Jean-Marie Straub, mort d’un anticonformiste radical
par Didier Péron
Le grand cinéaste Jean-Marie Straub est mort. Né en Moselle en 1933, il avait 89 ans. Il a formé pendant longtemps avec Danièle Huillet (disparue en 2006) un couple de légendaire radicalité marxiste, portant l’exigence du cinéma à un point d’intensité qui ne s’est jamais démenti. Straub citait en 2001, dans l’un de ses rares écrits, l’écrivain italien Elio Vittorini : «Le fascisme, c’est-à-dire la bourgeoisie dans son essence, tente de détruire par la violence toute culture.»
Chronique d’Anna Magdalena Bach, Du jour au lendemain, la Mort d’Empédocle, Amerika-Rapports de classe, De la nuée à la résistance, Antigone, Sicilia ! tous cosignés avec Danièle Huillet mais aussi après sa mort, ceux qu’il signera seul comme le Genou d’Artémide, Corneille-Brecht, Kommunisten, témoignent d’une démarche incroyablement insensible à toutes les injonctions de mise en conformité. A l’image du titre d’un de leurs films (Non réconciliés), Straub le paiera notamment de sa personne en refusant de se laisser enrôler pour l’Algérie en guerre et de participer ainsi à la «complicité directe avec la torture institutionnalisée» comme il le dira dans Libération en 2003 dans de fulminantes dates clefs de son parcours où l’on trouve encore, pour l’année 1986, ceci : «Découverte, avec Der Tod des Empedokles (1798), de l’utopie sublime d’un jeune homme contre la menace de la révolution industrielle et le mythe du progrès : utopie communiste.
Libération
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire