir. »
« On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme anesthésiant social, il n’y a rien de mieux. En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité, de la consommation deviennent le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté ».
Günther Anders
«l’obsolescence de l’homme» 1956.
(1) L'éminent Patrick Le Lay l'avait bien compris qui, de la "maison du maçon" Bouygues (dixit Michel Pollac) qu'il dirigeait, prônait cyniquement les qualités de profit de la pub, celle-ci devant occuper le cerveau du spectateur le plus possible... Rien n'a changé avec les progrès des chaînes dites d'information en continu pimentées de pseudo débats (Pollac est mort) : nos milliardaires l'ont bien compris, eux aussi... Quant au "service d'intérêt public" (sic), on sait ce qu'il va en advenir avec la suppression de la redevance !
J.P. C.
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