lundi 14 décembre 2020

LE POUVOIR AUTORITAIRE EN ROUTE VERS LA DICTATURE (1)

Éditorial. Dictature « légale » ?

Une question tragique se pose désormais : le gouvernement est-il un ennemi de nos libertés publiques ? Après les lois sur la sécurité globale et sur le « séparatisme », le ministère de l’Intérieur vient d’utiliser l’un de ces procédés qui nous rappellent des heures sombres de notre histoire. L’affaire est passée inaperçue, vendredi 4 décembre, comme si tout avait été mis en œuvre pour qu’un nouveau joug s’abatte sur nous loin des regards, perdu dans le flux des annonces du Journal officiel. Trois décrets viennent d’apparaître, imposés sans débat. Ils aggravent encore les capacités de flicage des citoyens.

Attention danger ! Sous couvert de lutte antiterroriste, ces décrets autorisent dorénavant de ficher les personnes en fonction de leurs opinions politiques, de leurs convictions philosophiques et religieuses ou de leur appartenance syndicale. Jusque-là, les activités politiques, religieuses ou syndicales pouvaient être fichées. Maintenant, les seules « opinions » suffisent pour alimenter les officines de la police. En clair, les services pourront recueillir des informations sur l’opinion des personnes surveillées, leurs pseudonymes ou des données de santé, le tout pour des finalités si élargies qu’elles dépassent largement le cadre de la sécurité publique. Être suspect pour certains actes était une chose ; le devenir pour ce que nous pensons en est une autre. Que devient dès lors la liberté de conscience, pilier de notre République laïque ?

Sarkozy en avait rêvé, en 2008, avec son fichier de police Edvige. Macron et Darmanin le réalisent ! Ainsi la dérive sécuritaire du pouvoir actuel semble ne plus avoir de bornes. Mais qu’entendent-ils donc faire des nouveaux fichés ? Que risquons-nous, dans cette préfiguration d’un futur aliénant ? Car ces fichiers ouvrent la voie à la possibilité du pire. Imaginez, en effet, que ces dispositifs soient au service d’extrémistes plus identifiables encore. N’importe qui se ­retrouverait fiché, traqué, au cœur d’une dictature « légale »…

 

(1)  Peu d'organes de presse 'se sont fait l'écho' de ces dernières dispositions, comme on dit dans le milieu politiquement correct... Quant aux plateaux télé, c'est le silence assourdissant, bien sûr. Et pourtant, certains prennent encore le temps de parcourir le J.O., malgré son "flux d'annonces".

Pour ceux qui maîtrisent encore la langue, il y a une belle différence entre 'activité' et 'opinion'. Le pas est franchi désormais ! Le pouvoir semble ne plus vouloir s'encombrer de décisions sous forme d'ordonnances qui - bien que succédanés de lois - restent tout de même soumises au contrôle du parlement, où sa majorité de godillots vote pourtant, encore soumise, ses textes contestables, pire, illégitimes, avec facilité.  Désormais, il commence à légiférer par... décrets gouvernementaux - et pas sur n'importe quel sujet : celui de la liberté de conscience !...

... Etape suivante, le recours à la délation ? Oui décidément, cela nous "rappelle des heures sombres de notre histoire", le régime de Vichy !

J.P. C. 

 


 

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