Le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, et son épouse Brigitte, arrivent sur la base d'Andrews près de Washington, pour une visite d'Etat aux Etats-Unis, le 29 novembre 2022.

Tous les apparats sont convoqués pour faire oublier les fâcheries passées. Avant la visite d’Etat d’Emmanuel Macron à Washington, du 30 novembre au 2 décembre, la deuxième du président depuis son élection, l’Elysée a pris soin de souligner le « privilège rare » ainsi accordé à la France. « Marque, assure-t-on dans l’entourage du chef de l’Etat, de l’excellence des relations franco-américaines ». Côté américain, on apprécie « la longévité » et la « sagesse », du dirigeant français. Il faut tourner la page de l’affaire des sous-marins franco-australiens, un contrat de vente rompu en 2021 par l’alliance de l’Australie, des Etats-Unis et du Royaume-Uni (Aukus), à l’origine d’une crise diplomatique majeure entre les deux pays. Il s’agit aussi de gommer les outrances et les volte-face de Donald Trump.

La « bromance » (contraction de « brother » et de « romance ») affichée en 2018 entre l’ex-président républicain et le chef de l’Etat – surnommé le « petit Emmanuel » par son homologue américain – avait été contrariée par la sortie de Washington des accords de Paris contre le réchauffement climatique, la taxation du vin français ou le retrait unilatéral des Etats-Unis de l’accord censé empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire.

Sur le fond et sur la forme, le réchauffement des relations franco-américaines s’illustrera, notamment, par un dîner privé que le président Joe Biden et son épouse, Jill, doivent offrir mercredi 30 novembre au chef de l’Etat et à sa femme, Brigitte, dans un restaurant italien de Washington. « Un moment d’intimité présidentielle » au cours duquel les deux dirigeants pourront échanger « dans le cadre très informel, très franc et très amical de la relation qu’ils entretiennent », assure l’Elysée.

L’occasion, peut-être aussi, d’aborder les sujets qui dérangent. Allié, ne veut pas dire « aligné », souligne-t-on à Paris, où l’on revendique, sur fond de guerre en Ukraine, un « dialogue politique exigeant » et « parfois plus difficile sur certains sujets ».

Eviter l’escalade avec Moscou

Accompagné d’un aréopage de ministres, parmi lesquels l’indispensable Bruno Le Maire (économie), Sébastien Lecornu (armées), Catherine Colonna (affaires étrangères), Sylvie Retailleau (enseignement supérieur), ainsi que d’hommes d’affaires tels Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde), patron d’Illiad, Bernard Arnault (LVMH) ou Patrick Pouyanné (TotalEnergies), le chef de l’Etat espère convaincre le président démocrate que le « leadership » américain n’est pas incompatible avec le « partnership » européen. La puissance américaine ne doit pas s’asseoir sur l’affaiblissement de l’Union européenne (UE), martèle-t-on à Paris, où l’on plaide pour mettre sur pied un « partenariat renforcé » en dépit d’un rapport de force déséquilibré.

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