mercredi 18 novembre 2020

CE QUI RESTE DU P.S. N'EN FINIT PAS DE SE DISCREDITER (1)

Présidentielle 2022 : Au Parti socialiste, Olivier Faure sous pression en vue de 2022

GAUCHE Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, doit bientôt clarifier la feuille de route pour 2022

Laure Cometti

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Olivier Faure lors de l'université d'été du PS à Blois, le 29 août 2020.
Olivier Faure lors de l'université d'été du PS à Blois, le 29 août 2020. — ISA HARSIN/SIPA
  • A gauche, les Verts et les Insoumis ont déjà posé les jalons de leur campagne présidentielle. Les premiers organiseront une primaire à l’été 2021, les seconds ont lancé la candidature de leur patron Jean-Luc Mélenchon avec une campagne de parrainages citoyens.
  • Sous pression face aux multiples prises de position dans son camp, le premier secrétaire du PS Olivier Faure prône le rassemblement à gauche. Il a également reporté le congrès prévu en décembre, à cause du contexte sanitaire.
  • Dans les rangs socialistes, certains s’impatientent et veulent lancer la campagne du PS, mais le patron temporise.

Le parti à la rose prend son temps. Alors qu’à gauche, les Verts et les Insoumis ont déjà fixé leur feuille de route pour l'élection présidentielle de 2022, le parti socialiste temporise. Va-t-il organiser une primaire ouverte, inscrite dans ses statuts, comme en 2017 ? Maintiendra-t-il sa stratégie du rassemblement à gauche, et avec qui ? A ce stade, rien n’est encore acté, et certains socialistes s’impatientent et s’emportent contre la direction d’Olivier Faure. Le premier secrétaire du PS doit faire des annonces mardi 24 novembre, lors d’un conseil national du parti.

Des ambitions dans les starting-blocks

A gauche pourtant, certaines formations déroulent déjà leur feuille de route. Les Verts ont programmé leur primaire à l’été 2021. Côté insoumis, Jean-Luc Mélenchon a lancé sa candidature par une campagne de parrainages citoyens. Mais chez les socialistes, aucun calendrier n’a pour l’instant été fixé, et le congrès prévu en décembre a été reporté sine die, contexte sanitaire oblige. En parallèle, les initiatives ou les prises de position se multiplient à gauche, accroissant la pression sur le premier secrétaire du parti.

François Hollande critique régulièrement, en creux, la stratégie d’union de la gauche prônée par Olivier Faure. Dans un entretien au Parisien le 13 novembre dernier, l’ancien président socialiste indique même qu’il souhaite « travailler à la construction d’une nouvelle force politique ». Ce mardi, l’ex-candidat à la présidentielle Benoît Hamon, invité de RTL, a envisagé une candidature unique derrière la France insoumise. L’ancien numéro 1 du PS, Jean-Christophe Cambadélis, ne «se sent pas hors-jeu pour 2022» et organise une nouvelle conférence de presse ce jeudi, à la tête de son réseau créé en septembre, Nouvelle Société. Pendant ce temps, l’ancien ministre du redressement productif Arnaud Montebourg poursuit sa tournée de dédicaces et de plateaux télé pour la promo de son dernier livre.

Un retard à l’allumage ?

Les ambitions semblent donc attisées par la perspective de 2022. Mais au siège du parti, la préparation de la campagne n’a officiellement pas commencé. « Tous les autres partis ne sont pas fin prêts, mais ils ont au moins avancé, pas nous », s’inquiète Philippe Doucet, membre du conseil national, qui soutient Hélène Geoffroy pour prendre la tête du parti face à Olivier Faure. A la direction, on assure qu’Olivier Faure va très bientôt préciser les choses, lors d’une réunion du conseil national le 24 novembre. « La ligne du parti et sa feuille de route seront présentées », prévient son entourage.

Pour Julien Dray, temporiser n’est pas forcément un handicap dans la course à l’Elysée. D’autant que la question de la candidature est loin d’être tranchée. « Je pense qu’il faut se laisser un peu de temps sur la question de la primaire, et ne pas se lier les mains avec une formule de désignation », dit le conseiller régional d’Ile-de-France, membre du bureau national du parti. « Il n’y aura pas de procédure de désignation, mais plutôt un candidat qui s’impose naturellement », penche un autre membre du conseil national. « Un parti ne peut pas fonctionner comme ça, il faut une procédure », souffle Philippe Doucet. « Imaginons qu’Anne Hidalgo ne veuille finalement pas se lancer, on ferait comment ? », s’interroge-t-il, citant la maire de Paris, l’une des présidentiables socialistes.

Construire d’abord un projet présidentiel

Quant à la stratégie pour construire l’union à gauche, elle est aussi en débat. La plupart des cadres socialistes interrogés par 20 Minutes estiment qu’une alliance avec les Verts est préférable, comme Olivier Faure. Mais ils excluent la possibilité que le PS s’efface derrière un candidat écolo et reprochent un retard dans la construction d’un programme présidentiel. « Il faut que dans l’opinion publique, le PS soit identifié à un projet, avec des propositions. C’est sur cette base qu’on peut ensuite dialoguer avec les autres formations », souligne Julien Dray.

Sur ce point, le PS va poser des jalons dès le mois de décembre, en organisant un meeting (virtuel) consacré à la laïcité et le séparatisme. Une occasion Pour Olivier Faure de formuler la doctrine du PS et des contre-propositions au projet de loi gouvernemental qui sera présenté en Conseil des ministres le 9 décembre. En s’emparant de ces sujets régaliens, le PS souhaite aussi se démarquer des Verts et des Insoumis. « Les écolos ne sont pas crédibles sur ces sujets », tacle un membre du conseil national.

 

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