Manon Aubry :
MARADONA, LA FIERTÉ DU PEUPLE
Si sa vie avait été une série Netflix, on n'y aurait pas cru, tant le scénario aurait été rocambolesque. Celui qui était à la fois, sanguin, provocateur, rebelle mais surtout l’un des plus grands génies du football, s’en est allé. Le “ gamin en or” aura hypnotisé des générations entières de supporters avec un jeu imprévisible et enflammé. Au lendemain de sa mort, c'est l'émotion. Celle des pleurs argentins et napolitains. Celle d’un certain football qui s’en va, emporté par le numéro 10 du peuple.
Certains d'entre vous n'aiment peut-être pas le foot (et je suis sûre que vous êtes nombreux à aimer le ballon rond ). Je comprends qu'on subisse ce sport tant il est intrusif, envahissant . Qu'on en ait assez que cela occulte toutes les autres actus. Mais c'est aussi ça, le pouvoir du foot : réussir parfois à nous faire oublier tout le reste, à mettre les divisions de côté le temps pour tout un peuple de partager un moment d'émotion.
Le football mondialisé, fer de lance du sport marchand, incarne plus que jamais les dérives du capitalisme, de notre société patriarcale et discriminatoire. Nos divisions professionnelles se nomment “Ligue 1 Conforama” et “Domino's ligue 2”. Mais finalement, marque de pizza ou de mobilier, ce qui compte pour moi, c'est l'amour du sport. Et voir son équipe gagner. Comme tous les supporters.
Cela n'empêche pas l'esprit critique, bienvenu et même indispensable.
Le supporter en est doté. Il sait que pour un Mbappé adulé il y en a des milliers qui subissent quotidiennement les injustices sociales. Il sait qu'une coupe du monde ne règle pas les problèmes dans notre pays, même si on le lui rabâche sans cesse. Certains croiront à la fable, d'autres pas, comme tout le monde, supporter ou pas.
Nous savons tous que les défauts de la société sont exacerbés dans ce sport. Cela n'empêche pas de vibrer sur un but ou de verser une larme quand les supporters de Bollaert entament les corons. Car le foot c’est avant tout cela, un sport d’émotion, un sport populaire, “ créé par le pauvre, volé par le riche “.
C'est la cause qu'il faut combattre et non pas ceux qui en subissent les conséquences. Maradona l’a fait toute sa carrière, en dénonçant des instances du football, impérialistes et corrompues. En n’oubliant jamais d'où il venait, lui qui déclarait avoir “grandi dans une résidence privée... Privée d'eau, d'électricité et de téléphone". Lui, le petit, qui s’est toujours battu contre les grands, battu pour le peuple, battu contre l'impérialisme, jusqu’à se tatouer le visage du Che sur le corps.
Si des milliers de supporters et de supportrices aujourd'hui te pleurent Diego, c’est que tu resteras pour toujours un héros populaire, dépassant de loin le cadre du sport.
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