Syndicaliste
engagé qui avait pris la défense des Gilets jaunes face au
gouvernement, Alexandre Langlois annonce sa volonté de quitter la
police nationale.
Dans un courrier, il explique l'inadéquation de son engagement avec la police actuelle.
«Je
quitte la Police nationale pour les mêmes raisons que j’y suis entré :
la défense des libertés individuelles et de l’intérêt général».
Telle est la conclusion – lapidaire – de la lettre envoyée par Alexandre Langlois au ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
Ma demande de rupture conventionnelle envoyée au Ministre de l'Intérieur, Monsieur Gérald #Darmanin ce matin.
Le combat pour une police républicaine au service du peuple va continuer, mais sans la crainte des sanctions disciplinaires et sans avoir à porter le même uniforme que ces "policiers" qui tabassent, blessent, mutilent ou tuent des innocents.
La police est nécessaire pour garantir les libertés individuelles et le vivre ensemble.
Vivement que cela redevienne le cas.
Courage à tous mes collègues qui exercent leurs fonctions dignement.
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Malansac, 27 novembre 2020
Monsieur le Ministre,
Lorsque
je me suis engagé dans la Police nationale, j’avais à l’esprit deux
maximes de Jean-Jacques Rousseau : « Il n’y a que la force de l’État qui
fasse la liberté de ses membres » et d’autre part « que seule
l’obéissance à la loi que l’on s’est prescrite est liberté ».
Or
aujourd’hui, je constate qu’il n’est plus question pour le peuple
d’obéir aux lois auxquelles il a lui-même consenti et que le rôle de sa
police n’est plus de protéger ses libertés, mais plutôt de toutes les
annihiler, comme le ferait le plus vil des oppresseurs.
Qu’est devenue la Police nationale depuis 2014, elle qui se devait d’être la garante des libertés ?
Ne mérite-t-elle pas mieux que d’appliquer à la lettre des lois de plus en plus liberticides et autoritaires ?
En
pareille situation, peut-on encore parler d’une police républicaine ou
ne s’agit-il plus que d’une milice au service de votre autoritarisme ?
Mon
engagement dans la Police nationale ne peut plus se maintenir dans un
tel régime sans aucun espoir de réforme telles que vos prises de
position récentes le laissent présager.
De
surcroît, votre ministère, est pourtant celui qui distribue le plus de
sanctions disciplinaires contre ses personnels, se fait beaucoup moins
strict contre les policiers qui tabassent, mutilent ou tuent des
innocents comme Madame Zineb #REDOUAN, Monsieur Steeve #CANICO ou Monsieur Cédric #CHOUVIAT,
tandis que les policiers qui, au contraire, dénoncent ces dérives et
dysfonctionnements, se font durement réprimander au motif qu’ils ne
respecteraient pas la loyauté envers leur hiérarchie ou porteraient
atteinte au renom de la Police nationale !
Tel n’est pas le comportement que la population attend de ses responsables politiques.
Suite
à la mort de Malik OUSSEKINE le 6 décembre 1986, Monsieur Charles
PASQUA, alors Ministre de l’intérieur, non seulement présenta ses
excuses en personne à la famille, mais, de surcroît, prit la décision de
dissoudre les voltigeurs.
Depuis
le début de ce quinquennat, c’est l’inverse qui est pratiqué : on nie
les faits, on ne présente jamais d’excuses et… on recrée les voltigeurs
que l’on rebaptise BRAV-M !
Les
policiers sont depuis lors au service d’un Président de la République
qui les utilise pour réprimer avec violence tout mouvement social
contestataire tels que les Gilets jaunes, mais également les
infirmières, les pompiers, les médecins, les avocats au lieu de leur
permettre de manifester leurs revendications de manière encadrée et
sécurisée.
Depuis la crise #COVID19, les policiers sont désormais exclusivement affectés au contrôle social et non plus au respect du Code pénal.
Les décrets et arrêtés préfectoraux les plus incohérents et absurdes ont remplacé les lois autrefois votées par nos Assemblées.
Nous
contrôlons des attestations de déplacement et veillons au bon respect
des distanciations sociales pour lutter contre l’épidémie. Or, si tel
était réellement le but de notre action, c’est le personnel hospitalier
qui aurait dû avoir des renforts, et on parlerait plutôt de
distanciation sanitaire.
Au
lieu de cela, on nous détourne de nos vraies missions, qui sont de
poursuivre les délinquants et les criminels, et d'assurer la paix et la
sécurité de nos concitoyens.
Le 26 novembre 2020, Monsieur David #PERROTIN, journaliste à #LOOPSIDER,
présentait la vidéo d’un homme littéralement passé à tabac par trois
policiers entrés par effraction sur son lieu de travail et en dehors de
toute commission rogatoire.
Sur
la vidéo surveillance des locaux, on peut notamment entendre les
policiers le traiter de « sale nègre » avant de braquer une arme contre
lui en présence d’autres personnes dont l’une serait mineure.
Cet
évènement honteux, tout autant que les réactions du ministère qui
s’ensuivirent, ont renforcé ma conviction de mettre fin à mes fonctions.
