Bonjour à chacune et chacun,
J’aurais pu cette semaine encore aborder plusieurs sujets qui me
tiennent à cœur : la pression d’un commissaire européen hongrois pour
faire cesser tous les crédits européens à la Palestine ou encore
l’amendement du groupe « Renaissance » présidé par les macronistes au
Parlement européen sur un rapport d’initiative parlementaire pour
favoriser la pêche industrielle en eaux profondes. Les discours de la présidentielle sur l’environnement s’envolent bien vite après les scrutins. J’aurais
pu aussi traiter de cet inquiétant grignotage du littoral par la mer
dans des dizaines de communes, résultat des modifications climatiques.
Mais j’ai choisi de revenir sur la construction de « la nouvelle union
populaire, écologiste et sociale » et du considérable événement que
constitue l’achat de twitter par E. Musk. (ici, nous nous limitons aux propos sur la NUPES / ndlr). Saisir la Chance
La construction de la coalition des gauches politiques, sociales,
culturelles et des écologistes sèment la panique dans les milieux
dirigeants. Leurs porte-voix et leurs porteplumes qui, il y a quelques
semaines, moquaient les forces de gauche parce qu’elles allaient
séparément devant les électrices et les électeurs à l’occasion de
l’élection présidentielle sont de sortie, vent debout contre la nouvelle
union populaire sociale et écologique. Comme l’argument des chars de
l’Union soviétique occupant la concorde n’est plus crédible, ils agitent
cette nouvelle coalition comme un épouvantail gauchiste. Les
mêmes qui ont - souvent à juste titre - critiqué Jean-Luc Mélenchon
parce qu’il avait laissé son important score en 2017 en friche, lui
reprochent aujourd’hui d’en avoir tiré des leçons et créé les conditions
d’une unification du peuple de gauche et écologiste. Ce
qui se réalise sous nos yeux est la demande populaire des électorats
progressistes dans leur diversité réclamant enfin l’union : ils ont le
10 avril, bousculé la donne parce qu’ils refusaient le duo que les
tenants du système leur préparaient depuis des mois. Aujourd’hui,
ils demandent avec force, une union leur permettant d’être débarrassés à
la fois de ces politiques de droite et des mensonges ; du mépris du
chef de l’État et de cette monarchie présidentielle poussée à son
comble. Pour cela, il n’y a pas d’autres solutions dans le cadre des
institutions actuelles, que de rechercher une autre majorité que celle
du Président de la République. L’immense
majorité ne veut pas du programme commun de la macronie et des droites
comme le recul de l’âge de la retraite à 65 ans quand tant de jeunes
restent sur le bord du chemin. Ils refusent aussi ce RSA conditionné à
des travaux forcés, ainsi que ce projet pour l’école où règnerait la
compétition entre établissements et un renforcement de la sélection. Ils
savent qu’au-delà des belles déclarations il n’y aura pas de « bouclier
inflation », mais un renforcement de l’austérité au nom du
remboursement de la dette. Une grande partie de la jeunesse agissante
pour le climat réclame avec force des actes. Une majorité de celles des
quartiers populaires, avec leurs parents qui sont les premiers de «
corvée », crie au respect et à l’amélioration des conditions de vie, de
formation et de travail. Ils
en ont assez d’être décriés sur tous les tons, assez des contrôles au
faciès, assez des discriminations à l’embauche. Ils ne veulent pas être
la « ban-lieue », ces lieux mis au ban de la société, mais être au cœur
de la société à construire tous ensemble. La
gauche dans sa diversité se met à l’heure de ces demandes et se hisse
au niveau des nécessités quand elle tient compte des résistances qui se
déploient dans la société et les entreprises depuis des années, du bilan
du travail parlementaire où ensemble le groupe insoumis et le groupe
communiste à l’Assemblée nationale ont émis des votes identiques dans
l’immense majorité des délibérations, déposé ensemble avec le groupe
socialiste des textes de motion de censure. C’est
l’honneur des forces de gauche de se hisser au niveau des espérances de
l’heure. C’est l’honneur des communistes comme de la majorité des
socialistes d’avoir contribué à ouvrir cette porte à la discussion et à
la construction avec La France Insoumise. La
direction socialiste doit affronter certains cadres et anciens
