Edouard Philippe participe à un meeting d’Ensemble ! lors de la campagne pour les législatives, à Nice, le 8 juin 2022.

Comme une petite revanche pour eux, ces satellites qui se sentent régulièrement maltraités par le vaisseau amiral. Fin avril, au lendemain de la réélection d’Emmanuel Macron à l’Elysée, ses proches étaient formels : le chef de l’Etat l’avait emporté seul contre tous, sans avoir eu besoin de François Bayrou ni d’Edouard Philippe. A les entendre, le président de la République ne devait « rien » au président du MoDem ni à celui d’Horizons, jugés trop discrets durant la campagne pour pouvoir revendiquer une part du Graal.

Traduction concrète : lors du remaniement gouvernemental, le 20 mai, les principaux partenaires de La République en marche (LRM) au sein de la majorité avaient été peu servis. Alors qu’ils comptaient cinq ministres lors du précédent quinquennat, le MoDem n’en a plus que deux, sur les vingt-neuf membres du gouvernement Borne : le ministre de l’agriculture, Marc Fesneau, et la secrétaire d’Etat chargée de la mer, Justine Benin. Edouard Philippe, dont les ambitions présidentielles pour 2027 agacent au sommet de l’Etat, n’en a qu’un : Christophe Béchu, ministre chargé des collectivités territoriales. Pas de cadeau, non plus, sur la répartition des investitures aux législatives. L’ex-premier ministre rêvait d’en avoir 140 pour ses troupes ? Il en obtiendra finalement 58, contre 108 pour le parti centriste.

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Mais à l’issue du premier tour des élections législatives, dimanche 12 juin, le rapport de force s’est subitement inversé. Contrairement à ce qu’ils espéraient, les macronistes devront s’appuyer sur les troupes de M. Bayrou et M. Philippe pour atteindre la majorité absolue (fixée à 289 sièges) à l’Assemblée nationale – si tant est que le camp présidentiel l’obtienne. L’ensemble de la coalition étant créditée de 255 à 295 sièges, selon les projections d’Ipsos-Sopra Steria – dont 189 à 219 pour LRM, 45 à 50 pour le MoDem et 21 à 26 pour Horizons.

Cette nouvelle dépendance à leurs alliés, afin de faire adopter des textes, change considérablement la donne par rapport à la dernière législature, quand LRM disposait, à elle seule, d’une majorité écrasante. « Emmanuel Macron va devoir composer avec le MoDem et Horizons, qui vont être des groupes charnières. Au centre du jeu, ils risquent de vouloir se poser en poil à gratter, afin de chercher à exister au sein de la majorité », analyse Benjamin Morel, maître de conférences en droit public à l’université Paris-II-Panthéon-Assas et spécialiste du Parlement.

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« Edouard Philippe est bien vivant »

Conscients que rien ne sera possible sans eux, centristes et philippistes ont déjà commencé à montrer leurs muscles. « Nous avons un rôle de pilier dans la majorité. Et ce rôle pourrait être encore plus déterminant », a anticipé M. Bayrou dans La Provence, le 8 juin. Considérant avoir été mal payé, l’ancien candidat à la présidentielle avait déjà pesté au lendemain du remaniement gouvernemental. « Notre apport aurait pu être plus important », avait-il lâché sur BFM-TV, en disant espérer « qu’il le sera dans la deuxième vague » de nominations, qui pourrait avoir lieu après les législatives. Avec l’entrée de secrétaires d’Etat MoDem au gouvernement.

 

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