Tout
autant que les réactions habituelles de mes collègues, dont un délégué
du Syndicat UNITE-SGP-FORCE OUVRIERE, organisation que vous recevez
régulièrement, a pu dire dans une émission de télévision que « BAMBOULA
c’est encore à peu près convenable » sans subir la moindre sanction ou
autre forme de poursuite de la part du ministère.
La seule défense tenable, bien que fantaisiste du Préfet de police Monsieur Didier #LALLEMENT,
à propos de l’interpellation susmentionnée, a ainsi été de dire qu’il
n’était « pas au courant », alors même qu’il y a eu un appel de renfort,
une sortie d’armes et un tir de grenade dans un lieu clos. Mais
qu’attendre d’un Préfet de Police, qui a obtenu sa promotion de Bordeaux
à Paris en couvrant déjà des exactions de policiers par des mensonges
dans l’affaire Olivier #BEZIADE
et à qui vous renouvelez encore votre confiance, malgré qu’il « ne soit
pas dans le même camp » que la population ou qu’il ordonne une
évacuation brutale de la Place de la République encore récemment.
Votre
tweet hypocrite a fini de sceller ma décision : « Je me félicite que
l’IGPN ait été saisie par la Justice dès mardi, je demande au Préfet de
Police de suspendre à titre conservatoire les policiers concernés. Je
souhaite que la procédure disciplinaire puisse être conduite dans les
plus brefs délais ».
Hypocrite, lorsque l’on sait que par l’effet de la loi sécurité globale (#PPLSecuriteGlobale)
que vous défendez bec et ongles par la propagande et le mensonge, cette
victime aurait fini en prison et ses tortionnaires médaillés ou encore
primés.
Oui,
vous mentez Monsieur le Ministre lorsque vous prétextez vouloir
protéger les policiers en prévoyant un an d’emprisonnement pour
diffusion d’image de policiers identifiables, quand les textes existants
sur le harcèlement et les menaces prévoient déjà des sanctions deux à
cinq fois plus importantes, mais qui ne sont dans les faits jamais
appliquées.
Appliquons ce qui existe plutôt que de brader la sécurité physique et mentale des policiers pour des éléments de communication.
Quand
des collègues CRS reçurent des menaces de mort à leur domicile par
courrier, était-ce dû à la diffusion de leur image ? Non ! Mais à la
publication par votre Ministère de leur prénom, nom et affectation au
Journal Officiel.
Est-ce qu’une quelconque mesure a été prise depuis ? La réponse est encore une fois non.
Vous osez dorénavant instrumentaliser le drame de l’assassinat de nos deux collègues de MAGNANVILLE par un terroriste.
Pourtant,
ont-ils été assassinés chez eux suite à la diffusion de leur image ?
Une énième fois non, mais suite à l’absence de sécurisation des données
des ressources humaines, qui se baladaient sur une clé USB non sécurisée
par le ministère de l’Intérieur et transmise à un syndicat de police.
Des mesures ont-elles été prises depuis ? La réponse est encore une fois et toujours négative.
Si vous aviez un tant soit peu de respect pour les femmes et les hommes qui portent l’uniforme, comme moi, vous démissionneriez.
Dois-je encore vous rappeler que la première cause de mortalité des policiers en fonction est le suicide ?
Depuis l’élection d’Emmanuel #MACRON, c’est quelque 150 vies sacrifiées.
Était-ce
à cause de la divulgation de leur image ? Je ne le crois pas, mais
suppute plutôt un management délétère, des injonctions paradoxales, une
politique du chiffre, la perte de sens de notre métier et de la
fonction…
Des mesures ont-elles été prises ? Pas vraiment, mis à part deux numéros verts et des barbecues « conviviaux ».
Enfin,
faut-il rappeler que le ministère de l’Intérieur ne respecte pas même
les décisions de justice le condamnant pour, en ce qui me concerne
personnellement, le refus d’exécuter malgré quatre demandes le jugement
du Tribunal administratif de Versailles n°1505355 le reconnaissant
coupable de discrimination syndicale.
Pire,
la discrimination a depuis lors repris de plus belle et j’ai été
arbitrairement désarmé, sans contrôle de la médecine statutaire et mes
notes de renseignements ne sont plus transmises, et ce sans
justification.
Depuis
ma première demande de rupture en juillet 2020, mon dossier aurait dû
être traité au plus tard en septembre. Mais même pour cela, le Ministère
ne s’estime pas contraint de respecter la loi et les délais, ce qui
engendre encore un préjudice à mon encontre.
A
moins que ce ne soit dans l’objectif de me sanctionner une nouvelle
fois arbitrairement et d’éviter ainsi de me payer les indemnités légales
?
Pour l’ensemble de ces raisons, je sollicite, Monsieur le Ministre, ma rupture conventionnelle dans les meilleurs délais.
Je quitte un métier que j’aimais, car vous avez fini de dénaturer la noble mission pour laquelle je m’étais engagé.
Je
quitte la Police nationale pour les mêmes raisons que j’y suis entré :
la défense des libertés individuelles et de l’intérêt général.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de mes salutations républicaines.
Alexandre LANGLOIS
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