Convergence anticapitaliste et écologique

lundi 25 octobre 2021

"JALONS REVOLUTIONNAIRES" (sic) POUR UNE DEMOCRATIE AU RAS DU BITUME : ZEMMOUR RASSURANT (?), QUI REFUSE QUE FRANCE = "CAMP DE REDRESSEMENT"... AH OUI ?

Permis à points, 80 km/h : Zemmour dynamite l’ordre établi

À contre-courant de l’unanimité politicienne sur la sécurité routière, le polémiste pose des jalons révolutionnaires auprès des seuls intéressés, les 40 millions d’usagers.

Par Jacques Chevalier / Le Point
Publié le 25/10/2021 à 07h00 - Modifié le 25/10/2021 à 10h24  
 

La barbe d’Édouard Philippe, chantre du 80 km/h sur routes, a dû virer un peu plus au blanc. Et le dogme établi selon lequel la vitesse est la mère de tous les dangers, principe défendu par tous les gouvernements depuis les premières limitations en 1973, affronte son premier coup de tabac. Éric Zemmour, invité du Grand Jury LCI-RTL-Le Figaro ce dimanche 24 octobre a, à contre-courant de la bien-pensance établie, annoncé vouloir rapporter certaines limitations de vitesse et supprimer le permis à points, assurant qu’il ne sert « à rien ».

Mieux encore, il a dit vouloir remettre en place la limitation à 90 km/h sur les routes secondaires et supprimer la limitation de vitesse sur autoroute. Quant au 30 km/h en ville, il entend ôter aux maires le pouvoir de décider de ces limitations. « Il faut arrêter cette chasse à la vitesse, menée par des bobos qui n’ont pas besoin d’aller vite puisqu’ils habitent au cœur des villes : il faut rétablir le 50 km/h dans toutes les agglomérations », clame-t-il. Il s’est aussi érigé contre la chasse au diesel et les restrictions d’accès aux centres-villes avec des arguments entendus sur les ronds-points.

Cette spectaculaire volte-face par rapport à l’administration dominante est un énorme pavé dans la mare qui va réjouir bon nombre des 40 millions de titulaires du permis, qui, du coup, ne gémissent plus dans le désert. Ceux-là ont eu jusque-là le sentiment d’être la cible d’une vindicte très excessive et d’être assimilés aux délinquants du volant sur lesquels aucune sanction, même pénale, n’a pris.

Se refaire une virginité

Les différentes interventions d’Éric Zemmour au Grand Jury LCI-RTL-Le Figaro semblent largement inspirées par le cahier de doléances des conducteurs, qui ont trouvé, en la personne du polémiste, un formidable défenseur. On l’accusera de vouloir récupérer des voix, mais le sujet est trop grave pour être pris à la légère. La sécurité routière, ce n’est pas chasse et pêche, avec cette gestion obsessionnelle de la répression qui empoisonne la vie des Français depuis des décennies.

À LIRE AUSSIPermis de conduire : vers une explosion des retraits de points en 2023

Pourtant, si on y regarde de plus près, le polémiste n’a pas déclaré la guerre au permis à points à la légère. La Sécurité routière défend avec ce système une démarche pédagogique visant à décourager la récidive. Elle assure : « Une infraction au Code de la route étant à l’origine de 9 accidents sur 10, la perte de point(s) est une alerte qui amène le conducteur à prendre conscience de la nécessité d’une conduite raisonnable. »

En réalité, celui-ci utilise le stage de récupération de points comme le moyen obligé de se refaire une virginité. Les stagiaires se voient recadrés avec force images choquantes d’accidents et à coups d’analyses psychologiques au ras du bitume. Le stage terminé, ils repartent avec un sentiment de vacuité et d’une mise à l’index pour écoliers du primaire.

Système infantilisant

Cela n’interdit nullement la Sécurité routière d’assurer doctement, sans étude statistique incontestable à l’appui, que, « depuis son instauration, le permis à points a contribué à réduire de moitié le nombre de personnes tuées sur la route ». Raisonnement balayé par Éric Zemmour, qui ne s’embarrasse pas de circonvolutions pour affirmer que ce système est infantilisant et relève du « racket organisé par l’État » avec un stage coûtant en moyenne 300 euros. C’est exact pour les localisations les plus huppées, mais il faut au minimum compter 260 euros pour les autres.

Quelque peu tarie par la crise du Covid, la recette générée par les stages met les bouchées doubles pour rattraper le chiffre d’affaires perdu, comme le révèle Capital. D’après un document budgétaire rattaché au projet de loi de finances pour 2022, le gouvernement prévoit d’envoyer 8,7 millions de lettres de retrait de points l’an prochain, puis 13 millions en 2023. À rapprocher des 7,5 millions de courriers de ce type envoyés en 2020 et des 8,6 millions en 2019.

Sur quelle base ces projections sont-elles faites alors que les infractions ne sont pas encore commises et que la mission et le budget de la Sécurité routière visent, au contraire, à les faire diminuer ? Il n’y a pas d’autre explication que le dessein de faire fructifier la machine à PV et d’augmenter les recettes.

« 12 millions de points sont retirés chaque année en France (on en retirait 4 fois moins il y a 20 ans avant l’apparition des radars fixes). La sécurité routière est le seul domaine où l’État parvient à maintenir son autorité… », déplore Éric Zemmour sur Twitter.

Retraits de points 2022 déjà programmés

Un avis partagé par la Ligue de défense des conducteurs, qui dénonce une manière de renflouer les caisses : « Avec cette augmentation de 51 % des envois de lettres (par rapport à 2019), nos gouvernants parient sur un juteux retour sur investissement, car qui dit lettre de retrait de points dit contravention », a dénoncé Nathalie Troussard, la secrétaire générale de l’association.

En réalité, cet objectif de 13 millions de lettres envoyées était initialement prévu pour 2021, avant que l’épidémie de Covid-19 ne vienne contrarier les prévisions du gouvernement. Selon Nathalie Troussard, cette hausse va également engendrer une augmentation du nombre estimé des 770 000 automobilistes roulant sans permis de conduire.

À LIRE AUSSI80 km/h : la tentation de ne rien changer

Actuellement, tous les pays européens, à l’exception de la Belgique, l’Estonie, la Finlande, du Portugal, de la Slovaquie et la Suède, ont un permis à points. Ils sont de deux types : soit avec un capital de points (12 en France mais 6 pour les permis probatoires), les infractions venant entamer ce capital ; soit, comme en Allemagne, avec un permis vierge que les fautes viennent entacher de points de démérite, jusqu’à 8 dans ce cas. En France, chaque stage permet de récupérer 4 points, mais il faut douze mois écoulés pour pouvoir effectuer le stage suivant. Et un cumul d’infractions peut conduire à un retrait de jusqu’à 8points en une seule fois (téléphone au volant et feu ou stop grillé, par exemple).

Opportuniste et démagogue ou réaliste et conscient d’une exaspération profonde des Français face au rouleau compresseur anti-automobile, Éric Zemmour se prononce sans tergiverser pour le rôle social de la voiture, qu’il veut remettre au milieu du village, dénonçant au passage le centralisme parisien. Et même s’il faut pour cela froisser la susceptibilité des Verts. « Depuis des années, écrit-il sur son compte Twitter, on ne cesse d’"emmerder les Français", comme disait Pompidou, avec ces taxes, ces règlements incompréhensibles, les voitures qui ne peuvent plus entrer dans les grandes villes… Je ne veux pas que la France devienne un camp de redressement ! »

Consultez notre dossier : 80 km/h sur routes : le coup de frein qui ne passe pas

 

Publié par carlin à 12:53

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