3 septembre 2022
« Alerte ! alerte ! alerte, voici l’épée de Bolivar qui s’avance en Amérique latine »
Outch !
Me voilà tombé dans le panneau. Pour parler d’Amérique latine, il faut
éviter le ton lyrique qui conforte l’Européen dans ses préjugés
sarcastiques à ce sujet. Ses ricanements se croient toujours innocents.
Mais quand cessent-ils pourtant d’exprimer un sentiment condescendant
face aux peuples folkloriques ? Dans une nouvelle de Garcia Marquez,
dont la pièce de théâtre se jouait à Santa Marta cette semaine dans
l’État de Magdalena, on moque cet état d’esprit : « Pour les Européens,
l’Amérique latine est un homme à moustache avec une guitare et un
revolver. Ils ne comprennent pas le problème ». Ça ne s’est pas amélioré
depuis et sans doute même le contraire. En Europe, le mépris médiatique
total pour l’évènement colombien de ce huit août parle assez fort sur
ce sujet. Mais ce silence vaut mieux souvent que leurs habituelles et
méprisables leçons de bonne conduite.
Ce
huit août, l’Histoire en Colombie se racontait comme une nouvelle de
Garcia Marquez à propos de Simon Bolivar. Ce dimanche-là, le nouveau
président élu, Gustavo Petro, entre dans son mandat présidentiel sur la
place centrale de Bogota. La place Simon Bolivar. Des dizaines de
milliers de gens se trouvaient rassemblés, soigneusement répartis entre
la tribune officielle et le parterre où les ambassadeurs et les invités
étrangers avaient aussi chacun leur espace. Le soleil implacable coulait
sans relâche sur toute chose, les laissant suffoquées et gluantes.
C’est le moment où l’on cuit debout. On attendit beaucoup. Longtemps.
Puis encore entre chaque phase de la cérémonie. Mais pourquoi se
plaindre ? Ce moment-là est unique. Pour la première fois depuis un
siècle, la gauche prend la présidence du pays. Le public est alors bon
enfant. C’est-à-dire tellement partie prenante ! Ici, chacun sait ce
qu’il vit à cet instant. Le voici donc applaudissant, criant et même
huant parfois, comme un public jouant le (...) Lire la suite » JL Mélenchon
Le Grand Soir
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