États-Unis : Donald Trump essuie un camouflet au Congrès, la menace d’un revers inédit se rapproche
Républicains et démocrates unis en nombre contre lui : plus des deux tiers des parlementaires présents à la Chambre des représentants ont voté lundi soir en faveur du budget de 740 milliards de dollars pour la défense "en dépit des objections du président", dont plus d’une centaine de républicains. Une claque pour celui qui se targue d’ordinaire d’un fort soutien dans son camp.
Et un mauvais présage pour le milliardaire avant le vote final au Sénat attendu cette semaine. Si la chambre haute, à majorité républicaine, rejette à son tour ses objections, ce sera la première fois que le Congrès contourne un veto du 45e président des Etats-Unis. Pour un homme qui s’est toujours présenté comme le roi de la négociation, la semaine écoulée fut déjà une véritable humiliation.
Chaque jour un peu plus
Après avoir menacé mardi de ne pas signer un texte pourtant négocié avec l’aval de son gouvernement, il a finalement apposé son paraphe au plan d’aide économique de 900 milliards de dollars dimanche soir, à l’abri des caméras. Essayant tant bien que mal de sauver la face après cette spectaculaire volte-face, il a publié un communiqué alambiqué laissant croire que le bras de fer avait payé. Mais personne n’est dupe : le locataire de la Maison Blanche n’a rien obtenu. Il a cédé.
L’épisode est d’autant plus cruel qu’il souligne combien, depuis sa défaite du 3 novembre et surtout son étrange croisade pour la contester en brandissant des théories du complot, Donald Trump est chaque jour plus seul, moins influent, moins respecté. Il est encore président jusqu’au 20 janvier, mais, dans les cercles du pouvoir, sa parole ne porte plus.
Dans un étrange télescopage, le New York Post, l’un des rares journaux qui a grâce à ses yeux, a publié dimanche dans la soirée un éditorial cinglant l’appelant à mettre fin à cette "triste comédie" et à reconnaître la victoire de Joe Biden. "Nous comprenons, M. le président, que vous êtes en colère d’avoir perdu. Mais continuer sur cette voie est désastreux", peut-on lire. Lundi, le milliardaire républicain s’est une nouvelle fois rendu au Trump International Golf Club, situé à quelques kilomètres de son club de Mar-a-Lago, en Floride. Sans un mot.
Consternation dans son propre camp
À plus de 1 500 kilomètres au nord de sa luxueuse résidence d’hiver, la Chambre a pendant ce temps rejeté son veto au budget de la défense par une majorité écrasante : 212 démocrates mais aussi 109 républicains. Fruits de longues négociations, ce texte, qui prévoit notamment une hausse de 3% du salaire du personnel de défense, permet de "soutenir nos troupes et de défendre l’Amérique", a plaidé dans l’hémicycle le républicain Mac Thornberry, en exhortant ses collègues à placer "l’intérêt du pays en premier". Comprendre : avant les désirs du milliardaire.
Car le veto de Donald Trump, annoncé le 23 décembre, a provoqué la consternation jusque dans son camp. En plus d’être selon lui trop favorable à la Chine, le président américain reproche notamment au texte d’ouvrir la possibilité de renommer des bases militaires honorant des généraux confédérés, qui ont combattu en défense de l’esclavage durant la guerre de Sécession (1861–1865). Il a aussi justifié son opposition par le fait que le texte n’incluait pas l’abolition d’une loi, dite "article 230", protégeant le statut juridique des réseaux sociaux, qu’il accuse d’être biaisés contre lui.
Ce texte est "absolument vital", ont mis en garde des ténors républicains. Dans une alliance rare, 231 démocrates de la Chambre se sont en revanche rangés derrière Donald Trump, avec 44 républicains, pour voter l’augmentation de 600 à 2 000 dollars des chèques d’aide aux Américains prévus pour relancer l’économie américaine, frappée par la pandémie de Covid-19. L’avenir de cette mesure au Sénat reste très incertaine.
"Obstruction"
En parallèle, le président élu Joe Biden s’est entretenu lundi avec les prochains responsables de la diplomatie et de la sécurité de son administration. Lors d’une brève allocution à l’issue de cette rencontre, il a déploré "l’obstruction" de certains responsables du Pentagone dans la transition en cours.
"Nous n’avons tout simplement pas toute l’information dont nous avons besoin", a-t-il affirmé, dénonçant une attitude "irresponsable". Le Pentagone a rejeté ces accusations.
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