ministres socialistes qui ne trouvent rien à redire quand l’un des leurs
rejoint la macronie, et menacent de tout casser dès lors qu’il s’agit
de proposer un projet alternatif et une nouvelle majorité. De ce point
de vue, il faudra noter le courage du secrétaire du Parti socialiste
tirant les leçons de la situation, procédant à une autocritique et au
bilan de la direction du pays par le gouvernement de François Hollande. Cette
attitude était indispensable afin de permettre à son parti de tourner
la page de cette période et de se mettre au diapason du monde du
travail. Il tente de « ré-ancrer » son parti du côté gauche au lieu de
le laisser voguer aux tristes vents du social-libéralisme. La
situation n’est pas anodine ! De Valls à Chevènement, de Rebsamen à
Hollande, on est prêt à se vautrer dans des majorités comprenant toutes
les palettes de la droite la plus réactionnaire. Comment ne peuvent-ils
voir la profonde crise d’identité qui atteint le Parti socialiste,
notamment parce que leur politique au gouvernement a été à l’encontre
des besoins populaires et nationaux ? Comment peuvent-ils devenir les
ennemis du camp dont ils se réclament sinon pour tourner le dos à la
social-démocratie ou au socialisme ? Aucun
parti politique à gauche ne peut impunément incarner indéfiniment des
valeurs contraires à ce qu’il prétend défendre. La question que pose
avec insistance celles et ceux qui n’en peuvent plus de finir le mois
avec un compte en banque à découvert, celles et ceux qui ne remplissent
plus leur réservoir de carburants, ni les caddies des courses, est de
savoir comment mieux vivre demain. Et
ils demandent aux forces de gauche et écologistes de les entendre, de
créer les conditions d’une vie meilleure débarrassée des angoisses
quotidiennes. Ils
n’en peuvent plus du mépris et de l’exploitation. Ils n’en peuvent plus
des belles paroles contredites par des actes s’opposant à leurs
intérêts quand les milliardaires pavanent et les actionnaires des
grandes entreprises sont à la fête. Ils
n’en peuvent plus des maltraitances sociales et démocratiques avec ces
contre-réformes destructrices du droit du travail, la culpabilisation
quand les premiers de la classe donnant des leçons d’économie leur
suggèrent qu’ils sont trop payés, que les retraites sont trop élevées
parce qu’ailleurs les salaires sont arasés par la faux du capitalisme
financier. Et
ils ne veulent pas des changements à la « saint glinglin », mais dès le
mois de juillet. Ils l’ont dit avec force au premier tour de l’élection
présidentielle où le Président sortant n’a obtenu que 20% des voix des
inscrits et n’a pu être élu qu’avec les voix des électrices et électeurs
de gauche qui ont fait barrage à l’extrême-droite. Ils
ne veulent plus revivre une telle situation où ils savent que les
mandataires des puissances d’argent au pouvoir et dans l’actuelle
majorité présidentielle les bernent. Ils savent que le Président a
prétendu combattre l’extrême-droite alors qu’il n’a fait qu’attiser le
feu qui brulait toute espérance. Il
a bien été en cela par une puissante campagne médiatique présentant Mme
Le Pen comme une femme politique comme une autre (puisqu’elle aimerait
les chats) et valorisant un histrion sorti du Figaro et de Cnews. L’un
des défis de la nouvelle coalition est aussi de faire reculer
l’extrême-droite qui détourne bien des voix des travailleurs pour les
ligoter au système qui les exploite. Ceci suppose de ne jamais aller sur
son terrain au risque de la faire grandir. Au
contraire, la condition pour la faire reculer durablement est de
changer la vie des plus défavorisés d’entre nous. La bonne nouvelle de
ces derniers jours est que le débat se porte sur les préoccupations de
gauche : justice sociale et environnementale, travail et droits des
travailleurs, changement de la construction européenne, évasion fiscale
et nouvelle répartition des richesses et non plus identité et
séparatisme, chasse aux pauvres. Si
les législatives prennent cette importance, c’est aussi parce que des
fractions importantes du peuple veulent pouvoir voter utile pour changer
les choses. Parmi les abstentionnistes, il y a ceux et celles qui ont
protesté contre la division. L’aspiration
à participer à un nouveau projet frappe aussi avec force à la porte.
