samedi 19 décembre 2020

"LE MESSAGE DONNE PAR LA JUSTICE EST INQUIETANT, DANGEREUX", SE PLAINT, JUSTEMENT, LA VICTIME D'UNE FAUTE PROCEDURALE AU BENEFICE D'UN NEONAZI.

Cyberharcèlement d’une journaliste par des néonazis: le fiasco judiciaire

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Condamné en première instance pour avoir partagé un article qualifiant la journaliste Julie Hainaut, entre autres insultes racistes et sexistes, de « pute à nègres », un néonazi a été relaxé ce jeudi 17 décembre pour une erreur de procédure.

 

Condamné en première instance à six mois de prison avec sursis et 5 000 euros de dommages et intérêts pour avoir partagé un article raciste et sexiste visant la journaliste Julie Hainaut, qualifiée entre autres de « pute à nègres féministe », « hyène terroriste », « traînée », Sylvain C. a été relaxé ce 17 décembre en appel pour une erreur de procédure commise lors de l’instruction. Le « partage » de l’article incriminé relevant d’un réquisitoire supplétif – comme l’instruction n’avait pas réussi à trouver l’auteur de l’article, elle s’est rabattue sur le fait que Sylvain C. avait partagé l’article sans prendre garde aux délais de prescription largement dépassés, note le jugement consulté par Mediapart.

« Nous avions déjà dénoncé la manière dont avait été menée l’instruction, aujourd’hui nous sommes indignés de cette faute procédurale qui n’est imputable qu’à l’institution judiciaire et qui laisse dans le désarroi une victime de cyberharcèlement », tempête Éric Morain, l’avocat de Julie Hainaut.

« Je suis en colère, affirme de son côté la jeune journaliste, épuisée par trois ans de procédure. Le message donné par la justice est inquiétant, dangereux. Ce que je retiens de ces trois ans de combat, c’est l’impuissance de l’État et de la justice à se saisir de cette question essentielle. » Pour elle, « le cyberharcèlement invisibilise et réduit au silence. La décision de la cour d’appel valide cela. Et en relaxant un homme dangereux, elle me met en danger. Elle met en danger la société. C’est absurde, sidérant, violent. »

Le prévenu et son avocat n’étaient pas présents au tribunal pour entendre le jugement. Au regard de l’audience qui s’était tenue le 24 novembre dernier, cette relaxe apparaît effectivement comme un incroyable fiasco judiciaire, alors que le gouvernement affirme vouloir faire de la lutte contre le cyberharcèlement une priorité.


Médiapart

 

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