vendredi 18 décembre 2020

PROBLEMES EXACERBES CHEZ LES CATHOLIQUES AUSSI... PANDEMIE D'UN AUTRE TYPE ? (1)

Une pétition réclame la nomination d'évêques plus ouverts en France

Par Bernadette Sauvaget

Plus de 400 catholiques français se mobilisent pour que le pape François apporte des changements au sein de l'épiscopat.

L’initiative demeure relativement discrète. Pourtant, plus de 400 catholiques français ont d’ores et déjà signé une pétition pour réclamer des changements dans le choix des évêques nommés à la tête des diocèses de l’Hexagone. «Nous demandons que la communauté des croyants soit respectée lors de la désignation des évêques», plaide, dans sa pétition, ce groupe informel.

Le déclic s’est produit il y a deux mois lorsque le Vatican a officiellement annoncé la nomination d’Olivier de Germay, au profil ultraconservateur pour succéder à Philippe Barbarin, à la tête du diocèse de Lyon. «Il y a une sorte de dichotomie que nous n’arrivons plus à comprendre, explique l’initiateur de la pétition qui souhaite demeurer anonyme. Le pape François nous donne de l’espoir et fait souffler un vent frais. Mais, en France, ce sont des personnalités qui n’ont pas les mêmes priorités qui sont nommées aux postes les plus prestigieux.»

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Ce groupe de contestataires pointe spécifiquement du doigt l’archevêque de Paris, Michel Aupetit, et le nouveau primat des Gaules, Olivier de Germay, qui prend officiellement ses fonctions samedi à la tête du diocèse de Lyon. «Cette nomination a été le fait d’actions de lobbying à Rome», estime, pour sa part, Paule Zellitch, la présidente de la Conférence catholique des baptisé·e·s francophones (CCBF), une association qui regroupe des croyants d’ouverture.

Pour beaucoup d’observateurs, ce sont essentiellement les milieux les plus conservateurs qui sont actifs au Vatican. Dans les franges des catholiques d’ouverture, il y a un regret de plus en plus manifeste sur le peu d’intérêt que le pape François manifesterait à l’égard de la France. 

«Appel au pape»

A la mi-octobre, le choix d’Olivier de Germay a suscité une grande surprise et déçu les progressistes du catholicisme français qui attendaient un rééquilibrage politique au sein de l’épiscopat, de plus en plus marqué par des figures conservatrices. «Nous faisons appel au pape François pour qu’il se penche sur la situation de notre Eglise en France et s’implique personnellement dans les nominations de nos évêques comme il le fait ailleurs, avec beaucoup de bon sens et de justesse, alliant à la fois l’écoute du peuple de Dieu», demande la pétition.

C’est à partir d’échanges sur un groupe Facebook, Catholiques en liberté, ouvert en novembre 2018 que la pétition a pris corps. «Nous en avons discuté entre nous et cela nous paraissait important de nous exprimer», explique l’initiateur de l’opération. Lui-même est un croyant très investi dans l’Eglise catholique mais qui, pour des raisons familiales et professionnelles ne souhaite s’exposer davantage.

Contexte morose

Manifestement, cela a limité quelque peu l’audience de cette pétition. «Cela me paraît très important que des laïcs se saisissent de ce problème», souligne, pour sa part, la théologienne Anne Soupa. Cet appel survient dans un contexte très morose pour l’Eglise catholique en France. De nombreux laïcs, y compris dans des milieux conservateurs, mettent de plus en plus fréquemment en cause le management des prêtres et des évêques.

La bataille de la messe, menée essentiellement par des milieux traditionalistes, a laissé, elle aussi, des traces. «Cette affaire a été très clivante pour le catholicisme français», estime Anne Soupa. Le confinement a, quant à lui, lourdement grevé les finances de l’Eglise catholique. Elle a perdu, selon ses propres chiffres, plus de 90 millions d’euros au cours de l’année 2020.

 

(1)  Laïcs, nous n'abordons ici les problèmes propres à la religion catholique qu'avec une 'distanciation' de rigueur. Comme les autres, elle a ses spécificités propres, et c'est bien sûr avec la religion musulmane que celles-ci posent les problèmes les plus cruciaux, à force d'incurie des gouvernements successifs à les traiter.

Pour ce qui est de la première nommée, la position de la France, 'fille aînée de l'Eglise', n'est plus qu'un souvenir historique, évidemment. Ici donc, on se limite à observer que la tendance déjà constatée, 'en externe', d'un durcissement de position de sa part face au cadre sociétal de notre  république laïque se confirme 'en interne'. 

Nous ne porterons aucun jugement sur cette situation, bien évidemment. Nous nous bornerons à dire que l'usage d'une pétition en interne semble, en soi, être un signe positif. Quoiqu'il en soit, l'occasion est  ici donnée de répéter qu'il sera nécessaire à cette religion de s'adapter un jour aux nécessités de souveraineté de l'Etat français pour que celui-ci réintègre l'Alsace/Moselle dans l'unicité de la république : le concordat auquel ces trois départements sont encore soumis devra être aboli. L'Etat du Vatican devra finir par l'admettre. Mais aussi, concédons-le, l'Etat français devra lui aussi faire sa part du chemin en résignant la fonction honorifique d'un autre âge de  chanoine de Latran dont nombre de présidents de la république se sont laissés affubler...

Hélas, il faudra patienter jusqu'à l'après prince-président, dernier diacre du Souverain Pontife !

J.P. C. 

 

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