L’élection présidentielle a montré plus que tout autre événement que le
cadre institutionnel est à bout de souffle et qu’il devient urgent de
passer à une nouvelle république sociale, laïque, démocratique prenant
soin des êtres humains et de la nature. Du
reste, la coalition de gauche, progressiste et écologistes qui se forme
s’inscrit dans l’actuel (mauvais) cadre institutionnel. Scrutin
présidentiel à deux tours poussant chaque camp à choisir celui ou celles
qui est susceptible d’accéder au second tour. Celle-ci est suivie des
élections législatives censées donner une majorité parlementaire au
Président élu au scrutin majoritaire à deux tours avec l’obligation de
réunir 12,5 % des inscrits pour concourir au second tour. C’est
une machine à éliminer les forces de transformation révolutionnaire.
Sans unité, la gauche est chaque fois minorée ou mise en minorité.
L’alliance lui donne une chance d’aller chercher la majorité
parlementaire. Fidèle
à son histoire, le Parti communiste se grandit en participant de ce
mouvement. Il est dans son rôle quand il porte les aspirations du monde
du travail et de la culture. Chaque
fois qu’il place l’intérêt des travailleurs et des créateurs, des
jeunes et des retraités au-dessus de toute autre considération, il
démontre qu’il n’existe pas pour lui-même, mais pour celles et ceux qui
souffrent, de celles et ceux qui subissent douloureusement le talon de
fer de l’exploitation capitaliste, de celles et ceux qui veulent agir
pour un nouveau mode de production préservant notre humanité et
cherchent des issues progressistes à la situation actuelle. Il
prouve, une fois de plus qu’il ne faillira pas dans son combat contre
le danger de l’extrême-droite. À chaque fois qu’il a agi ainsi, il a
recueilli confiance et soutien.
La nature de la coalition est intéressante, car elle respecte les
personnalités, les identités, les propositions de chaque force qui la
composent tout en ayant un tronc commun de changement concret très
attendu depuis longtemps. Il
revient au débat public et aux mobilisations populaires d’aider à
trancher certaines questions, certaines orientations à prendre. Ce sont
ces identités différentes qui peuvent animer les débats et permettre une
conscientisation plus grande des classes populaires. Les dépassements
des désaccords ne peuvent se faire qu’avec la participation active des
citoyens à la mêlée politique, sociale, culturelle, écologique. Il
n’y aura pas de changement sans pression citoyenne. Qu’il y ait des
contradictions, des tensions est une évidence. La répartition des
circonscriptions pose un certain nombre de problèmes dès lors que La
France Insoumise a refusé de tenir compte de l’implantation et
l’audience d’élus dans des territoires pour parachuter depuis Paris des
militants. Mais
l’essentiel est dans la chance inespérée de voir les forces de gauche
et écologistes, des forces citoyennes, des mouvements de résistance
mener ensemble une campagne politique pour faire élire une majorité de
députés de la nouvelle Union Populaire écologiste et sociale et de
permettre un gouvernement d’union populaire et démocratique. Ceci
est possible dès lors que chaque formation sera tout entière tendue
vers cet objectif. Le chemin existe pour cette nouvelle majorité de
gauche à l’Assemblée nationale. Le président n’est élu qu’avec moins du
quart de l’électorat. Il est rejeté. Il n’y a pas de majorité dans le
pays pour accepter sa politique. Cependant, conquérir la majorité pour
former un gouvernement démocratique d’union populaire (comme le disait
déjà le programme du Parti communiste en 1971) nécessite un combat
politique de haut niveau et des actes de mobilisation unitaire. Ne
sous-estimons surtout pas la violente pression qui va s’exercer sur les
candidats, les militants, mais surtout les électeurs. Toute la panoplie
criant au prochain désastre va y passer. De même, tout sera fait durant
la campagne pour diviser les forces de la coalition et donc les
électorats. La
mobilisation militante va donc être décisive notamment auprès de celles
et ceux qui ont un vital besoin de mesures dès le mois de juillet. Leur
déplacement au bureau de vote sera un acte pour elles et eux, leurs
familles, leurs enfants. N’en
doutons pas, toute la réaction, le grand patronat et les marchés
financiers, des gouvernements étrangers, les institutions
internationales et notamment les institutions européennes vont se
coaliser pour venir en soutien au Président de la République et de la
majorité sénatoriale. Mais justement, la nouvelle union populaire
écologique et sociale, c’est la force du nombre, de celles et ceux qui
n’ont rien à perdre, mais tout à gagner. Il n’y aura pas de réussite sans mobilisation unitaire pour la justice, la liberté et la paix. |
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