Le président polonais Andrzej Duda, le chancelier allemand Olaf Scholz et Emmanuel Macron, à Berlin, le 8 février 2022.

Et soudain, l’affront. En dépit de son activisme diplomatique, Emmanuel Macron n’est pas parvenu à la « désescalade » tant espérée dans le dossier de la crise russo-ukrainienne. Certes, le président russe, Vladmir Poutine, a eu la courtoisie, lundi 21 février, d’avertir le chef de l’Etat français, par un coup de fil à 16 h 15, qu’il s’apprêtait à reconnaître l’indépendance des deux entités séparatistes du Donbass ukrainien, les républiques autoproclamées de Donetsk et de Louhansk, avant que les premières colonnes de blindés russes ne fassent leur entrée dans cette région de l’est de l’Ukraine, dans une pseudo-logique de « défense ».

Mais le chef du Kremlin a rompu tous les engagements qu’il avait pris quelques heures plus tôt. Plus que jamais, la guerre est aux portes de l’Europe. « Oui, la Russie se met en marge du droit international », a commenté le premier ministre, Jean Castex, devant l’Assemblée nationale, mardi 22 février, apportant « son soutien indéfectible au peuple ukrainien ». « Ce qui se prépare est grave », souligne-t-on à l’Elysée.

Cette déconvenue est malvenue à cinquante jours, à peine, de l’élection présidentielle. Aux yeux d’une partie de l’opposition, la trahison de Vladimir Poutine a beau être choquante, elle serait la traduction de la bérézina diplomatique du chef de l’Etat. A droite, Valérie Pécresse, candidate du parti Les Républicains (LR), a dénoncé, mardi sur France Inter, un dialogue essentiel mais « trop tardif » et « solitaire ». Emmanuel Macron, qui a conversé dix-sept fois par téléphone avec son homologue russe au cours des deux dernières années et a joué ces derniers jours les médiateurs avec les dirigeants américain, allemand et représentants de l’Union européenne, se serait, dit-elle, « mis en scène » dans une crise « instrumentalisée à des fins électoralistes ».

« Des négociations avortées avec les Iraniens au sommet de Biarritz [en 2019] jusqu’au départ forcé de nos soldats au Mali, en passant par l’échec au Liban et l’humiliation dans l’affaire des sous-marins australiens, la présidence Macron aura affaibli la France sur le plan international. Sa politique des coups d’éclat permanents n’aura été qu’une succession de coups d’épée dans l’eau », enfonce le sénateur (LR) de Vendée Bruno Retailleau, conseiller de Mme Pécresse. « C’est un épisode de plus, peut-être l’épisode de trop », a abondé mardi le député de Seine-Saint-Denis et président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde, estimant qu’Emmanuel Macron s’était fait « berner » par Vladimir Poutine.

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